Je suis très méfiant. J’ai peur de l’inconnu et je crains les gens.
J’aime avoir le contrôle, la maîtrise des événements…
D’ailleurs je ne me rends à aucun mariage ni à aucun enterrement.
Je reste terré chez moi pour éviter tout risque d’accident
Je suis très prudent. J’ai peur de la vitesse et je crains les vents
Jamais je ne prends la parole, j’aime savoir ce qui m’attend
Je préfère garder mes distances et agir calmement
Je suis asocial, renfermé et plus personne ne me comprend
Hier encore lors de ma dernière psychanalyse
Il m’a dit qu’il serait grand temps de boucler mes valises
Et de partir à l’aventure du côté de Venise
Qu’on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise
Alors j’ai empoigné à deux mains le restant de mon courage
J’ai décidé soudainement de tourner une page
J’ai démoli pierre par pierre le mur qui faisait barrage
Et je n’ai pas emporté de méfiance dans mes bagages
A la gare j’ai décidé de retrouver le sourire
Puis j’ai laissé sur le quai le passé qui me faisait souffrir
Je suis monté dans le train en partance pour l’avenir
Et pour une fois je n’imaginais plus d’abord le pire…
Je me baigne dans le bonheur alors que je ne sais pas nager
Plonge la tête la première dans un océan de plaisirs déchaîné
Coule des jours heureux, par les tumultes des flots, me laisse emporter
Et noie mes peurs dans les courants de chaque nouvelle marée.
Mais lorsque les larmes du ciel martèlent le pavé
Quand soudain le fond se dérobe et je n’ai plus pied,
D’un coup sec je déploie mon grand parapluie
Et je me réfugie dans ma petite bulle de nostalgie.
Je frôle les murs de la ville déserte tant que s’abat l’averse
Sur moi toutes les calamités du monde se déversent
Les eaux sont troubles et je ne vois plus que gouttes
Qui emplissent à ras bord le réservoir de mes doutes
Elle m’avait dit que les orages je devrais les affronter
Prendre conscience qu’il serait temps de me mouiller
Qu’il n’y a rien de plus rafraîchissant dans la vie
Que de courir au devant d’un torrent de pluie
Nul besoin de grimper au dessus des nuages
Pour échapper à cette crainte obsessionnelle du naufrage
Alors j’embarque quelques bonnes doses d’audace
Et me déleste de cette épaisse et lourde carapace