Category Archives: Amerissages

Bienvenue sur mon Île ! [3]

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Lors d’un voyage dans un archipel paradisiaque, j’avais eu la chance de visiter une île inhabitée. Là bas, ce n’est pas ce qui manque, puisqu’il y en a mille. A savoir qu’elles sont menacées de disparition à cause de la montée des eaux provoquée par notre réchauffement climatique.

Depuis que je suis gamin, je n’en pince pas franchement pour les crabes et même si avec le temps ce n’est plus de l’ordre de la phobie comme au début, je reste toujours à distance respectable de ladite bestiole. Encore plus, lorsque je dois faire face à l’un de ces paniers qui en est rempli.

Cette île était belle et bien inhabitée, mais sur la plage de corail de rêve, un décapode solitaire s’offrait une baignade dans les vagues. Il disparaissait dans l’écume, puis réapparaissait un peu plus loin au moment de l’arrivée de la vague suivante. On aurait dit qu’il avait plaisir à me barrer l’accès d’un plongeon en toute sécurité dans les eaux turquoises. Qu’il cherchait à faire de moi son prisonnier, peut-être même sa proie…

C’est lui là, sur la photo ! Une créature de cauchemar avec des yeux terrifiants montés sur périscopes ! Et même pas appétissante, s’il devait s’agir de ma survie sur l’île…

Sur cette photo, on dirait que j’étais planté à pieds nus dans le sable à “deux ou trois pas” à peine du sujet, au risque de me faire happer et sectionner l’un ou l’autre de mes précieux orteils. En réalité, j’avais du abuser de la puissance de mon zoom et au vu du cadrage approximatif, avais en outre du opérer dans la panique et avec un timing serré ! Parce qu’à ce moment précis, ne l’oublions pas : ce monstre était en mouvement !

Évidement avec mes prédispositions, la présence de ce gardien des océans a quelque peu gâché mon plaisir de la découverte de l’endroit.

J’en profite malgré tout pour souhaiter une baignade agréable à tous ceux qui sont en vacances sur les plages !

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La seconde impression

L’autre jour, j’ai lu quelque part dans un extrait d’interview, qu’une actrice célèbre aurait déclaré qu’elle ne pouvait presque plus offrir de première impression. En gros, que ceux qui avaient déjà fait sa connaissance par écrans interposés, se seraient forgés une opinion quasi-définitive à son sujet.

Ma première impression de cet article a été qu’elle avait plutôt eu le fin nez de procéder à des tirs groupés de premières impressions, sans forcément avoir a y être confrontée en personne. Qu’ensuite les premières impressions réussies se sont naturellement regroupées en fans clubs ou en autant de terrains conquis. Qu’ainsi, un premier tri efficace à large échelle avait été effectué. Que tout cela à mon sens, avait toutes ses chances d’être un bon concept.

Suite à cette première analyse rapide, sa déclaration est allé garnir la pile des sujets de réflexion en attente.

Il y a eu cet autre jour où j’ai fait la découverte du poisson-spatule. Il était en suspension derrière un écran de verre et me fixait de son œil critique. Comme son nom le laisse supposer, cette espèce a été affublée entre ses yeux d’une longue spatule, qui mesure un bon tiers de sa longueur. Pour être honnête, ma première impression a été que c’était sans doute là, un poisson du vendredi. Non pas celui du jour où on serait tous éventuellement censés en consommer, mais celui du designer épuisé par la masse de travail accompli, se voyant tuer du temps sur un projet lambda en attendant son départ en week-end.

Serait-ce là le fruit d’une tentative de mutation qui aurait mal tourné ? Est-il un exemplaire unique dont la malformation aurait provoqué le rejet des siens ? Mais non, il s’agit bel et bien d’un modèle de série : Il y en a plein d’autres là-dedans et ils sont tous presque en tous points pareils !

Mais à quoi bon pourrait lui servir cette oblongue spatule ? Certainement pas d’écritoire ou de boîte à hameçons, cela parait évident. Une hypothèse plausible serait que cet outil proéminent lui serve à aller farfouiller dans une épaisse couche de vase, à la recherche de restes de granulés de nutriments ou pour y dénicher une âme sœur enfouie. Parce que de toute évidence, pour cette espèce en particulier, un bon repas en face à face ne promet pas que des sommets de romantisme.

