J’ai été à l’école des imbéciles. Je m’étais majestueusement planté au test d’aptitudes pour être reçu à l’école des prodiges. Les experts m’avaient assuré qu’il ne fallait pas me sentir dévalorisé ni frustré : Qu’il y avait un avenir qui se dessinait pour moi aussi et que le monde des adultes comptait un grand nombre d’imbéciles parfaitement heureux. Je n’ai jamais pu devenir un premier de classe ni un élève modèle. Une relative timidité entravait quelque peu l’expression de ma nigauderie et bridait le développement de mon complexe de supériorité. Il m’a donc fallu rester de nombreuses fois en retenue après les cours pour travailler en particulier sur ce point. Pour rattraper un léger retard sur la norme, j’avais engagé un répétiteur à domicile chargé de m’aguerrir dans mes prédispositions à ne pas faire mes devoirs. Je m’étais aussi assuré les services d’un assistant personnel dans l’imitation de la signature de mes parents dans mon carnet hebdomadaire de mauvaises notes .
Jamais un seul de nos professeurs ne s’était fait porter pâle parce que soudainement tombé en dépression nerveuse. C’était parce que l’Instruction Publique avait renoncé à mettre toute la pression sur leurs épaules en leur fixant des objectifs inatteignables. Nos instituteurs étaient généralement assez rustres et déconneurs et nous laissaient libres d’être aussi studieux et attentifs que possible. Nous profitions quand même un peu de notre présence pour nous instruire, lorsque notre quota de zizanie quotidienne avait pu être semé aux quatre vents.
Nous étudiions assidument l’histoire de la connerie humaine. Une matière chargée d’inspirations pouvant faire référence dans l’exercice de nos futures balourdises. Nous apprenions tout de l’art de faire des mauvais calculs. Nous nous initiions à la pratique de la mauvaise foi. Nous imprégnions des mécanismes subtils de l’hypocrisie. Décortiquions avec soin chaque chapitre du guide spirituel à l’usage du ballot cabochard. Étendions notre savoir-faire entendre notre son de cloche à qui ne voudrait pas l’entendre.
Même pendant la récréation, nous ne perdions pas notre temps à ne pas nous comporter comme des imbéciles. Nous nous y mesurions dans des joutes stupides pour acquérir la maîtrise de mauvaises manières brutales et y affûtions nos habiletés à exercer un chantage sur les plus demeurés.
J’ai terminé ma scolarité obligatoire avec bon niveau d’instruction. Et il me restait encore toute une vie devant moi pour me perfectionner si je devais ambitionner de devenir un grand imbécile réputé et chevronné. La meilleure filière pour obtenir un diplôme postgrade était alors d’étendre et de de consolider en autodidacte le panel d’expériences de ma bêtise sur le terrain. L’Instruction Publique ayant fermé l’université des imbéciles faute d’inscriptions et de crédit, en faveur de la fondation d’une toute nouvelle école des crétins.
Je venais très récemment de voir et de revoir quelques épisodes de Creepshow et des Contes de la Crypte. (Il s’agit de séries de courts-métrages inspirés ou dérivés de grimoires de l’effroi et de bandes dessinées d’épouvante)
Mais à eux seuls, les tourments provoqués alors en moi par cette procession de visions d’horreur agrémentés de voix sépulcrales, n’expliquent pas toute la noirceur de l’encre qui s’est répandue sur cet article basé sur de sinistres mémoires …
C’est dans la foulée, encore transi de frissons glaçants comme une nuit d’automne sans petite laine, que j’en avais profité pour reconsidérer le cadre de ma condition de mortel en sursis. Que je m’étais rappelé l’imprévisibilité d’une faucheuse réputée coutumière des coups de tête et qui serait bien mal inspirée d’anticiper l’heure de notre rendez-vous ! A qui d’ailleurs je refuserais mordicus sans négociation préalable, d’apposer ma signature sur son reçu. En particulier, si l’intention première serait de me retirer de la circulation en un seul et unique épisode !
Je m’étais alors résolu à m’occuper en priorité de certains préparatifs allant dans ce sens. Histoire que le jour venu, il ne puisse pas y avoir un os quelque part. J’étais déterminé à m’offrir une visite préventive à la boutique de mode et d’accessoires macabres. Pour me livrer à un essayage de costumes de fantôme et pour secouer un large choix de modèles de chaines en acier. Sans oublier de faire ensuite un crochet par l’agence de voyages post mortem, pour me laisser conseiller une activité fantomale motivante et pour jeter un coup d’œil à leurs catalogues de destinations funestes et de sites glauques à hanter.
Mais en route pour les quartiers lugubres, voilà qu’un binôme de smombies s’en vient contrecarrer mes plans ! Ceci sans même sacrifier une miette de leurs attentions respectives sur leurs petits écrans tactiles rêveurs ! Oubliant d’orienter une seule orbite de bon sens sur les dangers potentiels de la circulation urbaine ! Voilà qu’à mon approche, ce duo de piétonniers suicidaires surgit d’un pas rapide de derrière l’angle mort d’un autobus à l’arrêt, pour venir se jeter sur la chaussée et dans son trafic, leurs doigts et leurs nez soudés à leurs microcosmes rétroéclairés !
N’ayant jamais encore à ce jour été embauché en qualité de sous-traitant fatal par la moissonneuse à capuche, c’est en grande partie grâce à des disques de freins chauffés au rouge comme des braises de l’enfer que ces deux ectoplasmes kamikazes n’ont pas été ratatinés sous mes roues comme de la compote de pruneaux …
Les mobile-addicts imprudents ont viré au vert pâle en réalisant qu’ils venaient de passer à deux doigts d’une déconnexion brutale et d’une rupture mortifère d’avec tous leurs contacts. Et ils sont devenus transparents, au moment de leur pleine conscience quant à une annulation à la toute dernière seconde d’un rendez-vous prématuré avec la Dame en noir dans leur indifférence au monde réel. Quant à moi, je suis passé à deux doigts de mourirde peur avant qu’un réflexe de survie nous préserve de tout trépas. Si à ce moment-là, j’avais fait partie de leur espèce et que j’avais moi aussi eu mon attention détournée, c’était le carnage !
Alors, c’est blême comme une aspirine que j’ai jugé préférable de retourner me réfugier au fond de ma caverne. Et que j’ai une fois de plus remis à un autre jour, les réservations et l’acquisition des fournitures destinées à optimiser mon futur d’esprit frappeur.
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Commentaires :
Suite à plusieurs échecs consécutifs à de nombreuses tentatives au fil du temps de dessiner un smombie, me voici enfin satisfait ! Dire qu’il a fallu que je passe à deux doigts d’en écraser deux spécimens encore à moitié vivants pour que j’en arrive à mes fins ! Comme quoi dans la vie il ne faut jamais rien lâcher; hormis peut-être son smartphone !
