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La soupe aux gros mots

 

 

Quand j’étais juvénile et nigaud garçon

Sur le large bord de ma profonde assiette

J’alignais des alphabets et des brouillons

Selon arrivage de la pêche aux lettres de pâte…

 

Allons mange ta soupe mon fils, insistait-elle !

Elle ne te fera grandir que si elle est au moins tiédasse

Attends maman, il ne me manque qu’une seule voyelle…

J’intensifie ma recherche pour compléter le mot « mélasse »

 

Lorsque comme souhaité, je devins grand garçon

Emporté dans l’un de ces épisodes nostalgiques

Vers midi, dans de l’eau auparavant portée à ébullition

J’ai versé le contenu de l’un de ces sachets magiques

 

Puis j’ai laissé se gonfler tous les petits caractères

Avant de procéder à la récolte à l’aide d’une cuillère

Et d’élaborer des mots choisis dans mon vocabulaire

Et de raviver le cérémonial du potage abécédaire

 

Le soir venu, j’ai même pensé en réchauffer le reste

Dans le but de composer d’autres verbes et sottises

Mais le bouillon délaissé sur feu pourtant modeste

Et les nouilles d’enfler tel nombre de vantardises !

 

Pour les gros mots il fallait des caractères géants !

Mais où donc flotte la consonne nécessaire à ce mot indécent ?

Quand je serai un pauvre bonhomme fané et vieillot

J’irai faire un tour du côté de la soupe populaire

 

Rempli d’espoir qu’à mon égard on écrive un bon mot

Avant que je ne me sente désaffecté et centenaire…

Allons termine ton consommé pépé, insistera t’il

Je te laisse le temps d’un tout dernier petit jeu puéril…

Salade de fruits et légumes

S’il n’avait pas ramené sa fraise

Et qu’il n’avait pas attrapé le melon

Il ne m’aurait pas pris le chou avec ses salades

S’il ne m’avait pas cassé les noix

Qu’il ne m’aurait pas traité de banane

J’en aurais pas eu gros sur la patate

Au point que je lui balance une pêche en pleine poire

Et lui ratatine la pastèque contre les mûres

L’éclate comme une framboise et lui presse le citron

Maintenant sur le gâteau , voilà que la cerise

C’est ses frais de dentiste qui seront pour ma pomme

 

Cette histoire me laisse mi-figue mi-raisin

Je me suis juste interposé entre cet haricot et l’ananas

Alors que c’était pas vraiment mes oignons

Je ne faisais que passer par hasard dans le coing

Et je ne pensais pas provoquer une volée de pruneaux

 

J’ai l’œil gauche comme une orange sanguine

Ca m’apprendra à vouloir, comme une courge

Ainsi maladroitement manier le bâton et la carotte

Et me mêler des histoires de ces deux grandes asperges

A la cervelle de la taille d’un petit pois

 

A l’avenir je resterai à l’écart, sans bouger comme un légume

Et resterai indifférent aux différents des autres derrière mon jus de fruits

Au lieu de vouloir jouer au justicier médiateur pour pas un radis