Ça fait plusieurs années que mon nain de jardin occupe son espace privilégié sur mon tableau d’affichage… Pour l’heure, je n’ai pas d’autre jardin que celui qu’on dit secret. Alors ne cherchez pas encore ce gnome par ici : Il n’est encore jamais sorti prendre l’air..
Depuis toujours ce petit bonhomme de papier affiche la même mine triste même si le pouce de sa main gauche reste invariablement dressé vers le ciel le jour, en direction des étoiles la nuit.
Il faut savoir qu’il n’a pas encore été pourvu d’un bras droit, le pauvre ! Il est incomplet. Alors j’estime peut être à tord qu’il n’est pas prêt pour aller s’aventurer sans risque dans un environnement aussi menaçant que dehors.
Ca fait plusieurs années qu’il attend avec une patience infinie que je lui en invente un. Qu’enfin, je fasse un bon geste pour lui…
Alors il a déjà vu passer moult propositions saugrenues en terme de membre supérieur conjoint et s’est déjà vu infliger une multitudes de postures et de gestuelles improvisées. Il a du se sentir affublé des plus ridicules et insolites attributs. Il s’est même prêté à de nombreuses manipulations d’outils de jardinage pour droitier…
Mais que ce soit le bras articulé robotisé, le tentacule bionique ou la pince de homard en titanium compensé, aucun appendice n’a jusqu’ici pu être retenu pour lui. Pour la plupart, ces accessoires conceptuels n’ont pas dépassé le stade de l’ébauche mentale ou celle de prototype en carton-pâte …
Il n’a obtenu qu’une promesse de ma part, c’est qu’un beau jour, il aura droit à son bras droit qui sort de l’ordinaire. Mais je dois avouer que sur ce coup là, je sèche, encore et encore… Et même encore plus que ça !
Récemment, j’ai attendu le printemps pour me rendre dans un jardin très spécial pour y rechercher l’inspiration du terrain. Là où, c’est où dame nature sait mieux que quiconque comment régner en maîtresse. Là où, quand elle se réveille, c’est tout l’espace sauvage en question qui se transforme en une véritable petite jungle en moins de deux semaines. Et c’est là aussi, où au même moment tout le secteur se surpeuple de bêbêtes visiblement incompatibles, mais qui semblent tout de même apprécier l’opportunité de s’y bousculer !
Là où, n’existe que dans le seul but de titiller l’inspiration de son visiteur : Et moi c’est là où chaque matin, j’ai pu boire de la rosée à même des feuilles avant d’y savourer la sérénité de siestes dignes d’un paresseux à pelage soyeux évoluant à son rythme dans son élément de prédilection. Et tout cela sur fond de symphonies de gazouillis et de ballets de papillons.
C’est à ces moments-là , qu’il m’arrive le plus souvent de trouver de bonnes idées et des pièces manquantes pour mes parties de dominos.
Malheureusement, une fois encore, c’est avant de pouvoir toucher au poteau rose, que j’ai cette fois-ci été tiré de mes rêveries créatives par un lézard qui jouait du tambourin dans un seau en plastique vide qui trainait à moins d’un mètre de mon bulbe à intelligences figé en mode veille…
Visiblement l’intention de ce dinosaure miniature était de me chasser de son territoire si propice à la méditation transcendantale. Il n’avait que faire de mes interférences. Devant les menaces du gardien du temple, il m’a semblé naturel et préférable d’obtempérer et de quitter le périmètre sans chouiner.
Il m’avait bien fichu la trouille quand même avec son raffut là, l’imposant animal. Je n’en avais jusqu’alors croisé que de beaucoup plus discrets et d’autrement plus enclins à se défiler en un éclair et en silence !
Il n’est pas certain que mon nain de jardin en attente de bras droit saura gober une excuse de plus comme celle-ci. Qu’il saura encore me pardonner mon incapacité chronique à lui concocter une trouvaille qui viserait à le compléter à la perfection. Pourtant, je souhaite vivement qu’il puisse au plus vite à son tour aller s’aventurer au fin fond de cette terrible jungle…
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Ca fait déjà 2 articles que j’écris, qui se basent sur 2 anciens dessins toujours inachevés, sans pour autant parvenir à en débloquer l’immobilité créative avec plus de succès... Bah ! Pour l’instant, on va dire que c’est avant-tout le voyage qui compte. Et puis, se faire réveiller par un lézard percussionniste, ça n’arrive quand même pas tous les jours…