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La cavale initiale

Il était une fois comme si c’était hier ! J’avais été condamné pour un délit mineur qui à mes yeux méritait la clémence du jury et ne pouvait, dans le pire des cas, qu’être sanctionné d’une corvée de vaisselle assortie d’un sursis. Au lieu de cela, mon innocence n’ayant pas pu être clairement démontrée par un avocat commis d’office dont la spécialisation était plutôt les divorces de parents, j’ai été sanctionné un mercredi après-midi entier d’une assignation à résidence, dans une chambre exiguë, avec pour seule lecture pour purger ma peine, des bandes dessinées que j’avais déjà toutes lues au moins cinquante fois chacune !

Révolté par l’injustice dont j’étais la plus grande victime de tous les temps réunis, j’ai pris la décision de me faire la belle pour la première fois ! Du haut de mes quinze ans, je ne disposais alors encore que d’un très modeste casier judiciaire ce qui aurait du jouer en ma faveur durant le procès un peu expéditif qui venait de me stigmatiser à vie.

J’ai patiemment limé les barreaux de la fenêtre ma cellule avec des outils de fortune bricolés à la hâte avec ce que j’ai déniché dans un coffre à jouets et ai improvisé une échelle de corde avec des draps et des pyjamas. Une fois évadé dans la cour des promenades, je me suis faufilé discrètement le long du corridor qui mène aux parloirs pour aller m’emparer d’un cyclomoteur garé dans le garage des matons.

C’est dans le parking à l’extérieur du pénitencier que j’ai enfourché le cheval de feu qui allait fougueusement toutes affaires cessantes et pétaradantes me conduire en direction du soleil couchant, vers une nouvelle liberté dans laquelle mon innocence n’aurait jamais plus à être prouvée à quiconque !

Malheureusement, ma cavale s’est terminée plus tôt que prévu, lorsque le soleil s’était couché derrière l’horizon de ma destination secrète : Les gardiens de mon destin de l’époque, qu’on appelle parfois aussi des géniteurs, avaient deviné l’adresse de ma première planque et sont venus me cueillir sur place avec le fourgon pénitentiaire. C’est uniquement dans le but de ne pas trop aggraver ma première condamnation, que je n’ai pas opposé de résistance et me suis constitué prisonnier.

C’est après une analyse en profondeur des causes qui ont mené à l’échec de mon évasion, que j’ai sollicité une augmentation de mon argent de poche pour le cas où une récidive plus efficace devait un jour être organisée…