La vie n’a pas toujours été tendre avec Albert. Ça faisait des années qu’il s’échinait contre vents et averses à exploiter son domaine agricole. Et il peinait à dégager des marges suffisantes à lui permettre de survivre du fruit de son dur labeur. C’était tout juste s’il parvenait à verser des dividendes à ses actionnaires. Il avait dû arrêter l’élevage de vaches à lait quand le prix du marché s’était effondré. Il avait aussi dû abandonner les vaches à steak quand il n’était plus du tout concurrentiel face aux importations massives par cargos frigorifiques. Il avait aussi dû cesser de cultiver du popcorn transgénique qui n’était plus assez compétitif. Sa dernière récolte de carottes bio avait été refusée par la grande distribution parce que jugées trop biscornues et de couleur non conforme…
Le destin avait tout de même gâté Albert quand il avait trouvé l’amour en la personne de Mathilde. Et il était convaincu qu’au moins, personne ne viendrait jamais le délester de son désir de pouvoir un jour s’offrir le tracteur à cabine climatisée de ses rêves.
Albert était persévérant. Sans cesse, il essayait de se réinventer pour garder la tête hors de l’eau potable et cherchait un moyen de mettre du beurre dans les topinambours.
Le Major Hans-Peter W. effectuait un vol test aux commandes d’un nouveau prototype d’avion de chasse. L’armée nationale projetait d’investir quelques milliards pour remplacer son escadrille de biplans obsolètes. C’est en simulant une figure de duel aérien que son appareil a connu une avarie et qu’il est parti en vrille. Heureusement, le malheureux pilote a pu s’éjecter à temps, mais son aéroplane et allé s’écraser au beau milieu du champ qu’Albert venait de labourer et d’ensemencer. Ce fait divers s’est déroulé au moment où Mathilde était sur le point de prendre une belle photographie d’Albert aux champs. Un cliché destiné au calendrier annuel de la coopérative agricole en vente directe à la ferme.
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