
Le grand timide

Ce matin, j’étais attablé au café à côté de la grande vitrine et je lisais le journal. C’est en jetant un coup d’œil dans la rue que j’ai vu passer un jeune couple tout sourires sur leurs trottinettes électriques. L’homme fonçait à vive allure, perché les deux pieds sur la planche de son engin et la femme le suivait à une dizaine de mètres, se propulsant sans assistance par de grandes poussées de pied au sol.
J’ai d’abord pensé que madame connaissait peut-être une avarie de batterie et que monsieur n’avait pas eu la courtoisie de proposer un échange de véhicules. Puis je les ai imaginés en pleine compétition, monsieur pensant pouvoir gagner la course en profitant d’une échappée, et que madame comptait probablement sur une victoire stratégique basée sur une meilleure gestion de sa réserve d’énergie : Que monsieur se ferait inévitablement doubler la grimace aux lèvres et la batterie à plat, plus loin dans l’étape de l’ascension du grand raidillon …
Ce sont ensuite mes nombreux souvenirs de trottinette qui me sont revenus à l’esprit. Mes parents m’en avaient offert une quand j’étais gamin. Elle était bleue, avait de grandes roues à pneus gonflés à l’hélium. Et comme l’électricité n’avait à ma connaissance pas encore été inventée, le moteur c’était moi.
Je n’ai pas tardé à inventer le « trottocross » puis à me faire sermonner par le commissaire de course paternel parce que j’avais réussi à fracasser le châssis (sous-dimensionné) de ma machine à la réception d’un numéro de voltige. Heureusement, ce commissaire était également au bénéfice de compétences de pro dans le maniement du chalumeau. D’ailleurs la réparation a renforcé la structure de l’engin et a tenu tout le restant de la saison.
C’est peut-être là l’une des raisons pour laquelle un filou jaloux s’est permis de me la voler ! Je crois me souvenir que c’est là, que j’ai eu à subir ma première déprime existentielle. Que j’ai pris conscience qu’il existait, dans ce monde qui me semblait alors encore parfait, des monstres sans vergogne capables de concasser un palpitant de gosse de famille modeste en le privant de son rêve de mobilité !
C’est dans le but que je puisse continuer de croire en l’existence des miracles et éventuellement aussi à celle du père Nöel, que les membres de l’écurie familiale se sont cotisés pour m’offrir un modèle identique, mais de couleur rouge ! Et pour décourager d’éventuels serial-aigrefins, mon ingénieur-mécano-commissaire a gravé en grandes lettres mon patronyme et mon groupe et rhésus sanguin le long de la fourche. Et moi, j’ai retrouvé toute la largeur de mon sourire en allant sauter quelques trottoirs…
Quelques années plus tard, notre famille a quitté la ville pour la campagne. Nous nous sommes installés dans un village un peu encaissé au fond d’un vallon. De chaque côté s’imposait une montagne boisée culminant à une altitude moyenne de 400 mètres au-dessus du niveau de la rivière. Je ne possédais plus de trottinette. ( Je n’ai gardé aucun souvenir de ce qu’elle a bien pu devenir). Elles étaient un peu passées de mode et je crois que lorgnais plutôt sur l’éventualité de conduire une caisse-à-savon ou de maîtriser une planche à roulettes.
Un ami d’enfance lui, en possédait encore une. Et un après-midi, entre deux averses, nous avons entrepris de gravir la montagne à pied par la route goudronnée.
C’était une route très peu fréquentée. En-haut ne se trouvaient presque que des fermes isolées au milieu de leurs vastes domaines. C’est juste avant d’attaquer la descente, à deux sur la trottinette de mon pote que j’ai réalisé que c’était un modèle « allégé » et qu’elle n’était équipée ni de freins, ni d’airbags ni même de garde-boues. Pour espérer une décélération efficace, Il fallait freiner directement à la semelle sur le pneu de la roue arrière, ce que dans un premier temps j’ai fait, jusqu’à ce qu’une forte odeur de caoutchouc brûlé ne vienne nous alerter d’un problème technique. Je venais de sacrifier mes bottes de pluie sur l’autel de notre sécurité. J’allais encore devoir argumenter de la manière la plus persuasive possible en rentrant au bercail. Et ce n’est pas faute d’avoir au départ tenté d’improviser un système de freinage avec des bouts de bois. La pente était souvent assez raide ! Nous nous sentions comme deux cascadeurs. Nos trajectoires étaient optimales. Nous penchions dans chaque courbe pour aller tutoyer les limites de l’adhérence des pneumatiques du bolide sur l’asphalte. Mais, notre vitesse de croisière nous a vite parue un peu excessive !
