Quand j’étais mioche, le gouvernement familial avait instauré une loi stricte sur le permis de port d’arme : Les jouets en forme de flingue et tout autre bricolage imitation arme à feu étaient proscrits sur l’ensemble du territoire.
Malgré un tempérament rebelle et aventureux et étant donné mes faibles chances de sortir vainqueur d’un duel idéologique contre mère-poule, je n’avais pas cherché à contester cette prohibition.
Mais dès la nuit tombée, c’est dans mon laboratoire secret que je mettais au point le désintégrateur-atomiseur à laser qui allait un jour me permettre de me défendre contre une invasion d’extra-terrestres venus me chourer mes jouets…
– Hello, cher lardon halluciné ! je vais tout de suite te mettre dans la confidence, avant que le moindre doute ne s’installe et ainsi, écarter d’éventuels malentendus entre nous dans le futur : Tu te prénommes Jean-Claude, je suis ton père et également l’empereur de cette galaxie !
Il paraît que c’est l’année du lapin ! Si vous n’y comprenez rien, ne paniquez pas : Pour moi aussi, tout ça, c’est du chinois.
L’autre jour un gamin qui trainait dans mon quartier m’adresse la parole alors que j’avais le nez sous le capot de ma fourgonnette et mes deux mains dans le cambouis juste en dessous.
Et ce jeune visiteur de me demander :
– S’il te plaît, dessine moi un lapin !
– Un lapin ? Mais qu’est ce que tu voudrais en faire ?
– Je ne sais pas encore ! Un signe.. L’incarnation d’une année.. un symbole chinois.. J’hésite, car ça dépend aussi du style de lapin que tu me dessineras…
– Ben… comme tu pourras peut-être le deviner mon p’tit gars, tu ne t’y es pas pris pas au meilleur moment pour que je te délivre une performance artistique sur mesure. Surtout qu’en ce moment précis, je pourrais tout juste te pondre un monochrome impressionniste brossé à l’huile moteur. Disons, par exemple, un gros plan sur une clé de douzesur canevas de chiffon tendu. L’avantage, c’est que cette prestation là ne me prendrait pas le reste de la journée…
– Ah, c’est dommage ! Et une carotte ? A la place du lapin, dessine moi une carotte, s’il te plaît ?
– Ca c’est une excellente idée jeune homme ! Et là, on est clairement sur un projet et des délais raisonnables. Si tu reviens d’ici une demie heure, sauf embrouille de dernière minute, je pourrai même te dessiner une autoroute de carottes…
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J'ai déliré sur ce texte à mon retour d'une visite guidée d'une usine de
conditionnement de carottes. C'est difficile à croire, mais apparemment,
quand c'est l'année du lapin, tout peux m'arriver...
C’était moi, le cancre du cours scolaire de solfège. C’était même mon premier sentiment dévastateur d’incompétence. Elle sentait la symphonie de mauvaises notes, cette galère !
En comparaison, l’effort surhumain qu’il m’était recommandé de fournir en matière de discipline semblait à ma portée et résoudre à la main des divisions complexes (dans l’optique de me préparer à mieux régner) restait une performance tout-à-fait accessible à mon niveau.
Mais alors, décoder au premier coup d’œil le placement vertical des notes emberlificotées dans tous ces fils, était un véritable calvaire pour moi. J’avais alors du prendre conscience dans la douleur, qu’il devait manquer un module crucial dans mon unité centrale ou alors qu’il n’avait pas été réglé comme du papier à musique avant ma sortie d’usine. Et visiblement, j’étais le naufragé solitaire de la salle de musique, le seul qui ramait. Des camarades, par exemple, envisageaient une carrière de virtuose de l’accordéon, se voyant volontiers lire des partitions en pompant de l’air, et tant qu’à faire en même temps, en remuant encore une bonne dizaine de doigts.
