Category Archives: Déballages (poésie modeste)

Volages escapades

De passer avec moi cette prochaine fin de semaine ça te tente ?

Mon épouse est partie au loin au chevet de sa vieille tante…

Tiens comme ça ton mari s’est encore absenté en voyage d’affaires ?

Et il a été incapable de se souvenir de la date de ton anniversaire ?

 

Retrouvons-nous dans un hôtel de charme dont voici l’adresse,

Oublions nos vies barbantes dans la chambre des tendresses !

Enfermons-nous dans une bulle que personne ne pourra transpercer,

Barricadons-nous dans une suite royale de mille plaisirs débridés…

 

Entre deux petites parenthèses enfermons nos existences rangées

Derrière ce numéro sur la porte abandonnons nos promesses de fidélité

Trahissons nos serments et consommons de voluptueuses journées

Retrouvons le sourire des siestes coquines et des chandelles du dîner

 

C’est étrange sa veille tante vient d’appeler et elle n’avait pas l’air malade

Tu devrais peut-être vérifier si ton mari ne t’a pas raconté des salades

Mais avant de la signaler portée disparue, ce lundi je préfère attendre

Quand nous serons rentrés de notre petite fugue secrète et tendre…

 

 

Méfiance, méfiance !

 

Je suis très méfiant. J’ai peur de l’inconnu et je crains les gens.

J’aime avoir le contrôle, la maîtrise des événements…

D’ailleurs je ne me rends à aucun mariage ni à aucun enterrement.

Je reste terré chez moi pour éviter tout risque d’accident

 

Je suis très prudent. J’ai peur de la vitesse et je crains les vents

Jamais je ne prends la parole, j’aime savoir ce qui m’attend

Je préfère garder mes distances et agir calmement

Je suis asocial, renfermé et plus personne ne me comprend

 

Hier encore lors de ma dernière psychanalyse

Il m’a dit qu’il serait grand temps de boucler mes valises

Et de partir à l’aventure du côté de Venise

Qu’on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise

 

Alors j’ai empoigné à deux mains le restant de mon courage

J’ai décidé soudainement de tourner une page

J’ai démoli pierre par pierre le mur qui faisait barrage

Et je n’ai pas emporté de méfiance dans mes bagages

 

A la gare j’ai décidé de retrouver le sourire

Puis j’ai laissé sur le quai le passé qui me faisait souffrir

Je suis monté dans le train en partance pour l’avenir

 

Et pour une fois je n’imaginais plus d’abord le pire…

A fleur de crapaud

 

grenouille_2

Quand je n’étais encore qu’un brave petit têtard,

Je n’imaginais pas une seconde qu’au delà de mon nénuphar,

A l’autre bout de mon marécage sur la rive de la grande mare

Attiré par le parfum de la fleur inconnue en goûtant au fruit du hasard

Comme si j’étais subitement devenu le plus chanceux des veinards

Un jour plus rien ne me paraîtrait étrange, inquiétant ou bizarre…

 

Je ne ressens presque plus de peurs

Sans doute par la magie du bonheur

 

 

Waterproof

 

Je me baigne dans le bonheur alors que je ne sais pas nager

Plonge la tête la première dans un océan de plaisirs déchaîné

Coule des jours heureux, par les tumultes des flots, me laisse emporter

Et noie mes peurs dans les courants de chaque nouvelle marée.

 

Mais lorsque les larmes du ciel martèlent le pavé

Quand soudain le fond se dérobe et je n’ai plus pied,

D’un coup sec je déploie mon grand parapluie

Et je me réfugie dans ma petite bulle de nostalgie.

 

Je frôle les murs de la ville déserte tant que s’abat l’averse

Sur moi toutes les calamités du monde se déversent

Les eaux sont troubles et je ne vois plus que gouttes

Qui emplissent à ras bord le réservoir de mes doutes

 

Elle m’avait dit que les orages je devrais les affronter

Prendre conscience qu’il serait temps de me mouiller

Qu’il n’y a rien de plus rafraîchissant dans la vie

Que de courir au devant d’un torrent de pluie

 

Nul besoin de grimper au dessus des nuages

Pour échapper à cette crainte obsessionnelle du naufrage

Alors j’embarque quelques bonnes doses d’audace

Et me déleste de cette épaisse et lourde carapace

Tirez pas sur l’opulence !

Même si je ne suis pas un de ces banquiers notoires,

Qui risquent si gros afin d’empocher sans risques de gros pourboires,

 

Même si je ne suis pas l’un de ces sympathiques ramoneurs

Qui récurrent votre cheminée au tarif du porte-bonheur

 

Même si je ne suis pas votre précieux et lucratif garagiste

Qui ne se salit plus les mains au préalable d’un devis irréaliste

 

Même si je ne suis pas le coiffeur de votre épouse

Qui à un cheveu près vous délestait de tout votre flouze

 

Même si je ne suis pas votre plus aimable dentiste

Dont le prix de la place par spectacle semble tout sauf altruiste

 

Même si je ne suis pas l’opérateur de tous vos appels

Qui vous fournit de profitables minutes de communication à la pèle

 

Même si je ne suis pas de la même essence que votre pompiste préféré

Dont le barème vous permet juste de rouler sans trop vous faire rouler

 

Même si je ne suis pas votre scrupuleux percepteur

Que votre ruine prochaine ne semble pas faire trembler de peur

 

Je suis celui qui vous vendra sa gourmandise onéreuse

Qui vous laissera derrière la langue un arrière-goût d’exorbitant

 

Qui vous présentera les conditions audacieuses et l’addition douloureuse

Pour légitimer réussite et prospérité, justifiant de cette facture, le montant !

