Admin Blues

Je peux décider en une fraction de seconde de me casser la tête avec des trucs de dingo, me montrer ultra-motivé et passer en vitesse lumière pour les accomplir ou les résoudre, mais dès qu’il s’agit de m’attaquer à ce qui touche à l’administration de mon moi citoyen-contribuable, c’est en un éclair que je me métamorphose en mollusque apathique sous somnifères devant une grosse feuille de laitue peu appétissante.

Sachez dès lors qu’AdminMan le super-administrateur-fiscaliste masqué, il est scientifiquement impossible que ce soit moi ! Même sous cryptonite ! Parce que lui, il saurait instantanément comment optimiser ma fiscalité pour en fin de compte, ne pas même avoir à en payer des impôts. Lui, il connait les combines pour ne pas avoir à s’appliquer à écrire en caractères lisibles au stylo à bille (mais surtout pas au crayon de papier) à l’intérieur de toutes les petites cases d’une flopée de formulaires officiels. Et au pire, il a des sbires qui sont prêts à se farcir le “sale boulot” à sa place.

Et ce n’est pas parce que je n’y comprends rien que je relègue volontiers la discipline fiduciaire au dix-huitième plan. Je pense que c’est simplement à cause de cette pesante notion de rigidité qui prédomine dans ce domaine. Je crains fort que ce ne soit que la simple idée de devoir me plier en mille face à ce rigorisme bureaucratique qui me pétrifie d’entrée de jeu.

Et j’ai beau mettre en place toutes les incitations nécessaires afin de me contraindre à choper le taureau de Wall Street par les cornes, de soigneusement ignorer toutes les attractions distractives, de verrouiller toutes les sorties de secours et de condamner les échappatoires et même de ranger ma créativité au vestiaire : Rien n’y fait : Je suis très vite foudroyé par une léthargie inhibitrice et ce, souvent même avant le terme de la mission.

Heureusement que je n’avais pas opté pour une profession à plein temps dans une quelconque filière administrative ! Sans quoi je crains fort que j’aurais rapidement fait un bore-out conforme à l’article 518 bis du 6ème volume de l’encyclopédie des pathologies modernes. Ou alors, j’aurais tout aussi bien pu perdre pied et me noyer au milieu d’un océan de chiffres noirs.

C’est donc par pur réflexe défensif, qu’en général je repousse le traitement de ma paperasserie à des jours meilleurs. Des jours comme il n’en arrive le plus souvent que sous la forme d’un rappel avec dernier délai en caractères gras soulignés ou d’une sommation d’usage.

Évidemment, je pourrais implorer mon percepteur pour qu’il m’accorde un léger report d’échéance destiné à me permettre de souffler encore un peu. Là-dessus je crois, qu’il y aurait quand même encore une petite marge de flexibilité de négociable.

Mais comme je n’ai pas vraiment d’autre option que de toujours rester au moins un tout petit peu créatif dans chacune de mes actions, je préfère encore l’imaginer me répondre comme suit :

-Une prolongation ?? Alors là, mon cher Monsieur, je ne vais pas y aller par 4 chemins : Vous pouvez aller vous faire cuire un 9 ! J’attends l’envoi de vos documents dûment remplis et signés dans les 3 jours et sans fautes ! C’est ça, ou je vous colle un 0 pointé et des frais administratifs sur les 2 prochains exercices !

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Bon allez, ce n’est pas l’tout des choux, l’heure tourne et il faudrait vraiment que je m’en retourne au plus vite à mes petits calculs de boutiquier !

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Une rare photographie du “Chief Executive Officer” de la société AdminMan Limited se tournant, il faut bien le dire, un peu les pouces pendant un conseil d’administration …

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