Le temps a passé et je n’ai jamais insisté pour tenter, malgré les revers subis, d’assimiler cette matière-là. Mais je me dis parfois encore qu’au prix de quelques efforts supplémentaires, ou dans de meilleures dispositions, j’aurais peut-être fini par savoir lire et même écrire de la musique. Même si je pense que ça restera un mystère…
Parce qu’entre-temps, j’ai repéré d’autres dysfonctionnement qui selon moi, relèvent du même module…
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La semaine prochaine, je vous expliquerai pourquoi je déconseille de débuter une carrière d’artiste-peintre à l’école avec une boite de gouache et donc comment réduire le risque de passer complétement à côté pour atterrir sans grande passion dans la filière des experts en divisons complexes…
Certains m’ont déjà demandé s’il m’était déjà arrivé en marge de mes délires courants de me livrer à des expérimentations sur le vivant. Ma réponse a été claire : Jamais ! (enfin presque)
Je m’étais chargé du développement de la partie électronique et du codage du logiciel embarqué d’un gros projet qui comportait une expérience sur des souris de laboratoire ! Mais le chef de projet, devant ma mine embarrassée en m’apprenant la nouvelle, m’avait certifié, que les rongeurs testeurs n’étaient pas sacrifiés au nom de la science et que, mis à part une inévitable poussée de stress, ils s’en tiraient sans mal à la fin.
Par contre, je le concède, il m’est arrivé de me consacrer à des expériences invasives en laboratoire sur des cornichons. Mes recherches portaient sur l’optimisation du croquant de mes sujets d’étude. J’ai donc par la force des choses été amené à torturer voire sacrifier quelques cucurbitacées, mais c’était pour la bonne cause. En dehors de cela, si ça peut rassurer certains, je ne ferais pas de mal à une mouche ni même à un petit pois innocent.
Je n’ai jamais eu de baby-sitter ! Un seul salaire suffisait généralement encore à couvrir un budget familial ce qui faisait que c’était ma maman qui était toujours de permanence pour veiller à ce que je respecte les termes et conditions de l’harmonie familiale et ne mette pas le feu au foyer.
Elle n’a jamais délégué son rôle de gardienne de petit monstre à une jeune fille ! Mais c’était peut-être dans l’esprit de ne pas dissuader une jouvencelle innocente d’un jour souhaiter en dompter d’autres à temps plein.
Une autre hypothèse qui expliquerait cette situation serait celle que ma mère avait compris qu’elle pouvait m’abandonner sans sentinelle au centre commercial, dans le rayon bandes-dessinées et pochettes de disques vinyle 33 tours. Ce secteur était si généreusement achalandé en articles fascinants, qu’il ne me serait même pas venu à l’idée de partir sans prévenir explorer le quartier des fruits et légumes ou de m’en aller multiplier des trajets en escalator.
Le deal convenu entre nous était que j’enrichissais mon univers culturel et visuel pendant qu’elle se chargeait, privée de mon assistance, de la tournée des étals dénués d’intérêt…
Mais en y réfléchissant bien, si je n’en ai jamais eu une, c’était peut-être tout simplement parce qu’il n’y avait pas de rayon baby-sitter dans ce grand magasin et que dans les environs, nous en visitions rarement d’autres…
J’ai retrouvé mon jeu de Monopoly vintage dans un carton d’archives.
Je ne m’attendais pas, depuis mon dernier passage dans le coin, à ce que ce secteur du pays se soit enrichi d’autant de nouvelles constructions ! Et surtout que les prix aient à ce point pu prendre l’ascenseur ! Rien qu’une simple nuit à l’Hôtel sur place, c’est déjà le coup de fusil !
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Ma figurine favorite du Monopoly de mon enfance était le cochon. Cet animal était probablement un symbole porteur de chance local à l’époque sachant que l’autre figurine dont je me souvienne était un petit ramoneur portant une échelle sur son dos. Mais la figurine porcine n’existe plus. Pas même dans ma bonne vieille boîte de jeu personnelle : Une réelle déception en ouvrant la boîte. Et je n’ai pas trouvé de photo souvenir nulle part sur la toile, pouvant attester de son existence historique ! D’où ce dessin inspiré de ce souvenir lointain et mis au goût du jour…
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P.S. : Ha ! Mystère élucidé ! Je viens de trouver ma réponse sur internet :
“Avoir eu de la chance se dit en allemand «Schwein gehabt», (avoir eu du cochon) “
( Je connaissais cette expression, mais n’avais jamais pu faire le lien avec la figurine )
La boîte de jeu de mon enfance était une version suisse-alémanique !
Je poussais mon chariot en me dirigeant vers la soute de chargement de mon astronef dans le parking d’un centre commercial, quant un bambin installé dans le cockpit du caddie qui me précédait, m’a désigné en affichant un large sourire et en criant :
– Papaaa !!!
C’est sans vouloir le contredire, que je l’ai cordialement salué à mon tour d’un profond et caverneux :
– Hello… Luke !
