Plaie circulaire profonde à l’arrière du talon. Diverses lésions sous forme de bouloches macroscopiques et traces d’abrasions consécutives à des séjours réguliers et prolongés dans l’eau. Forte décoloration homogène pouvant être imputée à des lessives à température inadéquate et/ou à des séjours prolongés au soleil. Aucune trace apparente de résidus de jus de chaussette. Absence de mutilations significatives au niveau des tissus des orteils. La recherche de toxiques n’a révélé aucune substance suspecte dans les tissus. Présence évidente d’un élastique de qualité qui aurait facilement pu survivre quelques années de plus.
aspect intérieur
Absence totale de pied et de projectile à l’intérieur du macchabée. Pas de trace évidente de balle dans le pied.
aspect administratif
Trépas du sujet consécutif à une combinaison de causes naturelles.
C’est la photo d’un écureuil retrouvée dans mes archives. J’avais eu ce petit coup de chance en me trouvant au bon endroit au bon moment…
S’il est là, c’est parce qu’aujourd’hui en traversant un village au volant de mon véhicule, je me suis arrêté pour laisser un autre écureuil traverser la route : La situation avait ceci d’insolite qu’il était parfaitement “dans les clous” : il empruntait le passage piéton et a même marqué une courte pause à son arrivée sur l’ilot central ! J’ai déjà vu nombre de piétons bien moins prudents que lui ! Et encore un bon point à mettre sur le compte de la biodiversité, je me suis dit…
On entend souvent dire que nous sommes incapables d’apprendre de notre histoire.
Pourtant pour ma part, je suis persuadé que mes différents ancêtres m’ont transmis un certain nombre d’informations importantes et vitales et qu’elles sont contenues dans les séquences de notre patrimoine ADN.
Appelez ça l’instinct si vous voulez. Moi, j’ai baptisé cette chaine de transmission, les tatouages génétiques.
Exemple : Lors d’un séjour en Asie du Sud-Est, alors que je me trouvais dans l’incapacité de décoder les propositions d’une carte de menus, j’ai délégué en toute confiance à un autochtone, le choix de composer mon repas. C’est ainsi que je me suis retrouvé perplexe, devant une assiette occupée par un poisson de couleur bleu-électrique couché sur son flanc gauche, sur son assortiment d’algues du terroir.
C’est à ce moment précis qu’un tatouage gravé dans mes gênes par un ancêtre prédateur marin ayant vécu il y a quelques centaines de millions d’années m’a alerté : Attention ! Un poiscaille de cette teinte et en particulier dans cette nuance-là ne présente pas l’aspect minimal requis en terme de comestibilité ! Il pourrait même être potentiellement mortel ! Ma survie ainsi que celle de ma future descendance dans cette biodiversité sans pitié pourrait à cet instant dépendre de ce premier coup de fourchette ! J’ai donc encore délégué aux convives attablés le soin de goûter les premiers, au produit de cette pèche suspecte. La chair de cette grosse truite de carnaval exotique était blanchâtre et donc plus appétissante. Mais c’est conformément à la directive historique, que je me suis gardé d’en ingurgiter la moindre écaille. Je ne disposais vraisemblablement pas encore comme les autochtones, des évolutions successives nécessaires à en consommer, sans avoir à subir ensuite, une interminable série de crampes d’estomac !
Un autre marqueur ancestral inséré dans mon code serait également à la source d’une ancienne et autrement inexplicable phobie des crabes : Un animal qui à ce jour ne m’a jamais pincé ni même menacé. Et pourtant, un fort réflexe défensif m’a toujours poussé à garder mes distances. Je n’ose pas imaginer ce qui a pu arriver à l’aïeul qui m’a transmis ce conseil alarmant: Il avait probablement du glisser par mégarde dans un grand panier de crabes et avait du y passer bien plus qu’un sale quart d’heure ! Brrr ! Terrifiant !
