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Carte sur la table

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 Jo, un Joker dans la fleur de l’âge se rend chez son psychanalyste.

Depuis quelques temps déjà, il n’avait plus de chance, ne comprenait plus rien aux règles du jeu, alors il avait sombré dans une profonde dépression et souffrait de violentes angoisses.

C’est sur le conseil de son grand ami le valet de pique, qu’il s’en alla consulter une fois par semaine. Cela lui fît grand bien de pouvoir se lâcher, se mettre à table, simplement allongé sur le dos, loin de toute fièvre du jeu…

C’est suite à une peine de cœur qu’il était resté sur le carreau. Il s’était alors résigné à perdre toute bataille et à tourner le dos à la partie

Un collègue, le roi de pique lui avait confié au cours d’une partie de plaisir avoir eu une aventure sans lendemain avec la dame de trèfle, cette belle dame que lui Jo, convoitait en secret depuis le tout début de la partie.

Bien sûr, il fît mine de rien, mais cette nouvelle lui brisât le cœur, ça le mit au tapis…

A aucun moment, il n’avait eu l’occasion de se trouver seul avec à elle, pour lui dévoiler ses atouts. Et même s’il avait conscience de ne pas être un as, en matière de séduction, il pensait que lorsque son tour viendrait…  Le moment opportun, l’instant où il sortirait le grand jeu face à la dame ! Marquer des points, la séduire comme une carte de fidélité ! Caressant le fol espoir d’en faire sa carte maîtresse !

Il protesta, clama haut et fort qu’il  devait y avoir  fausse donne, mais la partie continua sans lui. Il se sentit coupé du monde ! Et préféra dès lors rester caché sous la pile.

– ” Mais quand est-ce que la chance tournera-en ma faveur ! ” se lamentait-il, abattu comme une dernière carte…

– ” Il ne faut jamais s’attendre à gagner à tous les coups, mais peut-être que la partie n’est pas encore perdue en ce qui concerne la dame de trèfle ! ” L’avait alors rassuré son thérapeute en prenant des notes sur son ardoise…

 

Sang dessus-dessous

Pierre Auguste Renoir           Les amoureux

 

– Oh bonjour Monsieur Globule…

 

– Bien le bonjour à vous, madame Plaquette !

 

– Monsieur Globule, je suis inquiète : Vous m’avez l’air très fatigué aujourd’hui ! Racontez-moi vite ! Comment s’est elle passée cette journée ?

 

– Eh bien normalement je suis tenu au secret professionnel mais voilà je vous le confie quand même, parce que c’est vous, mais ne répétez ceci à quiconque… ON a commencé la journée par faire l’amour !!!

 

– Oh, je trouve que c’est une particulièrement bonne manière de débuter une journée !!! Vous devriez arborer une mine radieuse !

 

– Je vous l’accorde. Mais voyez-vous, pour commencer il a fallu faire appel à d’importants renforts pour approvisionner un corps caverneux, et ce imaginez le, dès les prémices du réveil.

A peine tiré sans sommation d’un rêve paisible, comme j’étais de garde, j’ai du immédiatement courir à destination d’où vous savez, sur les lieux même de l’opération, pour renforcer les besoins en afflux !

Et puis vous me connaissez de réputation, je ne me laisse pas coaguler dans mon coin. J’aime le travail bien fait et voyage volontiers là où c’est chaud et où il y a des festivités au programme !

Et dans le genre d’alerte en question, l’union fait la force, chacun doit y mettre du sien conformément au consignes de l’organisation. On ne peut pas se permettre une débandade !

 

– Une fort belle intervention à en juger par votre palpitant récit ! ! Et quelle fût alors la suite du programme ?

 

-Une pause café. Le remuant liquide fût servi sous une forme très concentrée et sur un plateau sur les lieux même de l’enthousiasme.

ON est resté dans de beaux draps, bien froissés ! De quoi nous faire un sang d’encre quant à la suite des réjouissances !

Bien entendu, les battements ont repris de plus belle et dans les vaisseaux, nous avons tous été sévèrement secoués par vagues successives.

Bien accrochés, nous avons attendu une accalmie et … contre toute attente, sans ne pouvoir nous accorder aucun répit, nous avons immédiatement été remis à rude contribution…

C’était bien notre veine, si je puis me permettre une petite facétie !

 

– Ah que s’est il passé, ON a enchaîné avec une seconde tasse d’espresso ?

 

– Non ! ON a encore fait l’amour !

 

– Oh mais ON semble tenir une forme éblouissante dites moi ! J’imagine sans peine que vous vous apprêtiez à vivre une de ces trop rares mais intenses journées à caractère sportif ?

 

-Bah non quand ON se rencontre, c’est presque chaque fois pareil ! D’abord ON nous fait miroiter une grasse matinée suivie de quelques faiblards élans de tendresse.

ON est sensés se la couler douce, à profiter du repos du guerrier qui revient rompu, de longues croisades…

Il faut comprendre, nous, après avoir entendu dire que certains collègues de la concurrence sont de service de piquet uniquement le samedi et encore, le plus souvent en moyenne un sur trois, les mois de légère élévation de température de l’atmosphère, et nous, qui nous coltinons la circulation au quotidien, nous faufilons difficilement sur les grandes artères, aux heures de pointe, on se sent bien mal lotis  !

Et puis ON croit dur comme fer que l’amour c’est logé en plein dans le cœur. Et qu’il faut absolument accélérer le rythme de ses pulsations en procédant à divers exercices périlleux et forts épuisants pour prouver et maintenir la force de cet amour.

Si ça continue, je ne vais faire qu’un tour, et je vais finir par voir rouge ! J’arrêterai le service de piquet et je demanderai ma mutation, voire ma transfusion au service des transports du système immunitaire.

 

– Oui mais c’est certainement parce qu’ON est du matin ! Au petit jour, ON se sang frais comme une rose, pas encore de trace du moindre signe de risque de défaillance, de fatigue démotivante, dus à une pénible journée…

Tôt le matin, avant d’entrer en scène, le désir de se produire des artistes est intense et fougueux et le funambule est déjà, par nature, fièrement dressé, en parfait équilibre… Et le soir venu, vous êtes tranquille !

 

– Hé bien, par ici notre véritable problème, c’est qu’ON est du matin ET du soir ! Et c’est sans compter que nous espérons tous, afin de minimiser les risques potentiels d’infarctus, que n’ait jamais lieu en plus de cela, une sieste crapuleuse non planifiée !

 

– Oh bon sang, mais alors là, vous êtes carrément surexploités ! Je compatis de suite à votre désarroi !

Mon cher Monsieur Globule, gardez espoir et moi je prierai nuit et jour pour vous et tous vos semblables. Et pour qu’ON aspire à plus de modération et surtout pour qu’ON ne vous mette pas encore plus de pression en vous imposant une substance hyperactive issue d’une petite pilule bleue dont le seul le but est d’intensifier votre productivité !

 

Substance intime

 

Sans amour tu finiras par te transformer en pierre

Sans ardeur tu finirais par précipitamment redevenir poussière

Tout n’est que frémissements au cœur de la matière

Tout n’est que battements de cœur et de paupières…