C’est un coup d’œil sur la fiche technique du curieux spécimen qui m’apprend que son appendice nasal surdimensionné est bardé de haute technologie en matière de récepteurs sensoriels…

Et nous, qui avec le progrès, nous sommes habitués à cuisiner du poisson sans arêtes, sans œil, sans écailles, sans nageoires, qui ne colle pas dans la poêle, qu’on peut retourner facilement à l’aide d’une spatule profilée. Un ustensile basique dont on est soudain amené à découvrir que nous n’en sommes absolument pas à l’origine non plus !

C’est donc suite à ma seconde impression que je demande une fois de plus à dame nature de m’accorder son pardon et si possible, un supplément de largesses, pour l’avoir une fois de plus, un peu vite, suspectée de se livrer à des bricolages ridicules avec des pièces qui lui restaient sur les bras.

Voilà, aujourd’hui ce sujet est passé de la pile des sujets de réflexion en attente à celle des sujets à approfondir en attente. Un de ces jours, c’est décidé, je vais aussi prendre le temps de me pencher sur la fiche technique de cette fameuse actrice…

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Jour d’inauguration de mes nouvelles chaussettes

L’autre jour, un peu plus loin sur ce blog, c’était avec grande tristesse que j’avais publié le rapport d’autopsie de ma dernière paire de chaussettes.

Mais aujourd’hui, car la vie continue, c’est avec une joie immense que je publie un cliché de l’inauguration de ma nouvelle paire de chaussettes, toutes deux flambantes neuves et avec toutes leurs vies devant elles.

Et là, c’était un moment de grande émotion : C’était peu de temps avant leur toute première mise à l’eau.

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Un curieux ballet aquatique

Je ne voulais pas être un gros poisson

Qui barbote dans un nuage de plancton

Je voulais être une anguille qui serpente

Autour d’algues hautes et verdoyantes   

Je ne voulais pas qu’on soit trop serrés

Comme toutes ces sardines synchronisées

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Comme l’huitre je veux aussi m’enfermer

Pour polir une perle de nacre à volonté

Je voudrais me gorger comme une éponge

Élargir ma collection d’étoiles et de coquillages

Je veux frétiller dans tous les jardins de corail

Dormir sur le sable et me dorloter les écailles

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Hier, c'était laborieux mais aujourd'hui, c'était fluide... haha !

Le cérémonial du poisson bleu

On entend souvent dire que nous sommes incapables d’apprendre de notre histoire.

Pourtant pour ma part, je suis persuadé que mes différents ancêtres m’ont transmis un certain nombre d’informations importantes et vitales et qu’elles sont contenues dans les séquences de notre patrimoine ADN.

Appelez ça l’instinct si vous voulez. Moi, j’ai baptisé cette chaine de transmission, les tatouages génétiques.

Exemple : Lors d’un séjour en Asie du Sud-Est, alors que je me trouvais dans l’incapacité de décoder les propositions d’une carte de menus, j’ai délégué en toute confiance à un autochtone, le choix de composer mon repas. C’est ainsi que je me suis retrouvé perplexe, devant une assiette occupée par un poisson de couleur bleu-électrique couché sur son flanc gauche, sur son assortiment d’algues du terroir.

C’est à ce moment précis qu’un tatouage gravé dans mes gênes par un ancêtre prédateur marin ayant vécu il y a quelques centaines de millions d’années m’a alerté : Attention ! Un poiscaille de cette teinte et en particulier dans cette nuance-là ne présente pas l’aspect minimal requis en terme de comestibilité ! Il pourrait même être potentiellement mortel ! Ma survie ainsi que celle de ma future descendance dans cette biodiversité sans pitié pourrait à cet instant dépendre de ce premier coup de fourchette ! J’ai donc encore délégué aux convives attablés le soin de goûter les premiers, au produit de cette pèche suspecte. La chair de cette grosse truite de carnaval exotique était blanchâtre et donc plus appétissante. Mais c’est conformément à la directive historique, que je me suis gardé d’en ingurgiter la moindre écaille. Je ne disposais vraisemblablement pas encore comme les autochtones, des évolutions successives nécessaires à en consommer, sans avoir à subir ensuite, une interminable série de crampes d’estomac !