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Je recommande l’excellent film documentaire The Social Dilemma (Derrière nos écrans de fumée) sorti en 2020, qui se base sur des témoignages de personnes ayant participé à la naissance, au financement et à l’élaboration des divers réseaux sociaux avec au départ plein de petits “j’aime” et de “like” dans les yeux et de pognon dans les poches. Avant de devoir en constater les côtés sombres, d’en mesurer les effets pervers et de cracher dans la bonne soupe qui s’est refroidie…
Il était grand temps de faire une petite mise à jour de ce graphisme amusant que j’avais trouvé sur internet et qui n’allait à l’origine pas encore au-delà des années 2010. Car je crois qu’il est désormais assez clair pour à peu près tout le monde, qu’en 2020, Karen et Facebook se sont pris une giga-pâtée en matière d’expertises diverses et variées, que ce soit sur réseau social ou dans des conférences de presse.
Pour bien faire, il faudrait encore associer sur l’échelle des décennies, les courbes de quantité et de qualité des divers rapports d’analyses et conclusions présentées par ces différents experts. Ceci dans le but de réduire le nombre d’éventuelles interprétations qui iraient dans le sens qu’en fin de compte, les choses ne font que de se bonifier avec le temps.
C’est en occident, en l’an de disgrâce 2020, que se déroula la plus dramatique crise du carton que le monde dit moderne ait été amené à affronter.
Pour rappel, cette année-là, on apprenait que la filière du recyclage du carton était en grande difficulté car son business modèle de base ne rapportait plus une thune par tonne. Et comme une mauvaise nouvelle ne surgit jamais seule au carrefour de la rue des Soucis et celle du boulevard des Emmerdements, une subite et forte demande de carton sur le marché mondial, menaçait d’en faire s’écrouler le cours à un niveau encore jamais atteint ! Une frange non négligeable de la population pétrifiée d’effroi à l’idée d’avoir à se passer de cette matière vitale, par instinct de conservation, se précipita en grand nombre sur tous les produits qui pouvaient en contenir. La demande en carton était alors telle, que des foules paniquées achetaient tout article encore disponible pouvant incorporer un fragment de ce matériau. Ceci même si le précieux devait être emballé dans des kilomètres de papier et s’il fallait, pour assurer sa survie, aller jusqu’à en acquérir des quantités de grossistes.
Ce n’est pas suite à un pressentiment portant sur l’imminence du déclenchement d’une crise que pour ma part j’avais accumulé un impressionnant stock de cette substance là en particulier. C’était dans l’unique but d’un jour mener à bien un vague projet de scultureutilitaire susceptible d’égayer ma salle de bains. Il s’agissait de meubler un grand vide à proximité du trône de céramique, d’une pièce d’ornement pouvant apporter un peu d’originalité et de couleurs dans une salle d’eau un peu terne et pragmatique.
A cette époque, il n’était pas rare de pouvoir apprécier une nature morte accrochée dans une cuisine, un tableaupanoramique envahissant le mur d’un salon, une photographie encadrée paradant au-dessus d’une cheminée, mais on ne rencontrait alors que trop rarement de sculture originale destinée à s’imposer dans l’espace d’un petit coin.
Cette pièce de cartonnage était ici en cours de réalisation. Il s’agissait encore d’en rigidifier la structure pour qu’elle soit en mesure de tenir plusieursdécennies. A ce moment là, le développement de ce projet était malheureusement freiné par une pénurie de certaines matières de base nécessaires, comme par exemple plusieurs nuances de peinture. Au niveau du carton j’étais couvert : j’en possédais encore en réserve un vingt-quatre pack à peine entamé..
Je ne sais pas si tout redeviendra fatalement exactement comme avant quand nous serons sortis de cette merde (la pandémie) ou si nous tenterons de réinventer une société en choisissant une voie qui nous écarterait de cette dictature (du pognon) , de son cortège de dérives et de déficiences.
Qui sait pour ma part, j’ouvrirai peut-être une boutique chic de vente au détail d’une gamme de produits de première nécessité qui connait un franc succès !
Et vous pourrez passer me voir à la boutique si vous êtes au bout du rouleau et je vous conseillerai des motifs, des textures, des coloris et des parfums rassurants …
Lorsque Monsieur Capitaliste avait rencontré Madame Démocratie, ça avait été un coup de foudre réciproque !
Monsieur Capitaliste avait un caractère dominant. Il pouvait facilement se montrer assez égoïste, arrogant voire sauvage. Entre deux affaires un peu louches, il s’était mis en quête d’un mariage bien arrangé. Dans un premier temps, il avait rencontré Madame Anarchie. Mais plus encore que lui-même, elle ne voulait en faire qu’à sa tête. Puis il avait décroché un rencart avec Madame Monarchie. Mais elle ne rêvait que d’un beau prince au grand cœur qui pour ses beaux yeux, mettrait toutes ses grandes ambitions de côté. Il n’avait pas été séduit lors d’un speed dating en compagnie de Madame Bureaucratie : Monsieur Capitaliste avait pour credo de ne jamais avoir à y aller par quatre parchemins. Quand Madame Dictature, à l’occasion d’un bal masqué lui avait fait du charme, il ne s’était pas laissé corrompre. Même si dans un premier temps il avait hésité, car son offre lui avait paru plus qu’alléchante.
Malgré ses tentatives infructueuses, il n’abandonna pas son rêve de vivre le bonheur de fonder une ploutocratie florissante et prospère.
Quand Monsieur Capitaliste s’était épris de Madame Démocratie, elle se montrait bienveillante, compréhensive et équitable. Durant les premières décennies de leur union, il avait su se montrer très prévenant, respectueux et courtois avec elle. Madame Démocratie paraissait radieuse et l’harmonie qui se dégageait de ce couple, faisait la joie de tout le peuple.
Puis un jour, on a appris que leur relation n’était plus au beau fixe. Monsieur Capitaliste s’entêtait à vouloir tirer de plus en plus de profit personnel du caractère malléable et arrangeant de Madame Démocratie. De son côté, elle ne perdait pas l’espoir que son insatiable époux en revienne naturellement à des aspirations plus raisonnables. Plusieurs fois, elle lui avait tendu la main, espérant qu’il y dépose un baiser comme il le fît, lors de leur première rencontre. Mais au lieu de cela, le boulimique avait continué de lui manger le bras…
Des rumeurs prétendent que Monsieur Capitaliste aurait récemment été aperçu dans des soirées libertines en train de fricoter avec une certaine Madame Oligarchie !