Plus loin, nous avons dû changer de stratégie de course. De passager-freineur j’ai été promu navigateur-copilote. Pour dévaler le tronçon suivant, je me suis accroupi à l’avant de la planche devant les tibias du pilote . D’un commun accord, (in)conscients que le risque zéro n’existe pas, nous avions convenu avant le top départ, que si nous ne croisions pas d’automobile surprise, nous pourrions réduire au strict minimum le nombre de freinages nécessaires et qu’en arrivant à l’entrée du village, nous utiliserions une longue rampe d’accès à un garage pour nous assurer d’une rapide décélération conduisant à notre immobilisation. Et notre prévision s’est avérée correcte : Pas le moindre véhicule en contre-sens à déplorer et pas le moindre coup de frein consenti ! C’est notre goût du risque qui nous a rattrapé : Cent mètres avant d’accéder à la fameuse rampe de décélération, dans le dernier virage à visibilité réduite, je me rappelle avoir marmonné une phrase à trouille qui a instantanément disloqué notre esprit d’équipage et sous mon regard médusé, j’ai vu le pilote sauter en marche, pour s’en aller tournoyer dans les airs en ricochant à plusieurs reprises sur le bitume. Quant à moi, agrippé et accroupi sur un véhicule désormais totalement hors de tout contrôle, je m’en suis allé terminer ma course contre la clôture d’un poulailler.
Bilan : Botte fondue mise à part, je m’en suis bien tiré, presque sans bobo. Le pilote et acrobate qui s’était éjecté lui, avait quand même bien morflé, mais il a pu rentrer aux stands par ses propres moyens. Durant des années, nous avons beaucoup ri du souvenir de cette aventure de pure folie. Ce fût une expérience précoce du danger qui nous a peut-être sauvé de manière préventive d’un futur drame . Toutefois je regrette aujourd’hui encore d’avoir manifesté cet instant de panique ! Car nous n’avons pas pu aller au bout du projet tel qu’il avait été conçu et avons du renoncer à un final de toute beauté : aller réduire de manière naturelle et grisante, notre excès de vitesse sur la super rampe idéale de rêve !
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Quelques mois plus tard, lorsque je suis devenu l’heureux propriétaire d’une planche à roulettes, c’est sur la même route maudite que j’en ai perdu la maîtrise et à mon tour, ai du sauter en marche à pleine vitesse !
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C’est étrange
Mais il y a des jours où je rame…
Et d’autres, pas du tout !
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…
Boucle temporelle
..
Il y a bien dix minutes environ,
Que le temps est en dérangement
Dix minutes n’est qu’une estimation !
Plus de périodes ni d’empressements
..
Ça doit faire plus d’une heure
Que je n’ai pas vu le temps qui passe
Une heure en simple spectateur !
Plus en retard ni en avance
..
Ça fait une poignée de minutes
Que j’ai perdu toute notion de durée
Un festin d’instants sans contraintes !
Plus à en perdre ni à en gagner
..
Ça faisait bien trop longtemps
Qu’il m’avait imposé sa cadence
A en ignorer d’intimes battements !
Plus d’impatience ni d’urgence
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Le 14 juin 2019 en Suisse a (eu) lieu la 2ème grève des femmes.
( La 1ère manifestation date de 1991)
Une mobilisation en faveur de l’égalité entre hommes et femmes, notamment sur leur lieu de travail.
Et ci-dessous, à l’intention de toutes celles et ceux dans le monde qui n’en auraient pas entendu parler et qui passent par ici, je relaie, par simple copier-collé, les revendications des femmes trouvées sur le site d’un syndicat :
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Du respect!
Ce que nous voulons:
De l’argent!
Ce que nous voulons:
Du temps!