La porte-bonheur

Petite porte de sortie qui me transporte,

Vers la lumière et les espaces de toute sorte

Quand la monotonie des murs m’insupporte

Que la solitude m’inconforte

 

Petite porte d’entrée qui me réconforte,

Fermée à double tour sur les richesses que je rapporte

De mes excursions distantes de porte-à-porte

Lorsque plus rien d’autre n’importe…

 

Pas de symphonie en soliste

 

Sans même m’y attendre j’ai soudain trouvé l’accord parfait !

Combinaison harmonique magnifique et mélodie des frissons…

A en vouloir former un duo pour jouer de concert la partition !

 

Cependant cet accord magique n’empêche pas les fausses notes

Parfois sur la portée même les double-croches ont la tremblote

Et me revient l’envie de balancer instrument et clé de sol

 

Jouez-vous aussi et en fanfare votre accord enchanteur

Mais de grâce ne déformez pas trop le mien dans vos cliques

Composez votre arrangement et en avant la musique

 

Il m’arrive de préférer jouer dans mon coin en soliste

Quelquefois je veux être du plus grand des orchestres

De temps à autres je me trompe maladroitement de registre…

 

Tiens, demain je vais peut-être enfin accorder ce violon

Si je retrouve enfin son archet dans mon désordre et mes tourbillons…

 

 

Suprême enchanteresse

J’ai attendu celle qui vaut plus que l’or

Celle qui ne prend pas juste corps

Qui a plus d’un tour dans sa hotte

Formidable talent pour mouvoir la roulotte

Repérée celle qui dissipe les doutes

Qui colore qui rassure et qui écoute

Celle qui se montre plus attendrissante

Naturelle généreuse et éblouissante

 

Je devais m’évader d’un obscur labyrinthe

Ne plus y laisser de profondes empreintes

Evaporer toutes formes d’instinctive méfiance

Un accord parfait de sentiments et de confiance

 

J’ai trouvé celle qui m’est la plus précieuse

Celle qui restera la compagnie délicieuse

Qui a plus d’un projet au fond d’un cartable

Extraordinaire pétillant qui rend invulnérable

 

Le vagabond de la pleine lune

J’avais la tête dans les nuages,

A rêvasser d’équilibre et de points d’ancrage.

J’avais la tête dans les étoiles,

A divaguer de la conquête d’un monde idéal.

Croyez-le, j’étais juste un peu dans la lune,

Sans carte de mon espace ni boussole aucune.

En équilibre précaire sur la corde raide,

Exposé aux rayons d’un soleil bien trop tiède.

Je me sentais languir, pédaler dans le vide,

Et fatigué de devoir rester rationnel et lucide…

Subitement, c’est un destin qui bascule !

Là, dans la lumière juste devant le funambule,

Se dévoile l’émergence d’un univers inédit,

En marge duquel se régalera l’équilibriste en lui…

 Un funambule sur son vélocipède_suno.net

Le meurtrier du temps

J’ai un peu de temps à tuer en ce moment…

Mais pour commettre cet assassinat quelle arme je prends ?

Autant qu’il soit parfait ce crime tant qu’à faire !

Je pourrais aller le jeter d’un pont dans une rivière ?

Mais non, au bout d’une minute, il finirait par s’en sortir !

J’allais oublier qu’il s’écoule parfois sans s’engloutir…

Et si je me débarrassais de lui en l’étouffant ?

En l’empêchant de respirer l’air du temps !

Ou alors si je l’abandonnais très loin en terre inconnue ?

Quelqu’un irait t’il encore à la recherche du temps perdu ?

Et si je l’ignorais dans la seconde, le licenciais sur le champ ?

Ca le tuerait sûrement à petit feu de perdre son emploi du temps !

Et si je sabotais la machine à remonter le temps dès aujourd’hui ?

Un coup fatal dans la spirale du temps et puis tout serait fini ?

Peut-être que si je le ficelais solidement pour ne plus qu’il passe ?

Au fil du temps, il s’en irait de lui-même de guerre lasse !

C’est étrange comme soudain le cours du temps m’a semblé fluide !

Un moment fugace et voilà que je me surprends presque coupable d’un homicide !

Je vais donc laisser mon temps libre de guider mon destin.

Il semblerait que la fin des temps ne soit pas pour demain !

Dorénavant lorsque je m’ennuierai j’attendrai simplement qu’il vieillisse,

L’usure finira par le tuer lui aussi et ce, sans que sois complice

Tout ça n’est déjà plus que du passé, je ne demande plus de temps mort !