Aux dernières nouvelles, Monsieur Capitaliste et Madame Démocratie ne font plus bon ménage. Ils ont tenté plusieurs thérapies de couple qui n’ont pas abouti à leur réconciliation. Quelque chose me dit qu’un de ces jours prochain, ils finiront par divorcer.
Juste un petit rappel pour tous ceux qui sont concernés : N’oubliez pas de verser l’intégralité de la somme convenue en toute sécurité. Parce que mine de rien, aujourd’hui on est déjà le 30 décembre et que la trêve des fêtes de Noël, ça ne peut durer qu’un temps. Mais comme c’est la toute dernière livraison de l’année, il est recommandé de fêter ça !
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Il s'agit bien évidement ici d'un simple gag qui n'est
destiné ni aux âmes sensibles ni aux personnes facilement
offusquées par toutes formes de sarcasme. Il ne se base même
pas sur une expérience personnelle douloureuse.
Dire que de nos jours, on devrait toujours prendre des
pincettes stérilisées après avoir enfilé des gants à usage
unique sur des mains savamment désinfectées avant d'oser
administrer la moindre petite piquouse intramusculaire
d'extrait de vitamines...
Ce matin je suis tombé sur un retweet qui m’a fait sourire. Un américain y déclarait en gros, que la pire invention “de-tous-les-temps*” était la garantie de livraison le jour même : Qu’un simple clic de l’internaute qui devait en venir à manquer par exemple de déodorant ou autre article de consommation courante, déclenchait une véritable machine de Rube Goldberg de souffrances dans un dépôt Amazon situé à au moins 350 kilomètres de là.
Cette remarque pertinente et bien ficelée m’a ensuite rappelé cet article de presse qui m’avait consterné et qui relayait les déclarations d’un employé repenti de cette célèbre enseigne : Qu’il arrivait trop souvent que des semi-remorques sortaient de leurs entrepôts, chargés d’un nombre ridicule de colis, simplement pour que l’engagement futile de cette fameuse livraison rapide puisse être respecté…
A mon avis, la garantie de livraison ultra-rapide n’a pas en priorité été inventée pour tempérer les trépidations de l’internaute impatient mais pour chiper par tous les moyens chaque part de marché possible au commerce de proximité, qui lui, parvient parfois encore à livrer la commande plus écologiquement et dans l’heure, à la condition que l’internaute demandeur parvienne encore à s’extraire de son canapé et/ou de s’extirper de derrière son écran pour aller se dégourdir utilement les jambes.
Comme elle s’y intègre facilement, la séquence de réflexions ci-dessus m’a rappelé une idée de petit délire que j’avais noté il y a quelques semaines. J’y envisageais de changer de prénom, le mien étant passé de mode depuis le Crétacé et que lorsque il précède SunOf, je trouve que ça le fait moyen. Je voulais porter mon choix sur un blaze court, facilement prononçable par tous dans toute la galaxie. Je n’ai pas fait mille recherches de propositions mais j’ai assez vite retenu « Jeff ». D’abord parce que l’acteur qui incarne mon super-héros favori de-tous-les-temps* dans « the Big Lebovski » se prénomme Jeff et aussi parce qu’il en est de même d’un autre acteur, à qui il arrive de sauver le monde ou d’affronter des dinosaures en fugue en restant super-décontracté et toujours sympathique. Et puis « Jeff » c’est le diminutif de Jeffrey qui peut se traduire en français par « j’effraie ». Ça fait un peu peur quand même, donc c’est intéressant. Alors que j’en étais provisoirement resté à ce choix, c’est le lendemain en repensant à cette idée que j’ai réalisé que le patron de l’entreprise mentionnée dans le premier et le deuxième paragraphe de cet article, porte également ce prénom là. Et comme lui me ferait à priori plutôt penser à celui qui pour devenir le maître du mooooonde, serait capable sur simple clic de livrer un tapis neuf le jour même au « dude » ou qui n’hésiterait pas à écraser comme une mouche le Dr Brundle sous une avalanche de paquets, j’ai décidé que jusqu’à nouvel ordre, je conserverais mon prénom obsolète d’origine et réévaluerais ma réelle nécessité de commander en ligne des choses qui n’ont pas la moindre urgence.
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*Mots à la mode en ce moment : “de-tous-les-temps” (2x) et “sociétal” qu’il faudra bien aussi placer un jour ou l’autre…
Avez-vous déjà écouté le bon vieux sketch de Fernand Renaud qui parle du douanier qui n’aimait pas les étrangers ? Parce qu’il répétait sans cesse qu’ils venaient tous manger le pain des français ?
Alors écoutez et/ou regardez :
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Eh bien, vous n’allez peut-être pas le croire, mais à cette époque de mondialisation galopante et de tendance à l’ouverture des frontières, j’ai récemment à plusieurs reprises fait la rencontre, d’un sinistre gabelou qui aurait à mon avis aujourd’hui encore, tout à fait pu fertiliser l’inspiration de Monsieur Fernand !
Pour commencer, plantons un décor pour éclairer les lecteurs qui ne le connaitraient pas déjà :
A savoir que je n’attends pas d’un garde-frontière qu’il soit en possession d’un diplôme de la Sorbone confirmé par 10 années d’expérience en terrain instable ! Je n’avais d’ailleurs jusqu’ici, jamais eu à me plaindre d’un incident notable avec l’un ou l’autre d’entre eux. J’avoue toutefois nettement préférer en toutes circonstances, de tenter ma chance d’éviter d’avoir à être confronté à tout préposé biberonné au pur concentré d’andouille. Je me sens aussi l’heureux détenteur de l’information confirmée que le prestige de l’uniforme ne recouvre pas forcément les meilleurs critères de qualité humaine…
A savoir également que je réside actuellement en Suisse romande dans une zone frontalière avec la France. Un nombre conséquent de frontaliers traversent sans encombres la frontière pour venir travailler en Suisse et nombreux aussi, sont mes compatriotes qui vont faire des courses en France voisine. Chacun semble finalement un peu y trouver son compte. Et avant les événements que je décris ici, je m’y rendais moi aussi, au rythme moyen d’environ une visite par semaine.
La Suisse ne fait pas partie de l’Union Européenne, mais elle a conclu des accords bilatéraux avec l’UE et applique la libre circulation des personnes. Des différences de système fiscal et de taux de taxation entre ces deux espaces économiques font aussi qu’il existe certaines limitations strictes aux importations de marchandises vers la Suisse.
C’est pourquoi dans les postes de douane, depuis l’époque de la création de l’UE, le plus souvent des gardes-frontières suisses sont présents pour vous demander si vous avez quelque chose à déclarer à votre entrée sur le territoire. Souvent également, personne ne vous soumet côté français à un contrôle systématique lors de votre entrée en France.