Il faut dire que je portais mon masque respiratoire noir, mon long manteau d’hiver noir et mon couvre-chef noir. Ce qui n’était évidement pas d’une grande originalité sous les étoiles…
De toute manière, de mémoire de maître de l’univers, je ne m’étais jamais encore aventuré sur une orbite proche de celle de cette progéniture autoproclamée et toute évidence, ne m’étais jamais approché non plus du champ d’attraction de sa génitrice. Et puis cette descendance présumée comptait en tout et pour tout déjà trois têtes blondes fort remuantes. C’était carrément une trilogie ! Un escadron de triplés, visiblement prêt à venir foutre le boxon dans mes quartiers si ce n’est jusque dans les confins les plus reculés de l’Empire !
Chose étonnante hier, c’est en remuant le passé entassé dans un carton d’archives, que j’ai retrouvé mon carnet de vaccination. S’agissant d’un thème brûlant en ce moment et puisqu’on me l’avait demandé le jour de ma première injection anti-covid-19, cette trouvaille inattendue a été l’occasion d’une petite réflexion…
Je constate que ce carnet est quand même assez bien rempli en fin de compte. A part celles qui me paraissent évidentes, je ne sais même pas exactement contre quelles maladies j’ai été protégé. Mais dans mes souvenirs, mon préféré était celui contre la poliomyélite, parce qu’il suffisait d’avaler le contenu d’un petit gobelet de liquide sans avoir à me soumettre au supplice de l’aiguille. Je me rappelle aussi qu’en ces temps-là, à mes yeux en tout cas, les bénéfices de la vaccination ne prêtaient pas tellement à discussions et qu’on s’y pliait avant tout pour le bien collectif.
Ceci me laisse l’impression que dans le passé, la population était particulièrement disciplinée et consciencieuse et que de nos jours, on dirait que tout ça, c’est un peu devenu le foutoir.
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Dans le même carton d’archives, il y avait également mes carnets de notes scolaires. En y jetant un coup d’œil curieux, j’y ai décodé des annotations manuscrites de mes profs que je n’avais encore jamais lues jusqu’ici.
Et là, c’est une autre impression qui m’a sauté à la figure : Apparemment à l’école, c’était moi qui étais très indiscipliné et loin d’être consciencieux. C’était moi qui mettais le foutoir dans la classe. Alors qu’il me semblait comme ça en toute innocence que je n’avais été qu’un gamin lambda sans problèmes ou presque… En réalité, j’étais passé à deux doigts d’une prescription de Ritaline ou équivalent…
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Et sur le thème brûlant de la vaccination en ce qui me concerne, je préférerais ne pas voir apparaître un mutantencore plus dévastateur de ce virus. Une erreur de copie nettement plus virulente que l’original qui décimerait la moitié de la population mondiale en quelques semaines… Mais il est fort possible aussi, que je regarde bien trop de films d’épouvante et que ça biaise tout ou partie de mes capacités de jugement.
C’était à l’occasion de fêtes de Noël que J’avais reçu mon tout mon premier téléphone portable. Il était temps car j’avais déjà deux ans d’âge révolus au compteur !
Au prime abord c’est vrai, j’avais l’air ravi de ce cadeau… Mais le modèle en question n’avait pas d’écran tactile, était dépourvu de caméras et était exempte d’interface sans fil Bluetooth !!! Pire, il fallait carrément une sacoche de bûcheron pour le trimballer sur le terrain. Et j’étais sensé retenir par cœur tous les numéros de mes futurs interlocuteurs !
Alors évidement, je n’avais pas attendu une seconde de plus pour tenter de contacter ma planète d’origine à l’aide de cette technologie primitive, faute de mieux. J’avais insisté pour qu’on m’envoie une soucoupe volante de sauvetage dans les plus brefs délais…
Évidement que je suis resté un grand enfant ! Même si en grandissant, j’ai complétement occulté certaines terreurs récurrentes de mes plus jeunes années !
Aujourd’hui par exemple, je n’ai plus la moindre pointe d’hésitation et ne ressens plus de pincée de frayeur avant de poser les pieds à terre en quittant les hauteurs réconfortantes de mon berceau !
Les chances qu’il existe une quelconque créature planquée sous mon lit, capable de patienter durant de nombreuses heures, que sa seule proie loin à la ronde ose enfin se risquer à découvert, sont tombées à zéro.
Mais tout ça, c’est surtout parce qu’avec les années, ma notion du temps a énormément évolué !
Et puis à cette lointaine époque, je redoutais une sorte de crocodile. Une créature physiquement assez plate et volontiers silencieuse et immobile pour se sentir éternellement à l’aise dans un espace aussi retreint en hauteur entre un grillage de ressorts grinçants et une descente de lit poussiéreuse.
