Je me suis longtemps demandé si j’étais plutôt le genre de bipède avec un verre à moitié vide ou plutôt celui avec un verre à moitié plein.
C’est donc pour en savoir plus long, que j’ai procédé à une analyse en profondeur. Résultat des courses : Je suis un bipède avec un gobelet en plastique jetable.
C’est plus léger en main, j’évite des corvées de vaisselle fastidieuses, ça ne se casse pas facilement par maladresse, ça peut s’abandonner n’importe-où sur place. Et c’est mieux pour ma conscience, car aucun imprudent ne risque par ma faute, de se couper avec !
Hé ouais, c’est clair comme pouvait l’être à l’époque, de l’eau de roche ! Je suis un bipède qui n’est pas à moitié vide de capacité de réflexion et qui n’a pas qu’à moitié soif!
Parce que mon gobelet, il est toujours plein et à ras-bord. Franchement, je ne vois pas pourquoi sous-doser et aller se prendre la tête avec des questions philosophiques soûlantes ! C’est la lune qui peut parfois être à moitié pleine ! Fin des élucubrations !
Mon premier gobelet de la journée déjà, un café trente-huit pourcents arabica allongé lait d’ânesse, sucré, vanillé mais sans mousse, il risque à tout instant de déborder ! Déjà rien que les jours d’abondante rosée du matin ! Mon sport matinal favori est d’aller courir avec. Mon bras porteur en guise de parfait amortisseur gyroscopique, se mouvant avec agilité dans la foule dense de ceux qui sont déjà en retard ou empressés d’aller glander au bureau. Je le sais, c’est ridicule, mais je ressens un certain plaisir à aller éviter des collisions, manœuvrer finement, me déplacer avec efficacité et rapidité comme le fait une fourmi ouvrière modèle ! Tout cela sans renverser une seule goutte de mon précieux chargement. Et à la fin, le jus de chaussettes, je ne le bois même pas : il n’est plus à la température de service requise et il bien trop dégueulasse.
Mon gobelet de l’apéro ne reste pas longtemps à moitié plein en fluide anisé en provenance du marché parallèle de la Zone 51 ! Je complète le breuvage avec un prélèvement d’un volume d’eau trouble du robinet. Ça c’est les jours où il y en a. Comme en dehors des périodes de sécheresse. Paraît qu’elle serait opaque à cause des additifs riches en oligo-éléments qu’ils ajoutent dedans. Mais elle est certifiée potable et c’est la raison pour laquelle elle coûte un bras et même un assez long. C’est le porte-parole en l’air de la multinationale qui a racheté les droits d’exploitation de l’ensemble des sources, des nappes phréatiques et des puits du pays, qui l’a officiellement déclaré. Mais comprenez, moi ce que j’en dis : Tant que je suis content de pouvoir remplir mon gobelet et de me désaltérer à ma juste soif ! Je serais plutôt bon client et comme je n’ai pas le niveau, je ne vais pas me mettre à tarir des éloges ni à monter des barricades !
De nature, je fais partie des optimistes de taille moyenne. Et lorsque je sens pointer en moi une once de pessimisme qui monte en pression, je me verse un grand gobelet de remontant et c’est assez rapidement que je recommence à optimiser. Avant l’absorption du jus de vertus calmantes, il n’y a plus place pour la moindre goutte de pluie dans le récipient ! D’ailleurs c’est déconseillé par le porte-parole en l’air de la multinationale qui a clairement communiqué là-dessus : Il faudrait considérer l’eau de pluie comme étant le plus souvent présumée impropre à la consommation. Qu’il est naturellement plus prudent de savoir se méfier de tout ce qui est trop gratuit !!!
Le soir avant de me coucher, je me prépare un gobelet composé d’un subtil mélange de mes gouttes médicinales et de mes élixirs revigorants. S’il reste un ou deux doigts de mesure au sec, je complète la recette miracle avec juste ce qu’il faut d’un bon petit alcool fort pour, entre autres, en atténuer le goût de chiottes. Et puis comme ça, en même temps j’en profite pour bien me rincer et me fortifier les gencives. Et le petit coup d’assommoir qu’il réserve, m’évite de n’avoir à dormir qu’à moitié bien !
Pour terminer, il faut que je confesse qu’il m’arrive encore parfois d’être canette en aluminium plutôt que d’être gobelet en plastique jetable. Je sais, c’est moche ! Surtout que j’ai la flemme une fois vides, de les apporter au poste de recyclage. Ça fait au moins dix ans que j’essaie d’arrêter et que ça se solde à chaque fois par un échec. Que je retombe lamentablement dans le piège de cette vilaine addiction. Je crois que c’est à cause d’un sérieux manque de volonté. Mais c’est promis : Si une prochaine tentative devait être couronnée de succès, vous serez cordialement invités à arroser ça avec moi !
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[Note] : Je me sers un ou deux gobelets de thé vert et ensuite j'apporterai peut-être encore un certain nombre de retouches à ce texte.. A votre bonne santé a tous !