Voilà en gros et en résumé, ce qui concernait le décor à planter !
Depuis quelques temps, j’avais soudain très régulièrement eu à faire à un douanier français exagérément suspicieux et désespéramment chiantissime. Lors d’une bonne moitié de mes tentatives d’entrée en France, lorsqu’il était de service (quand il ne l’était pas, je ne lui connaissais d’ailleurs pas de relève) ce dernier s’était mis bille en tête de me suspecter de manière étrangement insistante de venir déposer mes sacs d’ordures ménagères en France ! Et c’est ensuite devant les vitres à l’arrière de mon véhicule, qu’il se mettait curieusement à danser en quête d’une potentielle poubelle transfrontalière .
Tout au début de sa campagne pour moi d’un genre tout à fait inédit, je m’en étais même un peu amusé en me disant que leur niveau d’alerte Vigipoubelles avait récemment dû monter d’un cran ou deux. Et en indécrottable idéaliste, je me suis mis en tête, à maintes reprises et de plusieurs manières différentes de lui faire comprendre que je venais “tout simplement” pour ne rien faire d’autre que quelques courses et qu’en fin de compte, je m’apprêtais à importer des déchets en devenir, plutôt que d’y en exporter. Que dans mon pays de résidence, les bonnes déchetteries ne manquent pas et que les points de recyclage sont nombreux et très bien organisés ! Qu’en tant qu’être humain, j’étais animé d’une profonde conscience écologique et qu’avant que ses dégradantes suppositions à mon égard ne soient en mesure de tendre à m’exaspérer, il ne me m’était même jamais venu à l’idée de sauvagement abandonner mes poubelles dans sa région. Et que cette philosophie de vie n’allait pas changer de sitôt. Que si mon pays disposait d’une longue réputation mondiale de grande propreté, je ne pouvais pas croire une seconde que c’était en grande partie du au fait que la plupart de mes compatriotes se débarrassaient volontiers de leurs détritus dans des décharges sauvages situées hors frontières !
Pour moi, d’un point de vue purement “clichesque“, c’était un peu comme si d’un jour à l’autre mes compatriotes douaniers suspecteraient chaque frontalier français à leur passage en douane, d’être des brigands en puissance ! L’un de ceux capables de débarquer sur notre territoire dans le but de braquer à l’explosif ou au semi-remorque, l’un de nos nombreux distributeurs automatiques de billets de banque ou pour une sortie “by night” entre amis pour percer à jour l’un de nos jolis fourgons de transports de fonds insuffisamment blindés.
Que de mon point de vue c’était quand même un peu de sa part, comparable à mettre beaucoup trop d’asticots dans le même panier de crabes…
Mais en monologuant inutilement dans un vide intersidéral dépourvu d’écho, je voyais bien qu’au fond du regard inexpressif du péager en question, beaucoup trop de petites lumières s’allumaient toutes en même temps !
D’une semaine à l’autre à chaque fois, cette sentinelle obtuse nous avait oubliés, moi et mes déclarations de bonnes intentions. Aucune évolution positive sensible n’était mesurable dans l’exercice de sa mission. Je me suis dit que devais certainement avoir à faire à un genre de comique de répétition.
Bien sûr, aujourd’hui presque partout en Suisse, une taxe de base est perçue à l’achat de nos sacs à ordures officiels et je ne prétends pas pouvoir exclure qu’il existe bel et bien des helvètes assez mal-embouchés pour se permettre d’aller détaxer leurs ordures ménagères en pays voisin et ami. Ceci juste pour lamentablement se soustraire à un principe équitable de pollueur-payeur et pour au passage aller indirectement désorienter du planton en mal d’indélicatesse.
Mais voilà, mon concept révolutionnaire et insistant de « juste pour faire quelques courses sans intention aucune d’exportation de déchets » ne semblait pas prendre racine ni même être tout à fait à sa portée ! Visiblement et c’était un comble, cet agent très spécial, n’avait pas été doté de la faculté de comprendre et d’imprimer ce que justement, j’avais à lui déclarer ! Le fait qu’en même temps son action dissuasive cumulée risquait à terme d’influencer défavorablement le chiffre d’affaires de certains de ses compatriotes du coin ne l’avait vraisemblablement pas encore effleuré. Bien sûr je me suis posé quelques questions de base à son sujet : Visiblement dans sa bonne cinquantaine, ça ne devait pas être un problème d’expérience professionnelle ni du à une simple lacune dans sa formation continue. Il y avait autre chose ! Un détail qui me faisait un peu penser à Monsieur Fernand !
Après quelques confrontations successives avec les suspicions infamantes de cet obscur garde-barrière, j’ai progressivement commencé à trouver son idée fixe me concernant, bien plus que juste saumâtre.
Je ne voyais pas pourquoi je devrais accepter à vie comme ça sans réagir d’être serial-suspecté d’être un vil contrebandier d’ordures ménagères ! Si à la rigueur pour panacher un peu, il aurait pu avoir l’éclair de fantaisie de m’accuser à tort de vouloir passer en douce une ou deux caisses d’armes de naguère ou de frauder deux ou trois sachets de “farine revigorante“, j’aurais pu trouver cela un tant soit peu professionnel voire flatteur ! Mais alors là à force, cet hurluberlu officiel n’avait réussi que de petit à petit me foutre en rogne !!!
J’en ai tiré la conclusion que si ce funeste douanier se permettait de s’octroyer une fois par semaine un droit de me suspecter d’être un « vil contrebandier d’ordures ménagères » je pouvais dès lors tout aussi bien me sentir en droit à mon tour et une fois pour toutes de le suspecter d’être « le douanier le plus con de l’hexagone !!! »
En d’autres temps, suite à ce genre de désagréments inutiles, j’aurais probablement réservé un séjour d’une semaine de thalassothérapie pour contrôler mes envies d’aller retendre une à une toutes les coutures de l’uniforme de ce fantoche empoisonneur et aurais en sus, pris un rendez-vous d’urgence pour une séance d’acuponcture locale pour me contraindre à boucler ma grande gueule le plus longtemps possible … Mais ça c’était avant !
Et c’est à ce moment là que j’ai décidé de passer plus sérieusement à l’action…
L’opération Helmut
Le plan d’action de l’opération « Helmut » était assez ambitieux ! Au départ il était conforme au dessin ci-dessus. Pour le mettre en œuvre, j’aurais dû me mettre en quête d’un sponsor et engager un chauffeur complice au bénéfice d’un permis poids lourds. Ensuite j’aurais dû corrompre un haut-fonctionnaire de la voirie afin de lui emprunter un «garbage truck» pour effectuer une course spéciale durant une heure ou deux. Ce type de véhicule se faisant de plus en plus rare sous nos latitudes, j’aurais probablement même du aller faire le tour des musées.