Mais l’hypothèse qu’il puisse s’agir d’un cocodrille assez allergique aux eaux stagnantes pour préférer squatter mon parquet ciré, a également au fil du temps perdu en crédibilité dans mon jeune esprit. En général dans la nature, un prédateur digne de ce nom est doté sur mesure des meilleures évolutions facilitant les captures qui assureront sa survie. Et dans ce cas, la gueule horizontale du croco ne me semble plus vraiment être le concept idéal pour se saisir d’une paire de chevilles bien verticales au saut du lit. Parce que ce lézard géant mal intentionné ne disposerait pas de l’espace nécessaire sous plafond pour l’ouvrir en grand ou pour pivoter sur son flanc pour adopter une position plus favorable à une attaque efficace de mollets…
Non ça y est, le croco sous le sommier, on me la fait plus. Mais tout ça, c’est aussi parce qu’avec le temps, mes facultés en vision spaciale tridimensionnelle et mes connaissances en cinématique ont considérablement évolué !
En fin de compte, ce serait bien mieux si le monstre sous le lit serait une sorte de serpent-limace ou de pieuvre extra-plate… Ah c’est bête, j’aurais du y penser plus tôt.
Si je me rappelle bien, la première fois que je suis tombé raide-dingue d’une attirante jouvencelle, je n’étais encore qu’âgé d’une dizaine d’années. C’était durant la saison d’hiver aux alentours des fêtes de fin d’année.
Suite au décès de son paternel, cette charmante demoiselle était devenue la domestique de sa belle-mère. A la maison, elle était maltraitée et contrainte de se charger des tâches ingrates.
En plus d’être belle comme le jour, elle était chaleureuse et espiègle, Mais aussi très en harmonie avec la nature environnante. Elle m’avait ensorcelé ! Jusque-là je ne m’étais encore guère laissé envoûter par les filles : Je me destinais à vivre une existence d’aventurier indomptable et sauvage !
J’avais par la suite gravé l’intensité de ce déchainement de sentiments dans mon recueil d’enthousiasmes de référence ! J’étais dès lors prévenu, qu’au cours de mes futures pérégrinations, je risquais fort de connaître d’autres bouleversements d’une magnitude comparable. Je me trouverais un jour ou l’autre incapable de rester de marbre et de poursuivre ma route solitaire.
Je n’avais eu la chance de revoir la pétillante créature qu’à la même période de l’année suivante. Et mon juvénile palpitant s’était à nouveau affolé : Je ressentais une passion dévorante et durable pour cette ravissante inspiratrice. C’est là que j’ai appris que l’amour pouvait durer très longtemps : Une année, ce n’était pas rien !
Ce n’est que dans une troisième phase que je me suis pris mon premier râteau. Par la force des choses, mon aveuglement langoureux s’était atténué. Alors que je n’avais d’yeux que pour elle, les siens n’avaient cessé de loucher en direction de ceux d’un fils à papa de la haute société. Et elle s’obstinait à vouloir aller s’embourgeoiser dans le château de cet énergumène.
Et voilà. C’était le résumé de ma première simulation de situation amoureuse. Heureusement pour me préserver un peu, elle était fragmentée en trois étapes distinctes.
Depuis quelques semaines déjà, le bruit court que le PèreNo 2020 serait un super-propagateur ! Cette année, il serait préférable de ne pas croire en lui et si ce n’est pas possible, il est alors recommandé d’aller se coucher tôt à une distance d’au moins 15 mètres de sa cheminée de salon, de son sapin et de sa chaussette. Et ceci, au minium une heure avant le début de sa tournée et après avoir bien aéré la pièce. Les couche-tard, les somnambules et les insomniaques doivent être informés qu’en cas de rencontre fortuite avec le PèreNo 2020, il sera impérativement équipé du scaphandre de protection officiel (voir photo ci-dessus). Et que si cela ne devait être le cas, il s’agirait vraisemblablement d’un imposteur, éventuellement animé d’intentions mercantiles ou suspectes et il serait alors plus que jamais impératif de respecter les mesures de distanciation sociale et celles des gestes barrière.
Pour rappel, l’année passée déjà, le pèreNO (le vrai) avait déjà pris toutes les dispositions nécessaires en vue de la future crise sanitaire pour assurer ses livraisons par drones, entre autres pour ne plus avoir en personne, à quitter son quartier général. (voir lien ci-dessous)