Ce que nous voulons:
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Elle pensait sans me le demander, que je souhaitais qu’elle réduise son tour de taille. Elle croyait deviner que j’attendais d’elle qu’elle perfectionne ses talents sous les draps et en cuisine. Elle imaginait que j’espérais qu’elle augmente un jour son tour de poitrine. Elle supposait que je lui réclamais d’estomper les manifestations des étapes de la vie et les indices de l’âge. Elle se figurait que j’exigeais d’elle qu’elle change de style, de couleur et de maquillage. Elle présumait que quoi qu’elle fasse, je lui préférerais toujours d’autres femmes que je croise …
Elle s’est créé une projection silencieuse de mes préférences. Elle définit mes attentes et place très haut la barre de mes exigences. Peut-être préfère-t ’elle que l’on en parle le moins possible ? Il se pourrait aussi qu’elle redoute une quelconque confirmation de l’une ou l’autre de ses préoccupations sensibles !
Devrais-je à mon tour me torturer d’inquiétude quant à un éventuel manque de revendications et de sollicitations ?
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Ceci n'est pas une fiction autobiographique, même si elle est parsemée d'un petit peu de vécu par-ci par-là. Nous sommes passés dans une époque d'image ou les apparences ont pris plus d'importance. J'ai pensé que cela pourrait bien introduire au sein des couples de plus lourds silences ... Mais comment traiter ce sujet de manière un tant soit peu "artistique" ? ... Bien entendu, ce texte n'a pas pour vocation de déclencher des discussions pouvant déboucher sur des disputes ! ;-)
Je dispose d’un stock de quelques croquis de visages féminins, provenant d’une série d’exercices destinés à améliorer mes faibles compétences en dessin et style de coupes de cheveux. Et tant qu’à faire, je vais aussi en profiter pour leur donner un corps, une attitude et des fringues … Un petit clin d’œil sans prétention aux croquis de mode. Maintenant que j’ai annoncé cela ici, je vais vraiment devoir m’y coller !
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On appelle ce genre de dessin un FanArt.
Il s’agit d’une ré-interprétation complice (mise à sa propre sauce) inspirée d’un personnage de l’univers d’un artiste connu. Ici il s’agit de “Où est Charlie ?” [ Where’s Wally ? / Where’s Waldo ? ]
Cette idée a surgi lorsque je suis tombé sur une photographie d’une banquise où des milliers de pingouins (ou peut-être des manchots) prenaient du bon temps… Forcément, je me suis demandé s’il n’y avait pas un Charlie caché quelque part au milieu de cette foule…
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Ça faisait plus d’un an que je me promenais sur terre avec l’idée persistante qu’en fin de compte, “la vie est un échange de briques” . La brique étant la représentation symbolique de chacun des nombreux éléments que nous rassemblons et empilons tout au long de notre existence en nous construisant. Il y a celles qui nous sont offertes par d’autres et qui nous ont inspiré/influencé/édifié et également, celles que nous avons nous-même façonnées et éventuellement transmises, avec lesquelles d’autres bâtissent. Nous sommes des édifices de relations basées sur l’échange.
Je nourrissais depuis des mois le projet de rédiger un article abordant cette thématique, sans ne jamais pouvoir trouver un point de départ. Pourtant aujourd’hui, j’ai pu dénicher diverses ébauches prometteuses en matière d’écrits, mais c’est un jour où je suis dépourvu de cette capacité enthousiasmante de passer au travail de finition. Déçu de n’atteindre aucun résultat probant, j’ai abandonné mes notes et suis parti en quête d’une étincelle d’inspiration dans mes archives photo… Et je suis tombé sur cette brique rouge échouée sur une plage proche de la Dune du Pilat… Il n’y avait aucune construction ni habitation loin à la ronde. Alors quel a été son voyage ? Est-elle arrivée à cet endroit, charriée par une vague fortiche, portée par une marée musclée ? Est-ce une brique fugueuse qui ne rêvait que de grands espaces, de sable fin et d’océan ?
Une particularité de cette brique là est que je ne saurai jamais qui ont été les personnes qui me l’auront proposée ! Et ces dernières n’imagineront pas que cet élément de céramique égaré aura contribué à débloquer une longue absence de point de départ à l’écriture d’une histoire !
D’ailleurs j’adresse en passant un grand merci et un clin d’œil à tous ceux qui m’ont fourni une ou plusieurs précieuse(s) pièce(s) de ma collection de briques ! Elles ont toutes leur importance et nombre d’entre-elles se sont révélées m’être fondamentales ou salvatrices ! Certaines m’ont permis de structurer, d’autres de reconstruire !
