Category Archives: Déballages (poésie modeste)

Pieds et poings déliés

 

Sur les trop étroits sentiers de naguère,

Où je ne poursuivais qu’un combat solitaire,

 

J’en ai bavé des ronds de chapeau,

Et le vase à débordé de plus d’une goutte d’eau !

 

Ce n’était plus que pathétique fuite en avant,

Et voguait la galère, à contre-courant.

 

Mais désormais je marche sur la bonne voie,

Je me suis délesté d’un grand poids.

 

J’ai jeté aux orties mon balancier d’équilibre,

Posé pieds sur terre, commencé un nouveau livre,

 

Mon regard fixé droit dans les yeux de l’avenir

J’avance pas à pas, rien ne sert de courir.

 

Je suis mon tout petit bonhomme de chemin,

Avec mes gros sabots qui ne reculent devant rien.

 

Ma voie royale est tracée à l’encre bleue,

Et je pars y user mes bottes de sept lieues,

 

Avant de me reposer bien au chaud dans mes pantoufles,

Juste le temps de reprendre mon souffle.

 

Aujourd’hui, je préfère danser pieds nus sur la braise,

Que rester immobile sur le fil, le cul entre deux chaises…

 

 

L’insignifiante méditation bleue

On me dit parfois un peu flâneur et fleur bleue,

Et si je ne m’ouvre plus que pour attraper la lumière…

J’atteindrai encore le plus fin de ton odorat et captiverai tes yeux !

Puis je me fanerai quand s’allongera l’ombre sur la terre,

A quoi bon vouloir tant briller, se flatter, puis finir par passer aux aveux ?

Et confesser ces circonstances où l’on a confondu l’art et la manière !

On me dit parfois un peu flâneur et fleur bleue,

Et si je ne m’ouvre plus que pour boire dans ta rivière…

J’envahirai encore ta salive et bouterai à tes oreilles le feu !

Puis je me défraichirai quand se rependra la pénombre lunaire,

A quoi bon vouloir tant échanger, s’encenser, et finir par quitter les lieux ?

Verser des larmes de rosée pour avoir égaré de nombreux repères !

On me dit parfois un peu flâneur et fleur bleue,

Et si je ne m’ouvre plus que pour déposer un baiser sur ta chair…

J’inonderai encore de ma sueur ton corps généreux !

Puis je me ternirai quand sonnera une trêve dans ce plaisir de plaire,

A quoi bon vouloir tant s’aimer, se glorifier, craindre de finir malheureux ?

Crier dans la nuit pour calmer la morsure d’une douleur partenaire !

 

la prison dorée

Pauvre petite bulle d’air

Te voilà enveloppée et prisonnière

Cellule d’ambre dorée pour jolie petite sphère

Tout ton oxygène le piège a recouvert

Pour te noyer au cœur de la matière

Sans même que tu ne joues la fille de l’air

Ne te respirera plus jamais personne

Ne virevolteras plus par vent d’automne

J’espère qu’un jour tu me pardonnes

De t’avoir entraîné vers cette souricière

De laquelle je voudrais tenter de t’extraire

Te libérer pour que tu rejoignes ton atmosphère…

Quand je t’aperçois immobile juste là au travers

Je pourrais presque te caresser entre les barrières

Je voudrais pouvoir briser l’éclat de ta cage de verre

Pulvériser cette vitrine pour tout l’or de la terre

Te revoir libre comme l’air, échappée de cet enfer…

 

L’invraisemblable destinée d’Ordinaryman

 

Un mec bien, du moins l’un de ceux qui avait cherché à faire de son mieux
Un jour se décida de retirer son visiblement trop admirable déguisement !

 

Ce gars comme il faut, d’un geste arracha ce masque qui lui irritait les yeux
Et le jour suivant il cessa également d’engloutir ses fortifiants et ses calmants !

 

Ce citoyen sans histoires décida sans aviser quiconque de devenir un sale con
Le jour même il jeta aux flammes le fameux guide du gentilhomme respectable

 

Ce bougre bien sous tous rapports entama alors une fort douloureuse mutation
Et le jour suivant il s’autoproclama empereur des couillons, roi des instables

 

L’individu cessa d’offrir des bouquets, tua sa spontanée frénésie de compassion
Au petit jour, il se levait désormais pour tout contester et déclencher des rébellions !

 

Le trublion repoussa sa frontière de décence et opposa ses plus vives réactions
Et le jour suivant il supprima sa loi l’obligeant à toujours fournir des explications…