La phase de préparation de l’opération « Helmut » m’aurait fait perdre un temps précieux. De plus il aurait également fallu faire appel à un consultant juridique pour qu’elle se déroule dans un cadre strictement légal. Mais une terrible épidémie d’ulcères menaçait de se répandre comme un trainée de mauvaise poudre dans toute la région et il fallait faire vite en agissant avec les moyens du bord !
Infrastructure et équipement
Pour l’opération « Helmut » je disposais en tout temps de deux véhicules :
La SunMobile
La SunGonette
La SunMobile était une berline monovolume peu discrète de couleur bleue métallisée. C’était uniquement dans le but d’optimiser le volume de chargement à l’arrière que je l’ai délestée de ses banquettes. Chose pratique pour par exemple, transporter une pioche et une pelle. Ce sont des outils indispensables, en admettant qu’il devait un jour me venir à l’idée d’aller me débarrasser, ou pire enfouir, mon compost en contrée voisine. Elle offrait en outre, une vaste boîte à gants, idéale pour y ranger une cagoule, des mitaines antibactériennes ainsi qu’un imposant pulvérisateur de désodorisant.
La SunGonette était un fourgon multi-fonctions de couleur blanc clair. L’outil idéal du professionnel souhaitant en toute efficacité se confondre dans le trafic. Cet utilitaire aurait de préférence été mis à contribution dans les cas où il me serait curieusementvenu à l’idée par exemple, d’exporter en zone tricolore, sans pour autant devoir renoncer à un minimum de confort, une kyrielle de barils de produits toxiques. En outre à l’arrière, je pourrais aussi en tout temps installer un SunPlumard. Des fois qu’une mouche devait soudain me piquer de l’idée saugrenue de vouloir court-circuiter un circuit ordinaire et bien ancré : En me refusant d’importer, pour ensuite réexporter les mêmes déchets en organisant des séjours “All Inclusive On Site ” et donc directement “full hors taxe au sac” à l’étranger.
Opération Helmut phase #1
De par sa profession, ce veilleur zélé d’un autre temps devait sans doute être porteur de la notion de montée en grade. Mon ambition dès lors était de me démarquer de la catégorie « présumé exportateur de détritus » d’entrée de gamme ! Pour gonfler mon degré de « louchitude » et décrocher mon admission dans la classe supérieure de soupçonnables, je me devais d’activer une partie inexploitée du cortex préfrontal du vigilant zigue. Il me fallait non plus tenter d’agir sur la mémoire à court terme du sujet, mais m’inscrire en délinquant du vide-orduresà haut potentiel dans sa mémoire à long terme. Il devait dès lors et à chacun de mes passages, même si visiblement il n’était pas physionomiste, instantanément pouvoir se souvenir de moi ! Ceci sans avoir à aller consulter le grand registre des trafiquants d’immondices dans sa guérite.
A cette période-là, je bricolais l’aménagement de la SunGonette.
N’étant pas locataire d’un SunGarage, c’est la SunMobile qui me servait
de dépôt pour des outils et du matériel.
Je n’ai de ce ne fait pas eu à faire appel à un décorateur de cinéma pour mettre en en scène un modeste mais crédible dépotoir à l’arrière de la SunMobile, avant de me lancer dans l’aventure d’un nouveau franchissement de la ligne de démarcation.
Le chargementde la phase #1
le gros carton vide du frigo-minibar tout neuf de la SunGonette *
le sac en papier contenant quelques chutes d’isolant en laine de pierre *
Un sac poubelle ouvert et rempli au ¼ de sa capacité contenant ce que j’avais balayé dans la SunGonette suite à une séance de bricolage *
A la dernière minute, j’ai dû renoncer à exporter un sachet en plastique transparent contenant des épluchures de carottes * dont la mise en évidence sur le siège passager aurait pu troubler l’esprit l’analyse du guetteur. Je me devais de limiter au strict minimum le nombre d’accessoires susceptibles de porter préjudice à mon innocence.
* A noter que seuls les déchets ménagers en sacs sont taxés, pour le reste il y a la déchetterie officielle.
Expérience sur le terrain#1
Les réactions du cornichon en faction n’ont pas déçu mes meilleurs pronostics. La vision du gros carton vide à l’arrière de la SunMobile lui a exorbité les pupilles et extrait les deux paluches des poches. J’avais donc cette fois emporté assez de grain à moudre pour sortir tout poireau apathique de la plus barbante des routines.
Séquence d’événements marquants de la phase #1
Sa fouille en règle de mon chargement hautement suspect.
Mon explication qu’en ce moment je bricolais un aménagement de fourgonnette, que je souhaitais conserver le carton, que la laine de pierre n’est pas à jeter et que le sac était encore loin d’avoir pleinement rendu service.
Sa décision indiscutable de ne pas me laisser entrer sur le territoire « juste pour faire quelques courses »
Sa grande générosité de me faire cadeau des 150 Euros d’amende qu’il aurait pu s’il avait été dans un mauvais jour me facturer pour pareille “infraction“.
Mon vif témoignage de désappointement souligné d’un regard noir animé de rafales d’éclairs électriques.
J’ai donc obtempéré en faisant demi-tour, mais cette fois-ci, en étant certain de m’être démarqué du commun des exportateurs de poubelles et satisfait, d’avoir à mon tour pu être le plus chiant des “touristes“.
A noter pour la petite histoire que je suis finalement quand même allé faire mes courses à l’endroit prévu en sélectionnant un poste de douane alternatif, nettement plus pacifique et que plusieurs semaines après le déroulement de la phase #1 de l’opération, le chargement décrit ci-dessus n’a toujours pas été déchargé nulle part sur la surface de la planète.
J’ai conclu au moment du débriefing de cette phase #1 de l’opération Helmut, qu’elle pouvait être couronnée d’un franc succès.
A suivre …
A la fin de cette histoire, je révélerai la localisation
exacte du poste de douane où vous pourrez vous aussi et
à volonté aller vous laisser bassiner par ce fonctionnaire
en mal d'intuition et de courtoisie.
Je l'ai d'ailleurs personnellement et de vive voix informé
lors de mon dernier passage qu'il allait à la perfection
incarner son rôle central dans cette histoire, même si
à mon humble avis, il ne gagnait pas à être connu.
( Il m'a même proposé du papier pour écrire... )
Au fond je crois que ça ne lui a pas trop plu, mais là
c'est un peu à mon tour de me contrefoutre de
tout ce qu'il pourrait bien en penser !