Dans mon cas personnel, il s’agit de nombreux empilements désordonnés et irréguliers composés de briques dépareillées et nuancées. Dans ce coin là, je conserve précieusement quelques briques cassées. Là-bas celles qui m’évoquent un petit quelque chose de particulier ou de mystérieux… Mes plus anciennes constructions sont pour certaines constituées de centaines de petites briques de jeu multicolores. J’ai commencé très jeune à les collectionner ! Nous avions la chance de pouvoir nous faufiler pour vivre nos aventures d’enfants dans une vieille usine de briques désaffectée. Et plus loin par là-bas, je possède aussi une montagne de pavés dans laquelle je peux, au besoin, en puiser un pour le jeter dans une mare endormie… Bien sûr, je me suis moi aussi ramassé quelques tuiles, ai pris des parpaings dans la gueule, ai dressé d’affreuses façades et ai érigé plus de murs presque infranchissables que je ne l’aurais souhaité…
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Rassurez-vous, je ne vous jetterai pas la pierre, si vous trouvez que cet article ne casse pas des briques !
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Je précise que j’ai écrit cette histoire en toute lenteur sur environ une semaine. La faisant évoluer jour après jour dans le but de stimuler l’épanouissement de cet enthousiasme de procéder au travail de finition que je mentionne plus haut...
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Durant quelques jours, un profond calme inhabituel s’était emparé de moi. J’avais été saisi d’une forme insolite de béatitude ! La course du temps s’était soudain arrêtée. Le temps d’isoler mes capteurs et de méditer. En échange, j’ai concédé à une certaine absence de créativité.
Mais aujourd’hui , j’ai décrété que ça ne pouvait plus durer ! Alors j’ai rédigé une dizaine de vers connectés avec des rimes en “…ence” et en “…ive“.
A vous de les mettre dans le bon ordre …
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Pour info, j'ai du pomper sur la toile et refaire le dessin du cerveau ... Je n'ai pas pu trouver de modèle qui voulait poser pour moi.
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– Avez-vous peur des araignées ou des serpents ?
– Eh bien… non.
– Et des requins ou des alligators ?
– Pas plus que ça, non !
– Alors certainement des méduses ou des scorpions ?
– Même pas …
– Vous ne craignez donc aucun prédateur ???
– Si ! Mais seulement ceux de ma propre espèce ! Et en particulier ceux qui peuvent bondir sur moi par surprise avec l’intention d’envenimer une conversation avec une abondance de questions inutiles…
Vous m’auriez demandé quelle bestiole pouvait m’inspirer le plus de craintes, je vous aurais simplement répondu « le crabe » et vraisemblablement étonné, vous m’auriez ensuite demandé pourquoi. Sur quoi je vous aurais répondu que je n’en sais foutre rien, parce que je vis assez loin de toute mer et qu’aucun crustacé décapode n’a jusqu’ici encore eu le moindre de mes orteils à portée de pinces…
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Note: j'ai réellement longtemps trimbalé une trouille d'enfance des crabes après avoir croisé le chemin de mon premier spécimen à l'occasion de vacances à la mer. Une bien étrange phobie largement surmontée depuis.
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Un double fond
Une surprenante cachette
Un faux plafond
Une pièce secrète (?)
Une porte dérobée…
Un passage introuvable (!)
Un compartiment dissimulé
Un repaire indétectable !
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C’est promis, je ne prendrai pas trop de place
Je n’occuperai que les contours de ton espace …
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Et finalement je me suis dit, tant pis, je reste ... Et j'ai confié ma machine obsolète à un musée ! Un délire réalisé avec le logiciel Comic Life 3
Un arbre imaginaire qui au fil du temps, a pris de l’importance et s’est imposé !
Au départ son rôle ne se résumait qu’à être un faire valoir végétal dans les environs immédiats d’une petite maison que j’avais griffonnée. Et puis au fur et à mesure de mes passages devant le grand dessin original réalisé à l’encre de Chine, il m’a ensorcelé et s’est imposé…
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Les arbres, un thème récurrent sur ce blog !
Parfois victimes de notre indifférence et de la déforestation :
https://sunof.net/blog/animarbre/
https://sunof.net/blog/larbre-qui-cache-la-jungle/
https://sunof.net/blog/drame-vegetal/
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