Un autre marqueur ancestral inséré dans mon code serait également à la source d’une ancienne et autrement inexplicable phobie des crabes : Un animal qui à ce jour ne m’a jamais pincé ni même menacé. Et pourtant, un fort réflexe défensif m’a toujours poussé à garder mes distances. Je n’ose pas imaginer ce qui a pu arriver à l’aïeul qui m’a transmis ce conseil alarmant: Il avait probablement du glisser par mégarde dans un grand panier de crabes et avait du y passer bien plus qu’un sale quart d’heure ! Brrr ! Terrifiant !

Il y a aussi dans mon catalogue de messages héréditaires, celui qui me recommande sous forme de clins d’œil depuis ma jeunesse, de me mettre en chasse d’une séduisante violoncelliste germanophone. Je suppose que mon arrière-arrière-+-grand-père était un mordu de musique classique et que, du côté de Düsseldorf, il était subitement tombé raide-dingue d’une virtuose de l’archet lors d’un concert philharmonique. Et puis qu’ensuite ils vécurent si heureux qu’il en ait souhaité m’en léguer l’intensité sous forme de suggestion explicite mise en évidence dans notre cryptogramme…

Mais voilà qu’étant tombé tout petit dans la marmite du rock n’roll, son coup de pouce n’a pas pu se concrétiser en ma faveur et que j’ai dès lors du en retransmettre l’inspiration aux suivants. Des fois que cette incitation influencerait favorablement le bonheur d’un proche ou lointain descendant !

Mais si d’aventure une manipulation de dernière minute du destin devait encore se réaliser dans ce sens, c’est avant de m’engager et afin d’éviter toutes formes de conflits pré-nuptiaux, que je commencerais par prendre connaissance de ses préférences en matière de poissons et de crustacés….

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Photo d’illustration , source internet

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Première mise à l’eau

Mes premières vacances à la mer ont failli être les dernières !

Alors que je barbotais sagement dans l’eau en jouant avec mon petit voilier gonflable, le fond marin, jusque-là en pente douce régulière s’est soudain dérobé sous mes pieds : Aujourd’hui encore, je ne sais pas par quel étrange phénomène. Comme je n’avais pas encore jugé utile de suivre le moindre cours de natation ni participé à aucun stage de gestion de la panique, j’ai coulé à pic en gesticulant. C’est une main miraculeuse venue de la surface qui m’a repêché avant que je boive la tasse de trop. C’était un nageur qui passait par là au bon moment : Un grand merci à ce sauveteur inconnu d’avoir pris la peine de considérablement prolonger nos vacances familiales ainsi que mon espérance de vie !

Je crois que c’est la même année, au même endroit, que j’avais développé une sévère phobie des crabes. Ceci même si je ne les ai pas une seule seconde suspectés de s’être entendus pour creuser ce piège au fond de la mer dans le but de faire de moi leur prochain repas de chair fraîche.

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La poisse du requin-scie

Ceci est un dessin de projet qui a fuité des archives du laboratoire de design de la création. Il s’agissait d’une étude de requin-scie à lames interchangeables. Un concept-animal qui n’a finalement jamais été produit en grande série, le département du marketing n’étant pas en mesure de lui prédire un avenir suffisamment prédateur pour être rentable. C’était donc le requin-marteau qui lui aura été préféré, malgré l’évidence d’une absence encore totale à l’époque, de clous à enfoncer sur le marché du désert économique des fonds marins.

En principe, vous ne risquez pas de rencontrer l’un des rares prototypes encore en circulation de cette espèce obsolète si vous êtes en vacances à proximité des plages. Mais pour assurer le coup quand même si vous tenez un tant soit peu à votre peau, allez-y mollo avec la crème solaire. ( Ok ça bousille les coraux mais en même temps, ça peut aussi attirer des requins-scie dans votre secteur)

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Poisson d’avril 2021

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Si on y regarde d’un peu plus près, tout semble toujours un petit peu à la base être une question de bigorneau…

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La chaine alimentaire est un concept en principe bien connu de tous. La chaine du bigorneau quant à elle, est une notion encore mal connue du grand public, quand bien même, elle lui est très intimement liée. On pense que c’est dû au fait qu’on tend généralement à ne voir dans le bigorneau qu’un mollusque qui roupille en boule la plupart du temps, pour ne se redresser qu’à des fins de reproduction.