A part ça, depuis que j'ai entrepris d'écrire ce récit,
je n'ai plus du tout les boules ! Et ça n'a même pas
coûté une blinde en honoraires de consultations.
Mais je vais quand même encore m'accorder une petite
journée "wellness"pour assurer le coup...
Il y a quelques années de cela, j’avais été mandaté pour une intervention de dépannage dans une installation toute neuve de type « escape room »
Il s’agit d’un jeu d’évasion non virtuel composé d’un petit nombre de pièces physiques dans lesquelles on est enfermés par petits groupes de participants. Le but est de résoudre ensemble une séquence d’énigmes souvent basées sur le sens de l’observation. Elles permettent la progression de la tribu en direction de la pièce suivante puis conduit vers l’ouverture de la porte de sortie libératrice. Un maître de jeu installé dans un local attenant, suit la progression « des prisonniers volontaires » par vidéo-surveillance et ce dernier peut, si nécessaire, fournir des indices supplémentaires permettant de débloquer les captifs et ainsi éviter qu’ils finissent tous comme des squelettes abandonnés au fond d’une oubliette. Il s’agit ici par exemple d’une activité dite de « team building » ou pour une fois, d’une « pas si » simple sortie entre amis.
Je n’avais jamais encore entendu parler de ce type d’installations. L’initiateur de ce projet avait écrit le scénario, conçu les énigmes, avait patiemment construit et très talentueusement décoré les deux salles que constituaient ce jeu. Esthétiquement c’était vraiment très réussi, un peu dans le style “steam punk“. Mais l’installation électronique une fois installée, elle aussi bricolée par une tierce personne vivant à plusieurs milliers de kilomètres du lieu d’installation final pour une question de budget, ne fonctionnait pas du tout et les schémas électriques officiels étaient inexistants. Il s’agissait d’un décorum inspiré de l’intérieur d’un sous-marin, mais de toute évidence « ilprenait encore l’eau de toutes parts ». Nous avons donc dû chercher à comprendre et reconstituer le schéma du tout, étudier les technologies utilisées, en remplacer certaines, explorer comprendre et modifier le logiciel. Un câblage conséquent courait de la console de contrôle située dans la pièce du maître de jeu aux deux salles du submersible, vers les différents leviers, boutons poussoirs, capteurs, bidules audiovisuels et RFID, éclairages etc… Une belle brochette d’énigmes là-aussi ! Ce n’était pas un sous-marin à taille humaine, mais plutôt une énorme galère ! ( Et quand même aussi une belle farce ) En ramant jusqu’à la mise au point finale, je me suis arraché des touffes de cheveux, ai froissé plusieurs milliers de mes précieux nerfs fragiles, ai proféré des centaines de vilains jurons libérateurs au beau milieu de la nuit, avant d’un beau jour pouvoir me tirer positivement de ce défi, non sans jubiler d’une très intense satisfaction d’accomplissement !
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Aujourd’hui, en suivant les actualités de ce monde au quotidien, je pars du principe que nous nous trouvons tous enfermés à ciel ouvert sur une sorte d’ « escape planet ». Qu’il y a un très grand nombre d’énigmes à y résoudre ensemble pour espérer nous en sortir durablement. Certains équipiers sont incapables de trouver un accord avec d’autres et ne parviennent qu’à se disputer sur quels leviers il sera judicieux d’agir en priorité tout en coinçant sur lesquels toute forme d’action ne saurait leur convenir. Certains préfèrent se profiler en frimeurs, en compétiteurs, en pirates, en spéculateurs, en flambeurs, en vandales irrespectueux, en égoïstes désinvoltes et inflexibles ou en champions hypocrites pendant que d’autres bloquent ou ralentissent toute évolution favorable au groupe par ignorance, par manque de compétences ou de conviction. Certains n’aiment tout simplement pas résoudre des énigmes ou se sentent impuissants ou découragés face à de tels défis. Certains sont simplement trop cons pour comprendre les règles du jeu et refusent de l’admettre. D’autres se prennent un peu trop facilement pour le maître du jeu. D’autres encore, jugent préférable de chercher à s’en sortir en abandonnant derrière eux certains membres qu’ils préfèrent rejeter. Et certains surtout, ont vraiment grand besoin de participer à un séminaire de «team building » …
– [Voix de synthèse + bande son musique + répétition en boucle] Bonjour ! Vous êtes en communication avec les services du feu ! Cet appel pourra être enregistré pour des raisons de contrôle qualité ! Pour commander un pin’s de la société, tapez “1″ … Pour vous inscrire à notre newsletter ou vous abonner à notre magazine mensuel, tapez “2″ … Pour précommander notre calendrier spécial sapeurs-apollons en uniforme d’Adam , tapez “3″ … Pour contracter un abonnement “priorité et efficacité – abo premiumde luxe“, tapez “4″… Pour nous annoncer un sinistre, tapez “hashtag + 118 + étoile”, mais sans taper les 2 + …
– [appelant qui tape #118* et patiente … environ ………. 10 minutes ……….]
– Oui bonsoir ! Les services du feu vous remercient de votre patience ! Que pouvons-nous faire pour votre service ?
-Venez viiiite ! Il y a le feu partout !
– Un petit instant cher client ! Avez vous en priorité mis tout le monde en sécurité par vos propres moyens ? Si c’est déjà le cas, êtes-vous prêt à vous soumettre à un petit questionnaire ?…
– Mais… Monsieur !!! Il s’agit d’une urgence !!!
-Ouiiii nous en avons d’ailleurs été informés il y a un certain temps déjà. Ça sentait aussi le roussi aux alentours de notre caserne et nous nous sommes dès lors activement préparés à devoir partir en intervention à tout instant. Mais voyez-vous, nous sommes un corps de sapeurs-pompiers démocratiqued’élite. Et comme le stipule clairement notre procédure : Avant que tous nos soldats du feu ne se précipitent toutes sirènes hurlantes sur un sinistre, nos gradés doivent se réunir en séance de crise, en compagnie de tous les spécialistes disponibles : Afin de procéder à une analyse empirique des données relatives à la situation qui prévaut sur le terrain. Les temps où il suffisait de nous lancer un petit coup de fil pour nous ordonner : “Vite ! Faites quelque chose !!!” sont révolus !
-Non mais sérieusement… tout va flamber, on n’a plus vraiment le loisir de papoter là !!!