Il y a aussi dans mon catalogue de messages héréditaires, celui qui me recommande sous forme de clins d’œil depuis ma jeunesse, de me mettre en chasse d’une séduisante violoncelliste germanophone. Je suppose que mon arrière-arrière-+-grand-père était un mordu de musique classique et que, du côté de Düsseldorf, il était subitement tombé raide-dingue d’une virtuose de l’archet lors d’un concert philharmonique. Et puis qu’ensuite ils vécurent si heureux qu’il en ait souhaité m’en léguer l’intensité sous forme de suggestion explicite mise en évidence dans notre cryptogramme…
Mais voilà qu’étant tombé tout petit dans la marmite du rock n’roll, son coup de pouce n’a pas pu se concrétiser en ma faveur et que j’ai dès lors du en retransmettre l’inspiration aux suivants. Des fois que cette incitation influencerait favorablement le bonheur d’un proche ou lointain descendant !
Mais si d’aventure une manipulation de dernière minute du destin devait encore se réaliser dans ce sens, c’est avant de m’engager et afin d’éviter toutes formes de conflits pré-nuptiaux, que je commencerais par prendre connaissance de ses préférences en matière de poissons et de crustacés….
J’avais remarqué que mon mulot commençait à montrer des signes de faiblesse et puis, l’autre jour, alors que je l’avais emmené en voyage dans ma sacoche, c’est de retour sur son coin de tapis, que je l’ai trouvé… en toute petite forme … j’irais même jusqu’à dire … un peu agonisant…
Évidement j’ai commencé par suspecter une défaillance de mon système d’exploitation, mais non. Alors j’ai tout tenté pour le ramener à la vie… En ronchonnant intérieurement, que tout devrait être réparable en quelques clics, que notre société de consommation nous engloutira tous sous des montagnes de déchets et aussi, en maudissant les égarements de l’obsolescence programmée etc… etc…
Malheureusement, son état de santé ne s’étant toujours pas amélioré après un jour de congé-maladie, j’ai du me résoudre à aller en adopter un autre. Et cette fois, j’ai opté pour une jolie petite souris toute fringante destinée à aller très loin…
Et je dois reconnaître qu’aujourd’hui, je clique et je roule juste pour le plaisir !
Parce que j’ai vite compris rien qu’au ressenti, que mon bon vieux mulot m’avait rendu de fiers services durant de nombreuses années et qu’il méritait sa retraite. Je suppose même qu’à l’heure qu’il est, il doit être monté dans le cloud…
J’ai plaqué mes deux pouces bien à plat sur les poignées de mes bâtons, pris une profonde respiration, fermé les paupières et ai improvisé une séance de spiritisme :
– Esprit de compétition, est-tu là ???(écho, 3x)
Mais c’est hélas sans réponse de l’intéressé que j’ai du m’élancer sur la piste…
Il s’agissait d’une course de rattrapage. A vue de nez, je portais un numéro de dossard situé entre cent-quarante et deux-cents.
La veille, j’avais tenté de me soustraire à vie à une participation éventuelle à cette épreuve. J’aurais accepté sans ronchonner d’être classé bon dernier sur simple entente forfaitaire. Mais c’était le règlement qui stipulait que mon temps à l’arrivée et mon classement se devaient de figurer, avec ou sans mon consentement, dans le petit carnet officiel de mes exploits sportifs personnels.
J’avais conscience que mon échantillon d’esprit de compétition reposait en paix dans un congélateur et pouvais présager que nos fédérations nationales des sports d’élite allaient sans doute devoir se passer de mes futurs titres et médailles.
La trace labourée par les volontaires était profonde et le parcours avait été consolidé par un impitoyable gel nocturne. L’existence de ce sillon verglacé présentait un avantage certain pour moi : Je n’aurais donc pas à décoder la configuration des portes suivantes à chaque virage. Je pouvais slalomer sans prises de tête à condition de ne pas m’éloigner de l’ornière. Mais c’est pourtant en me concentrant sur le point de fuite de la trace, qu’une vision prémonitoire m’a propulsé sur la pente impressionnante d’un champ de neige poudreuse toute fraîche : Je m’y suis vu en train de godiller comme un expert du déhanché en figures libres ! Et j’étais chaussé de skis miraculeusement raccourcis de moitié.
