L’article précédent était en gestation depuis fort longtemps. Il n’avait cessé d’évoluer au fil du temps. L’esquisse de l’illustration prévue pour l’accompagner existe aussi.
Au moment de sa publication, je m’étais dit : – Et voilà : C’est écrit !
Ne reste plus qu’à terminer le dessin, à l’officialiser et cette fois, le sujet est plié…
Et ensuite, en route vers de nouveaux petits délires !
Mais, rien à faire ! Malgré la publication, le dessin en question refuse obstinément d’être finalisé et de sortir de sa cachette ! Il possède le pouvoir d’anesthésier chacun de mes élans de créativité.
Il faut dire qu’il en a bien bavé le pauvre. Il a pour vocation d’endosser une certaine représentation de mon équilibre, ce qui n’est pas gagné d’avance. Au départ, il avait du adopter la forme d’une balance complexe. Un modèle inventé de toutes pièces pour m’assister dans cette recherche.
A l’origine, sachant que les paramètres de répartition des masses étaient nombreux, nous avions opté pour une solution à un plateau de pesée par élément susceptible de faire pencher la balance. Ce qui rendait impossible l’utilisation d’un instrument courant du marché.
Au fil de ses évolutions, la machine a changé plusieurs fois de structure. L’une des premières était une espèce de carrousel de plateaux de pesée se balançant en équilibre sur une pointe située à l’extrémité d’un axe central.
En simulation, j’empilais des éléments important ici. Et puis d’autres du côté opposé, pour contrebalancer. En veillant avant tout à ce que l’ensemble ne bascule pas.
Mais le jour suivant, c’était la liste des éléments nécessaires pour tendre vers un équilibre parfait qui s’allongeait et qui remettait une fois de plus un concept encore bancal en question.
Au pire moment de son évolution, la balance de mon équilibre ressemblait à une espèce de grand lustre suspendu au plafond. Avec, en lieu et place de chaque lampe, un petit plateau chargé de peser lourd lorsque ce n’était pas de compenser…
Mon fastidieux instrument de mesure était devenu trop lourd à gérer. Il a fallu en concevoir une version allégée. J’ai agrandi la taille des plateaux et en ai considérablement réduit le nombre. Puis j’ai dû répartir toutes les différentes charges dans des groupes de catégorie poids-lourd.
Je savais depuis longtemps que de l’humour pouvait peser de tout son poids dans ma balance. Et qu’un afflux de nouvelles angoissantes ou déprimantes faisait partie des facteurs déstabilisants.
Par contre avant d’y prêter attention, je n’avais jamais été en mesure de prendre pleinement conscience que pour moi, un équilibre bien dosé entre réalités et fictions était une clé essentielle de stabilité.
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Une tendance à la mode serait de naviguer en permanence dans une réalité augmentée de technologie. De pouvoir évoluer dans un univers paramétrable et au rendu factice, où tout ne serait plus que spectacle de rêve et jeu d’enfant.
Mais un quotidien fait de réalité et de fiction passés au mixer n’est pas l’approche qui me convient. Ce serait plutôt une formule pouvant servir à raconter de bonnes histoires.
Enrichi des résultats de mes mesures, j’ai redéfini la recette de base pouvant servir à lisser mes journées. Je n’hésiterais pas à aller voir une comédie romantique après une dispute de couple.
Tiens ? Ça fait un bout de temps que je n’ai plus vu passer d’idées noires. C’est probablement que je sais un peu mieux qu’avant comment empêcher mon bien-être existentiel de vaciller !
Les plans de ma balance ont encore changé. J’ai envoyé le modèle sophistiqué au musée et l’ai remplacé par une batterie de balances élémentaires. Une modularité et une flexibilité qui me paraissent aujourd’hui être la solution la plus appropriée…
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