On sait aussi que certains spécimens d’espèces terrestres peuvent en arriver à se mélanger les tentacules dans les entrelacs de ces différentes chaines. Une aberration qui peut les conduire à penser qu’ils pourront favorablement fortifier la vivacité de leur bigorneau en consommant des substances soutirées à de puissants prédateurs.

Ils croiront ensuite qu’ils graviront sans peine les maillons de la chaine du bigorneau en consommant, par exemple du potage de requin, en s’enduisant de sueur de buffle, en sniffant de la poudre de corne de rhinocéros ou en ingurgitant des extraits de testostérone de tigre.

Dans le cas des squales, ces croyances souvent aussi ancestrales qu’infondées ont d’ailleurs fortement contribué à leur surpêche ! Ils leur coupent les ailerons puis les rejettent à l’eau pour qu’ils aillent lentement agoniser au fond de la mer ni vu ni connu. On le sait bien , tout ce qui est sous la surface, doit rester sous la surface.

La finalité de la raréification de ces gardiens, c’est qu’elle engendre une altération de la régénération des fonds marins. La repousse de la végétation sous-marine et autres algues est entravée par la voracité des brouteurs, des poissons gloutons débarrassés de leur principal prédateur naturel. Ces derniers ont donc tout loisir de bouffer tout ce qui pousse et de participer activement à la désertification de leur propre environnement.

Pour terminer cet article, il faut également noter qu’il existe un championnat du monde annuel de lancer du bigorneau dans le Finistère. Mais dans ce cas précis, c’est bien de l’escargot de mer qu’il s’agit.

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Poisson d’octobre

Chic ! Demain c’est vendredi ! C’est le jour des bâtonnets de cabillaud panés à la mayonnaise ! J’en salive déjà !

L’être humain a facilement une peur bleue des requins alors que ces derniers, de leur propre initiative préférèrent boulotter du mérou plutôt que devoir se rabattre sur du plongeur à pattes palmées, emballé sous-vide dans du plastique. Ou pire encore, devoir se satisfaire de barbaque de grand surfeur amateur blond qui suinte l’autobronzant ou transpire la crème solaire.

A la base, l’être humain devrait donc plutôt craindre une surpêche de ce poiscaille osseux pour éviter d’avoir un jour à se retrouver au menu de second choix d’un squale contrarié. On serait peut-être inspirés de ne pas aller piller sa réserve de friandises pour éviter qu’il ne vienne nous montrer les dents !

Moi qui à ce jour, n’avais jamais même imaginé goûter à du mérou soit-il châtaigne ou royal, je me suis demandé ce que le super prédateur pouvait bien trouver d’appétissant dans ces créatures qui tirent en permanence une tronche comme si elles souffraient de ballonnements chroniques ! J’ai appris qu’ils sont une généreuse source de fer et de phosphore. Qu’ils ne sont pas économes en vitamines B2 et qu’ils ne sont pas avares en protéines complètes. Mais j’ai aussi pu découvrir que sous la marque mérou, il y avait une bien plus grande diversité de modèles, d’options et de coloris encore disponibles. Contrairement à mes suppositions, il ne pouvait donc plus être totalement exclu que le requin lui aussi, mangerait un petit peu avec les yeux !

