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La promenade dominicale

arc en ciel

Dis mon poussiéreux crapouillot d’amour. On pourrait sortir se promener un peu ? C’est dimanche et il y a un beau rayon de soleil…

– Mais ma remuante biche en nougat, regarde dehors, il pleut comme vache qui pisse de bon matin !

Ho mais l’antique pachyderme paralysé que voilà ! Tu me réponds cela parce que tu ne veux pas décoller ton arrière-train du canapé !

– Ecoute ma grosse limace engourdie, si tu ne distingues plus les gouttes de la pluie, c’est qu’il te faut une paire d’épaisses lorgnettes !

Dans tous les cas, j’y vois suffisamment clair pour pouvoir contempler en détail toute la splendeur de ta mauvaise foi, vestige d’athlète rouillé !

– Mais tu devrais y aller seule ma cocotte amphibie, faire cette excursion sous ce déluge, et moi je resterai là, prêt à organiser une colonne de secours et à alerter la police fluviale…

Je crois que je vais renoncer, car j’ai bien trop peur, cher prince charmant périmé, que tu ne puisses pas réunir les forces nécessaires pour parcourir les six mètres qui te séparent du combiné téléphonique !

– Ah enfin mon ensorceleuse défraîchie, tu entends mon appel à la prudence, et te résignes à ne pas aller braver cataclysmes et inondations ! Te voilà revenue à une attitude sage et avisée !

Oui finalement je vais rester au sec, au pied de l’imposant mur étanche de ta perfidie, mon inamovible fossile adoré. Mais je t’avoue que par le passé, je t’ai connu plus sensible aux plus timides des rayons de soleil !

– Je te suis reconnaissant de ne pas me laisser seul ma grosse dinde antédiluvienne. Tiens, pendant que tu te sens animée par toute cette prodigieuse activité, tu ne pourrais pas aller me chercher une bière fraîche dans le réfrigérateur ?

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Republication d’une tranche de vie sortie des archives

Waterproof

 

Je me baigne dans le bonheur alors que je ne sais pas nager

Plonge la tête la première dans un océan de plaisirs déchaîné

Coule des jours heureux, par les tumultes des flots, me laisse emporter

Et noie mes peurs dans les courants de chaque nouvelle marée.

 

Mais lorsque les larmes du ciel martèlent le pavé

Quand soudain le fond se dérobe et je n’ai plus pied,

D’un coup sec je déploie mon grand parapluie

Et je me réfugie dans ma petite bulle de nostalgie.

 

Je frôle les murs de la ville déserte tant que s’abat l’averse

Sur moi toutes les calamités du monde se déversent

Les eaux sont troubles et je ne vois plus que gouttes

Qui emplissent à ras bord le réservoir de mes doutes

 

Elle m’avait dit que les orages je devrais les affronter

Prendre conscience qu’il serait temps de me mouiller

Qu’il n’y a rien de plus rafraîchissant dans la vie

Que de courir au devant d’un torrent de pluie

 

Nul besoin de grimper au dessus des nuages

Pour échapper à cette crainte obsessionnelle du naufrage

Alors j’embarque quelques bonnes doses d’audace

Et me déleste de cette épaisse et lourde carapace