Il vient encore de gagner du temps il est vraiment très fort…

Soirée pyjama

Ne sortez pas ou alors sortez nuisette et bonnet de nuit !

Evitez les embouteillages et isolez vous de la fureur et du bruit.

A quoi bon partir pour aller transpirer dans une discothèque ?

Pour rentrer bredouille avec la tête comme une pastèque.

S’exposer aux inévitables casse-pieds et mauvaises rencontres ?

Allons, mieux vaut rester dans l’agrément familier de son antre.

Pour une fois, passez une soirée en votre propre compagnie.

Verrouillez de l’intérieur le loquet de votre porte de sortie.

Votre téléphone débranché est proclamé en dérangement.

Et pas le moins du monde de regrets quant à votre désistement !

Maintenant, appréciez le confort moëlleux de vos charentaises,

Et invitez-vous à vous installer comme chez-vous, à votre aise.

Servez-vous un grand verre de crystal de nectar de sérénité,

Et grignotez la gourmandise de la plus paisible des soirées !

Prenez le temps et saisissez la chance qu’il s’arrête…

Rien de prévu dans l’air qui fasse encore tourner la girouette !

Que sur le champ se manifeste celui qui s’oppose à cette parenthèse,

Ou alors qu’à jamais, mais au plus tôt jusqu’à demain, il se taise !

 

Le bureau des coincidences

Les coordinateurs assis devant leurs ordinateurs,

De leurs mains tirent les ficelles de ton destin.

Ils surveillent ton bonheur sur les moniteurs,

Organisent des coups de pouce et font tes lendemains.

Dans la salle de contrôle les voyants sont tous au vert

Le sujet a retrouvé sa sérénité et son rythme de croisière

Mais parfois il suffirait d’un petit rien pour qu’il s’emballe

Qu’une contrariété imprévue le fragilise et que ça tourne mal.

Un vieil expert te dit que tout est sujet à interprétation

Que tu vois ce que tu veux voir dans une spirale d’émotions

Que tes peurs enfouies parfois déforment ton sens des réalités

Puis c’est ton instinct naturel qui te conduit à te protéger.

Dans l’un des bureaux du dix-septième étage

Lors de la toute dernière réunion de crise

Les harmonisateurs du projet ont fait étalage

De toutes les mesures qu’ils ont déjà entreprises…

Le dossier de ton affaire ne sera pas classé pour autant

Ils restent là pour toi seul à surveiller leurs écrans

Ils connaissent si bien tous les détails de ta nature

Qu’au moindre signe d’alerte ils sauront prendre des mesures…

On peut imaginer son destin sous un total contrôle

Ou écrit au fur et à mesure comme dans un jeu de rôles

Une suite illogique de coïncidences et de curieux hasards

Ou encore se construire son petit monde à part…

Tu peux me demander la lune !

Tu peux me demander la lune et même davantage

Même si elle persistait à se cacher derrière les nuages

Je prendrai une place à bord de la seule fusée

Qui ira t’en chercher une gloutonne bouchée

Mais je ne pourrai pas te la décrocher, cette lune

Car elle est unique elle aussi, il n’y en a qu’une…

Le vertige du perchoir

Tout petit déjà, je me voyais tout en haut

Je voulais devenir le plus grand, le plus fort !

Comme tout le monde, j’ai grandi et me suis construit

Suis parti apprendre les ficelles d’un métier prometteur.

 

Ensuite un à un, j’ai gravi tous les échelons

Et parfois j’ai vraiment dû m’accrocher ferme

Redoubler de prudence, pour ne pas tomber de haut

Me permettant d’actionner tous les pistons nécessaires

 

Pour grimper encore j’avoue m’être appuyé sur quelques leviers

Me suis trop souvent déchargé sur des collègues

Ai utilisé des arguments de poids pour les impressionner

Tout en essayant de ne jamais écraser personne !

 

Aujourd’hui je suis celui qui manipule tout d’en haut

Je suis le grutier qui petit déjà voulait aller effleurer le ciel

C’est moi qu’on charge des travaux délicats et lourds

C’est moi qui suis fièrement perché au sommet de ma tour

 

A la conquête d’un monde inexploré

J’ai bâti des ouvrages

Ai percé des galeries

Traversé des marécages

Bravé des intempéries

Escaladé des sommets

Trimballé des fardeaux

J’ai exploré le cœur des forêts

Usé bon nombre de godillots

 

J’ai navigué dans la tempête

Ai étanché une soif de conquêtes

Combattu de vilains stratèges

Evité embûches et pièges

J’ai esquivé des menaces

Ai renforcé ma cuirasse

 

Bien sûr, parfois je me suis égaré

Me suis senti épuisé et désorienté

 

Me suis résigné à battre en retraite

Ai du accepter quelques défaites

 

J’ai du déposer bravoure, bouclier et armes

Ai abandonné mes yeux noyés dans les larmes

 

Et le lendemain, redressé comme par miracle

Je contourne encore des obstacles !

J’affronte sans peur des démons imaginaires

Cultive une parcelle de richesse sur cette terre…

( image ci dessus piquée ou vous savez puis modifiée par qui vous savez )