Ça m’a rappelé que j’ai pour ma part, une seule fois béqueté du requin. C’était un potage de filasse cartilagineuse à base d’ailerons stabilisateurs. Et dans mon souvenir, je n’avais pas été emballé au point de vouloir vaincre une certaine peur bleue et d’aller m’acheter un harpon et une boîte de cubes de bouillon. En trois cuillers à soupe, j’avais assimilé qu’il s’agissait de créatures plus fascinantes lorsqu’elles barbotaient dans leur milieu naturel plutôt que dans la décoction d’enzymes et d’acides qui inonde mon tube digestif…

Quelques années après, une jeune femme dans sa vingtième année m’avait raconté la mésaventure qu’elle avait subi lors de vacances dans un pays d’Asie. Se baignant dans la mer, elle avait repéré un requin trop curieux qui s’approchait d’elle. Et dans un réflexe de panique vu que c’était son premier, elle l’avait trucidé à coups de poings. Elle affichait un visage triste et coupable en tenant son malheureux trophée dans ses bras sur la photographie qui avait été prise d’elle juste après…

Pour ma part, c’est un contact rapproché avec une raie à aiguillon (stingray) en pratiquant le snorkeling dans l’océan indien qui m’avait fichu l’une des frousses de ma vie : J’avais aperçu un nuage plus dense en poissons multicolores que partout aux alentours sur le récif corallien que je survolais. Je m’en suis approché pour satisfaire ma curiosité, et voilà qu’un gros œil noir sur fond de couleur sable s’ouvre brusquement en grand à une vingtaine de centimètres de mon nez… Avant même de pouvoir comprendre ce qu’était cette … chose, j’avais fait machines arrière toutes en rétropédalant avec une énergie surnaturelle ! Heureusement, cette magnifique raie s’était éloignée sans me piquer et sans même se presser ! Mais moi j’ai vraiment failli en bouffer mon tuba…

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Mérou géant. Source photo : page Wikipedia

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Le premier squale en liberté que j’ai rencontré : un pointe noire, inoffensif
( Je n’avais pas encore mis les pieds dans l’eau à ce moment là )

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Flotte ou crève !

Bouée de sauvetage géante et son accessoire porte-bougie pour les situations de sauvetage nocturne

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Ça y est ! J’ai encore nettement augmenté mes chances de survie sur notre planète saturée de dangers !

J’ai fait l’acquisition d’une bouée de sauvetage géante aux soldes ! Elle était prête à l’emploi, bien gonflée mais à prix dégonflé ! C’est que par les temps qui courent, je préfère être au moins un peu préparé à tous risques de montée brutale des eaux. A me sentir mieux prédisposé à me maintenir à flots en cas de vague scélérate ou de tsunami… Parce qu’à ma connaissance, personne n’a récemment investi le moindre kopeck dans la construction d’une arche qui permettrait à quelques clampins de survivre à un déluge et ainsi de sauver un échantillon éventuellement représentatif de notre espèce en voie d’extinction ! Aujourd’hui, nous préférons viser la lune, ou mars, qui ne sont pas réputées pour leurs inépuisables réserves de liquides. Et puis, il faut aussi anticiper d’une quelconque manière, cette élévation du niveau des mers et ces érosions qu’on nous annonce à cors et à cris.

Ça faisait déjà six mois que je n’était plus capable de nager ! Faire des longueurs dans une piscine olympique en crawlant ou à la nage-papillon, c’était devenu pour moi de l’histoire ancienne  ! Et faire la planche-pédalo n’a jamais été ma discipline de prédilection en natation. Pendant ces derniers mois, je pouvais encore tout au plus flotter deux ou trois minutes en surface, en m’inspirant de la brasse canine, avant de me sentir couler comme un pavé dans une mare…

Alors terminé les croisières, le canyoning, le rafting, le snorkling et la plongée sur nos derniers récifs de corail ! Une sortie à bord d’un hors-bord à plus de vingt mètres de la côte ? Je devais déjà faire une croix dessus lors de la phase d’évaluation des risques !

Durant tout ce temps, j’ai souffert d’une restriction aggravante de l’usage de mon bras droit. Et nager en agitant que le bras gauche et les orteils, même en synchronisation parfaite, n’est pas d’une efficacité ahurissante, hydro-dynamiquement parlant…

Tout cela est du à une douleur mal placée au niveau de mon épaule qui met une éternité à guérir. Je ne sais pas du tout ce qu’il m’est arrivé, sachant que je n’ai pas pour habitude d’enfoncer des portes à coups d’épaule ni de me livrer à d’autres gesticulations dévastatrices de ce type !