-Popopopo, calmez-vous cher Monsieur ! Nos consommateurs sont toujours tellement pressés ! Nous ne déployons nos grandes échelles que dans les cas où une majorité des hommes ont voté en faveur de la nécessité d’un déploiement… Mais en attendant, avez-vous bien vidé tous les extincteurs à disposition dans votre périmètre ? Et pouvez vous attester d’une couverture d’assurance incendie suffisante ? Si je me permets de vous demander ces choses là, c’est parce que la pression dont nous disposons dans nos lances à incendie est inversement proportionnelle à celle que nous mettent les différents lobbies actifs sur ce marché… Et même nous, nous ne pouvons désormais plus nous permettre de jouer avec le feu !
-Mais bon sang !!! … Il ne restera plus que braises et cendres quand vous débarquerez !
-Je vous avoue Monsieur, qu’il est toujours préférable de se préparer au pire dans pareilles situations ! De plus il faut savoir que la décision de refaire le plein des citernes de nos véhicules lourds est actuellement suspendue : Cette période est assez peu propice au niveau des coûts pour un réapprovisionnement. C’est à cause de l’offre et de la demande : Une prolifération d’incendies ferait chuter le prix de l’eau à la pompe et aux hydranthes. C’est une perspective qui pourrait s’avérer profitable en terme de rentabilité future dans notre business !
-Et si je vous annonce que je suis l’un des actionnaires principaux de votre société et que si vous ne vous magnez pas immédiatement le cul pour intervenir, vous et votre escouade de “pétouilleurs” allez vous aussi, très vite avoir très chaud aux fesses ???
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Un très vieux dessin (sans volonté de discrimination
bien entendu) recyclé pour l'occasion.
Parce que j'ai vraiment trop la flemme d'en faire
un nouveau pour le moment.
[Note]
A la lecture de ce texte, le @ devrait en principe
être un"erobase" et se prononcer "i" comme le "e"
de e-mail. Le # quant à lui peut se prononcer
hashtag mais ça en compliquera la compréhension...
Il était une fois une@-princesse qui rêvait qu’un beau jour, un merveilleux @-prince-charmantlui fasse parvenir une @-déclaration d’#amour avec en pièces-jointes, son portfolio de photographies récentes non-photoshopées, son #pedigree officiel garanti sans #mensonge, son dossier répertoriant l’essentiel de ses goûts et de ses préférences, une #infographie portant sur son encombrement et ses mensurations, le manifeste de son régime alimentaire, son Curriculum-Vitae avec références, un extrait de solvabilité récent ainsi qu’un #certificat médical actualisé et complet .
Espérant rapidement pouvoir concrétiser son #rêve d’être heureuse et d’avoir beaucoup d’enfants princiers, elle se serait inscrite sur plusieurs sites de #jeux-en-ligne. Et c’est là, qu’elle se serait enfermée au sommet d’un @-donjon défendu par un @dragon-à-sept-têtes. Qu’elle aurait été faire semblant de dormir au milieu des ruines d’un @-château difficile d’accès, envahi par de la #végétation. Qu’elle se serait intéressée à des sites de #lap-dance et de #lambada et qu’elle y aurait abandonné plusieurs #espadrilles sur les douze coups de #minuit. Qu’elle aurait en toute innocence été se #promener dans une @-forêt-enchantée, avec au bras un petit panier et son #petit-pot-de-beure , avec l’#intention, faute de mieux, d’y rencontrer un @-loup-solitaire en chaleur, assez glouton pour au besoin bouffer toute crue une @-grand-milf.
Mais la malheureuse @-princesse ne tombait que sur des @-fake-prince, des @-maîtres-du-contact-sans-contact ainsi que sur quelques @-rois-charmeurs en chasse d’une #relation-extraconjugale.
Faute de résultats et perdant patience , elle s’était inscrite sur un site de @-rencontres.com. Elle avait consciencieusement répondu un à un à tous les points du @-questionnaire précis indispensable à son #inscription et optimisé pour #booster ses chances de #succès. Elle avait bien coché toutes les @-cases-à-options, avait passé commande et payé d’avance sur @-RaquePal, un @-forfait pour une sélection de 10 @-princes-charmants correspondant pile-poil à ses #critères et étant #dispo pour le meilleur et jusqu’au pire, pour une @-durée-contractuelle fixée au moment de la signature de la #convention.
Malheureusement pour elle, les serveurs du site de @-rencontres.com sur lequel elle venait de s’#inscrire avaient surchauffé durant la procédure d’examen et de croisement des #informations-de-profils de ses nombreux #adhérents. Avant même de parvenir à finaliser le #miracle d’extraire une @-sélection de 10 @-candidats prometteurs, les serveurs avaient été détruits par une incendie et toutes les #données-utilisateurs récentes avaient été perdues. Les #paramètres relatifs à l’inscription de notre @-princesse avaient disparus sans laisser de #traces.
A cet instant de son #existence, notre @-princesse malchanceuse en #amour, avait réalisé qu’elle ne serait de cette manière, pas prête de croiser la route d’un @-prince-charmant qui répondrait à #100% de ses désirs et qui tomberait son #genou-sur-le-pavé, dans des #délais raisonnables. Au lieu de cela, c’est elle qui était tombée en #dépression (ou en #burn-out) et qui était allé consulter le site d’un @-coach-de-vie réputé. Aux dernières nouvelles, ce dernier lui aurait conseillé de tourner une #sextape avec un #sexfriend puis de la publier sur @-Myskills.com et en parallèle de s’inscrire sans tarder dans la catégorie #premium sur le site @-myHappy-end.com…
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[Note] Pas de #commentaires réfléchis à ajouter pour le moment
J’ai appris qu’il y aurait des centaines de milliers de terriens qui seraient partants pour rejoindre une expédition destinée à s’introduire en masse et de force dans la zone 51. (Le 20 septembre 2019)
C’est une zone d’une surface d’environ 155 km2 avec base secrète/discrète située à un peu plus de cent bornes au Nord-Ouest de Las Vegas. C’est là que le gouvernement étasunien (qui se verrait volontiers grand à nouveau) abriterait des preuves de l’existence de.. / retiendraitprisonnières des.. / disséquerait des .. créatures extra-terrestres. Parmi celles-ci, on compterait les malheureuses victimes d’un crash de soucoupe volante en 1947 à Roswell. Des entités tombées des étoiles, aux corps entièrement recouverts d’écailles grisâtres, empêchées par tous les moyens depuis la date de leur arrivée en lounge de transit, de téléphoner à la maison pour appeler une dépanneuse.
Cette expédition a été annoncée deux mois à l’avance. il ne s’agit donc plus vraiment d’un raid surprise. Ça laissera le temps nécessaire aux responsables de la base d’organiser une journée portes ouvertes avec visites guidées, après avoir évacué le matériel sensible, organisé pour les pensionnaires une excursion de terrain hors périmètre et remplacé le personnel habituel par des temporaires, des étudiants en marketing formés à la vente de souvenirs, de produits dérivés et pour distribuer quelques échantillons gratuit de jetons pour jouer à la roulette.
