Pas vraiment compétent pour parler fringues

J’ai toujours apprécié les salons-lavoirs. Même si je ne me sens pas vraiment compétent pour parler fringues.

Parce que dans ces endroits, on ne lave pas son linge sale en famille mais entre parfaits inconnus !

En arrivant sur place, on commence par choisir une machine qui a encore la bouche ouverte, on retient un peu sa respiration, le temps d’engouffrer son lot de vêtements impropres à l’usage à l’intérieur du carrousel magique.

Puis on retient un petit peu sa conscience écologique en ajoutant un détergent efficace mais polluant, mais quand même efficace, qui se chargera du sale boulot à notre place.

Pour quelques piécettes, l’automate va se mettre à boire à volonté et se permettre de tourner en rond.

Et ici on retient un peu son impatience. On dispose dès lors de tout notre temps pour mourir d’ennui ou éventuellement improviser un brin de causette, avec le voisin ou la voisine de banquette qui le souhaite. Et aucune obligation de parler fringues, on pourra parler du temps qu’il fait, de celui qu’il va faire ou de celui qui passe.

J’ai toujours apprécié les salons-lavoirs. Même si si je ne me sens pas vraiment compétent pour parler fringues. Ça doit provenir d’une empreinte gravée dans ma mémoire par de vieux films américains. Il semblerait qu’à l’époque dans ces endroits-là, on y faisait facilement des rencontres. C’était à la fois un bon plan pour la drague et pour rester propre sur soi.

Deux exemples :

La créature de rêve que tu as repérée devant la machine numéro 23, bien avant le début de ton programme d’essorage, pouvait à tout moment décider de passer devant toi, son panier de lessive toute proprette sous le bras et laisser subrepticement tomber au sol à tes pieds, une belle pièce de dentelle…

Et toi mon bonhomme, tu avais une chance d’arracher les yeux de son magazine de beauté à une charmante lavandière installée dans la même rangée, simplement en retirant enfin de manière virile ton T-Shirt moulant pour l’ajouter au contenu de ta machine…

Épilogue

De nos jours, ce sont les applis sur smartphone qui occupent une large part du marché de la rencontre. Et j’ai entendu dire, qu’il arrive qu’on ne prenne plus même le temps de se laisser pousser les ailes du désir en se livrant à quelque tentative audacieuse élégamment camouflée   d’accessoires vestimentaires comme par exemple de la belle dentelle …

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