Au cours d’une enquête destinée à coincer le coupable de ce handicap de nageoire, j’ai fini par incriminer le seul suspect qui n’avait aucun alibi vérifiable aux yeux de la science: Après plus de vingt longues années de pratique quasi-exclusive de la boîte automatique, le principal suspect a du se réhabituer en changeant de véhicule, à la boîte manuelle à cinq rapports ! Et c’est son épaule droite qui a du en subir les séquelles en se réadaptant pour encaisser la lourde charge additionnelle que représentait la manipulation de ces nombreux branlottages de levier de vitesse…

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Sauve qui pourrait !

Hier sur le seul « résal socio » que je consulte encore, je suis tombé sur une phrase qui a retenu toute mon attention.

Il était écrit sans autre explication que « Le Titanic a été construit par des professionnels, tandis que l’arche de Noé a été construit par des amateurs »

Cette bonne formule s’est mise à tournicoter dans ma tête à des fins d’analyse ultérieure. Et c’est immergé dans un bon bain relaxant jusqu’à la ligne de flottaison (maxillaire inférieur) que je me suis senti en condition idéale pour l’étudier plus en profondeur.

Il est vrai que de nos jours, Noé construirait une flotte de ferries pour sauver d’une mauvaise passe, tous ces SUV rutilants en leasing, au lieu d’inviter gracieusement une galerie de couples du règne animal, sans encaisser un radis sur leurs titres de transport pour sa croisière inaugurale. Un règne qui de toute manière toucherait un jour à sa fin par le processus d’extinction en cours. Noé sauverait en priorité ce qui rapporterait des thunes, parce qu’il est conscient que le dernier couple d’ânes qui chiaient des pièces d’or et susceptible de se reproduire a été rayé des listes de la biodiversité depuis belle lurette.

Aujourd’hui en cas de déluge imminent, avec la spécialisation des corps de métiers, la sous-traitance mondialisée en flux tendu comme un string, le limage constant des objectifs de rentabilité, la multiplication des intermédiaires hiérarchiques, la pression grandissante sur les salaires des exécutants, les chantiers navals Noé Sàrl + Co. Ltd n’auraient pas encore raboté la première planche du pont inférieur avant que l’arrivée du tsunami ne coule toute l’entreprise ainsi que son fameux projet de vaisseau amiral.

J’ai spéculé sur l’idée que ce qui aurait probablement pu sauver du naufrage l’imposant transatlantique aux seize compartiments étanches, ses malheureux passagers et membres d’équipage, aurait été l’éventualité d’un réchauffement climatique plus précoce. Malheureusement, à cette époque là, on ne maîtrisait pas encore assez bien les effets bénéfiques des gaz à effets de serre.

Et en passant j’ai repensé à ce fougueux jouvenceau sans le sou, épris de la ravissante promise à la haute société. Tous deux très enclins avant d’atteindre le bon port, à aller s’isoler en cabine pour griffonner des dessins académiques ou à faire de la buée derrière les vitres d’un tacot garé en fond de cale. A se fondre en interminables roucoulades dans une ambiance de tronçonnages de violons, les yeux brillants et les nez dans le vent contre le bastingage de proue du paquebot. Plutôt que de se laisser germer l’idée lumineuse qu’aurait été celle d’aller prêter assistance visuelle à la vigie de quart, un matelot myope et stressé. Pour que ce prestigieux navire puisse fendre les brumes nocturnes jusqu’au petit matin, machine avant et à vapeur toute. Et en même temps permettre aussi une vision à plus long terme d’une idylle naissante.

Bien sûr tout ceci n’est qu’un résumé de ce qui a pu traverser mon esprit tortueux à partir de la fameuse phrase précitée. Et c’est avant que certains de mes membres ne s’engourdissent dans une eau refroidissante, que j’ai saisi une bouée et ai sauté dans un canot de sauvetage pour rejoindre la terre plus ferme de ma salle de bains.