Ma curiosité me pousserait volontiers à me joindre à ce groupe d’investigateurs, par exemple pour une fois dans ma vie, pouvoir vivre intensément un lâcher de missionnaires de galaxie lointaine et aussi pour me laisser badigeonner la peur naturelle de l’inconnu de leur sagesse interstellaire.
Mais malgré le grand optimisme naturel dont j’ai été doté, je doute encore qu’on découvrira sur place quoi que ce soit, qui soit un jour tombé du ciel et qui ne soit pas d’origine terrestre.
Et je peine à croire que même il y a déjà plusieurs décénnies, des entités extra-terrestres intelligentes avancées et donc prudentes, auraient sélectionné en priorité les USA comme destination de rencontre avec l’humanité : Ce n’est pas parce qu’on exhibe volontiers un peu partout sa bannière étoilée, qu’on attirera plus facilement un peuple des étoiles dans sa région. Et aussi parce que le rêve américain n’est qu’une notion purement terrestre voire continentale et que, judicieusement informées par un bon guide touristique, elles ne se lanceraient pas aveuglément dans un survol de l’une des vastes étendues désertiques de leur territoire, à risquer un crash fortuit ou une collision frontale avec un missile.
Imaginez que ces visiteurs d’un autre monde débarquent en Amérique sans la moindre intention de faire un minimum de business, ni pour se porter acquéreurs d’un portefeuille d’actions à Wall Street. Qu’ils ne souhaitent pas une seconde créer une startup terrienne. Qu’ils soient allergiques aux défilés de militaires et à toute forme d’armement. Que l’usage intempestif du mot « fuck » les mette mal à l’aise ou détraque en partie leurs brillantes capacités cognitives. Qu’ils rejettent toute manifestation de brutalité physique et verbale y compris les grosses tapes viriles dans le dos. Que leur sensibilité politique pencherait plutôt à gauche et que, bien qu’ils nous aient été envoyés en paix, c’est par une fraternité de galaxies anticapitalistes, écologistes, socialistes et communistes !!!
Admettons pour terminer, que nos pèlerins spatiaux soient naturellement branchés humour pince-sans-rire et qu’à l’accueil, pensant pouvoir mieux sympathiser en décrispant l’atmosphère terrienne, la première chose qu’ils trouveraient marrant, c’est de reprocher, sans clin d’œil aux ambassadeurs des États hôtes de saloper l’espace, à envoyer juste pour la frime, comme ça sans demander l’avis de quiconque, un véhicule publicitaire routier inutile sur orbite aléatoire…
Cette mission pourrait alors déjà sur plans, se trouver être vouée à un échec certain.
Mais peut-être que je me trompe sur toute la ligne et de ce fait, n’étant en définitive sûr de rien du tout, j’ai quand même réalisé une plaquette signalétique aisément compréhensible par tous, à apposer en nombre et à intervalles réguliers, sur les grilles d’accès et sur les clôtures électrifiées de la zone 51. Mais faudra vous magner les tentacules : c’est dans l’intérêt de tous les mondes, que tout soit prêt le jour de cette fameuse journée portes ouvertes.
Pendant que je dispose encore d’un petit peu de mordant en rab, j’en profite pour enfin royalement me foutre de la gueule de l’enfant roi, ainsi que de l’ensemble de sa dynastie et de sa suite…
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Au début du projet de cet article, l’enfant roi caricaturé devait être représenté en entier. C’était toute la splendeur du petit dragon de la tête aux pieds, planté au milieu d’un décor somptueux, ou rien. Ceci au tout début de son règne, c’est-à-dire bien avant qu’à sa majorité, il ne soit adoubé Abruti 1er par le chef de sa garde rapprochée et à l’unanimité par ses vassaux.
Il devait être assis sur un grand Trône-Pot-de-Chambre en contreplaqué chêne bicentenaire et faux marbre de Carrare, incrusté de moult verroteries imitation opale et tourmaline.
L’oppressif leader installé sur son royal séant, devait tenir d’une poigne de fer, un impressionnant sceptre à tête de cochon en pleurs.
Dans son autre main, il devait maintenir fermement au bout d’une laisse en cuir de rhinocéros, une mère agenouillée à même le sol en signe de totale soumission, les bras tendus dans la souveraine direction. Elle devait se tenir là, disposée à intercéder, en toute immédiateté à tous désirs même futiles, de l’infantile majesté. Qu’il doive tambouriner frénétiquement le sol de ses si jolis petits pieds magiques où exprimer une légère pointe de désappointement. A toute heure, elle devait pouvoir être intimée de se montrer plus prompte à bercer l’épatant roitelet, s’il devait être assailli le pauvre, de quelque crise hurlante et caractérielle.
Au pieds du tyran modèle-réduit héritier du trône, c’est au bout d’une chaine en acier que devait s’ auto-flageller un esclave paternel bâillonné, réduit à son entière domination. Ce géniteur devait être ganté de moufles de velours et entravé à chaque pied d’un boulet d’acier. Ce dernier pouvait également en tout temps être astreint au contage d’histoires pouvant aider l’adorable successeur de la dynastie à s’endormir .
On devait apercevoir sur la droite de la scène, le grand chancelier et frère ainé du précoce monarque suprême, affublé d’une épaisse armure se tenant prêt, depuis le jour du sacre et pour la bonne cause, à s’éclipser en direction des écuries pour se barrer en croisades, et en terres les plus lointaines possibles.
Sur la gauche de la scène, on aurait dû voir une servante portant sur un plateau d’argent, un biberon de faïence peint à la main et un hochet d’or blanc rempli de pierres précieuses.
Le grand Doudou, le plus proche conseiller du despote couronné, devait murmurer quelques recommandations stratégiques à l’oreille de son altesse, pouvant lui permettre de tirer plus d’avantages pour mieux tracer sa voie royale et de bénéficier de plus de privilèges dû à son rang ainsi qu’à consolider sa mainmise sur les destinées de son empire.
Le chat de la famille royale devait apparaître paniqué et accroché en haut des rideaux du berceau à baldaquins du divin guide en demi-portion et la salle du trône devait naturellement être jonchée de milliers de jouets.
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Même en étant prolifique, j’en aurais eu pour des semaines à dessiner tout ça ! Et je me suis dit que je n’allais tout de même pas me laisser terroriser et dicter mes petits délires par ce genre de graine d’emmerdeur en couches-culottes !
Que je serais plus inspiré de consacrer du temps à des mômes bien sympas pouvant attester d’une éducation ferme et de qualité et qui font beaucoup mieux que de rester assis sur des chiottes à poser pour la postérité…