Puis j’ai franchi le portique d’arrivée sans avoir raté une seule porte et surtout sans me faire éjecter du tracé par l’imprévisibilité des éléments. Et bien évidement aussi, sans arracher un chrono digne d’une place d’honneur sur une marche du podium.
C’est à partir de ce jour-là, que j’ai cessé d’invoquer le spectre de mon esprit de compétition et que j’ai adopté ma vision plus personnelle des plaisirs des sports d’hiver. Évidement mon adaptation à la godille dans les champs de poudreuse n’a pas été aussi instantanée que dans ma vision. Mais l’avantage était que quand, avant de me lancer, j’invoquais le soutien de mon esprit de contradiction, il était toujours au rendez-vous !
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< Ce petit rappel pour informer les anticonformistes que pratiquer le hors-piste peut aussi se révéler être une activité dangereuseet qu’elle est fortement déconseillée selon les périodes et les endroits. >
Résultat final d’une esquisse qui dormait depuis des semaines sur mon tableau d’affichage et qui a l’origine faisait partie de l’ébauche d’une histoire que j’avais l’intention d’écrire… ( Ca ne parlait pas d’assiéger une citadelle en enfonçant une porte )
Je lui trouve une dimension symbolique intéressante et c’est une illustration qui peut se prêter à de multiples interprétations. Et ma foi tant pis pour cette idée de texte qui m’avait laissé en panne d’inspiration. Elle germera peut-être plus tard et d’une autre manière.
En fin de compte, la vie sur cette planète n’est rien d’autre qu’un grand piège à addictions et un joli bourbier à obsessions !
Moi en ce moment par exemple, je vois bien que j’abuse un peu sur le salé. Alors que pour tout le reste, il serait difficile d’être encore plus raisonnable…
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( Évidement dans l’image, il en manque… Il s’agira de les inclure dans la bulle “came” )
-Dis, tu savais que j’ai failli devenir cascadeur ?
-Ben non ! T’étais un casse-cou toi ?
-Oui, c’était ancré dans ma nature profonde !
-Mais finalement, tu ne l’es pas devenu ?
-Disons que je ne n’ai pas pratiqué longtemps dans cette discipline. C’était parce qu’en même temps, j’étais aussi un casse-pieds !
-Tu veux dire que tu étais pointilleux ? Comme sur le respect des règles de sécurité par exemple ?
-Entre-autres, oui. On m’a vite reproché ma tendance à pétouiller avant d’aller au casse-pipe. Tu vois, c’est un domaine dans lequel, les risques sont calculés avec la plus grande précision. Et la mise en place aussi, elle doit en tous points correspondre à celle qui avait été définie en amont dans un cahier des charges détaillé.
-J’imagine ! C’est que ça reste extrêmement casse-gueule comme profession et que tu ne peux rien laisser au hasard !
-Je ne voudrais pas passer pour un casse-bonbon avec cette histoire, mais le mieux serait peut-être que je te raconte l’une de mes expériences concrètes…
-Tu peux y aller, j’ai tout mon temps !
-Un jour, j’avais pour mission d’effectuer un grand plongeon spectaculaire dans le bassin bouillonnant d’un torrent. Je devais m’élancer du haut d’une falaise abrupte. Alors, je m’étais préparé avec le plus soin pour assurer la réussite de cette performance. En gros, je n’allais pas aller au charbon pour un simple bond dans l’inconnu !
-Mais à la dernière minute, tu n’as pas pu te retenir de chipoter sur un détail ?
-Alors ça tu peux le dire ! Quand je suis arrivé sur les lieux de mon exploit, il n’y avait même pas de cascade ! A la place, il y avait juste une toute petite chute de merde… Bon, t’en reprends une ?