J’en suis arrivé à la conclusion qu’à la place des deux tourtereaux romantiques sur qui on n’a pas pu compter pour éviter la catastrophe, les tour operators de la White Star Line auraient eu fin nez d’embarquer comme figure de proue, une personnalité de la trempe de Catherine Tramell, armée de son pic à glace

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Escape Planet

Il y a quelques années de cela, j’avais été mandaté pour une intervention de dépannage dans une installation toute neuve de type « escape room »

Il s’agit d’un jeu d’évasion non virtuel composé d’un petit nombre de pièces physiques dans lesquelles on est enfermés par petits groupes de participants. Le but est de résoudre ensemble une séquence d’énigmes souvent basées sur le sens de l’observation. Elles permettent la progression de la tribu en direction de la pièce suivante puis conduit vers l’ouverture de la porte de sortie libératrice. Un maître de jeu installé dans un local attenant, suit la progression « des prisonniers volontaires » par vidéo-surveillance et ce dernier peut, si nécessaire, fournir des indices supplémentaires permettant de débloquer les captifs et ainsi éviter qu’ils finissent tous comme des squelettes abandonnés au fond d’une oubliette. Il s’agit ici par exemple d’une activité dite de « team building » ou pour une fois, d’une « pas si » simple sortie entre amis.

Je n’avais jamais encore entendu parler de ce type d’installations. L’initiateur de ce projet avait écrit le scénario, conçu les énigmes, avait patiemment construit et très talentueusement décoré les deux salles que constituaient ce jeu. Esthétiquement c’était vraiment très réussi, un peu dans le style “steam punk“. Mais l’installation électronique une fois installée, elle aussi bricolée par une tierce personne vivant à plusieurs milliers de kilomètres du lieu d’installation final pour une question de budget, ne fonctionnait pas du tout et les schémas électriques officiels étaient inexistants. Il s’agissait d’un décorum inspiré de l’intérieur d’un sous-marin, mais de toute évidence « il prenait encore l’eau de toutes parts ». Nous avons donc dû chercher à comprendre et reconstituer le schéma du tout, étudier les technologies utilisées, en remplacer certaines, explorer comprendre et modifier le logiciel. Un câblage conséquent courait de la console de contrôle située dans la pièce du maître de jeu aux deux salles du submersible, vers les différents leviers, boutons poussoirs, capteurs, bidules audiovisuels et RFID, éclairages etc… Une belle brochette d’énigmes là-aussi ! Ce n’était pas un sous-marin à taille humaine, mais plutôt une énorme galère ! ( Et quand même aussi une belle farce ) En ramant jusqu’à la mise au point finale, je me suis arraché des touffes de cheveux, ai froissé plusieurs milliers de mes précieux nerfs fragiles, ai proféré des centaines de vilains jurons libérateurs au beau milieu de la nuit, avant d’un beau jour pouvoir me tirer positivement de ce défi, non sans jubiler d’une très intense satisfaction d’accomplissement !

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Aujourd’hui, en suivant les actualités de ce monde au quotidien, je pars du principe que nous nous trouvons tous enfermés à ciel ouvert sur une sorte d’ « escape planet ». Qu’il y a un très grand nombre d’énigmes à y résoudre ensemble pour espérer nous en sortir durablement. Certains équipiers sont incapables de trouver un accord avec d’autres et ne parviennent qu’à se disputer sur quels leviers il sera judicieux d’agir en priorité tout en coinçant sur lesquels toute forme d’action ne saurait leur convenir. Certains préfèrent se profiler en frimeurs, en compétiteurs, en pirates, en spéculateurs, en flambeurs, en vandales irrespectueux, en égoïstes désinvoltes et inflexibles ou en champions hypocrites pendant que d’autres bloquent ou ralentissent toute évolution favorable au groupe par ignorance, par manque de compétences ou de conviction. Certains n’aiment tout simplement pas résoudre des énigmes ou se sentent impuissants ou découragés face à de tels défis. Certains sont simplement trop cons pour comprendre les règles du jeu et refusent de l’admettre. D’autres se prennent un peu trop facilement pour le maître du jeu. D’autres encore, jugent préférable de chercher à s’en sortir en abandonnant derrière eux certains membres qu’ils préfèrent rejeter. Et certains surtout, ont vraiment grand besoin de participer à un séminaire de «team building » …

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