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Mon petit musée (5)

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On dirait bien qu’à l’âge de 7 ans, il y avait déjà de l’inspiration au bout du pinceau ! Depuis tout gamin, j’entretenais une forme particulière d’obsession pour tout ce qui touchait à la peinture.

D’après cette photo, on pourrait croire que je ne m’adonnais à l’exercice de cet art que très sagement dans la quiétude d’un atelier spacieux et propret. Détrompez-vous ! Je n’ai pas toujours peinturluré la vie en rose : J’ai également tenté de suivre la voie des artistes-peintre rebelles et torturés !

J’ai par exemple entièrement repeint mes mobylettes à plusieurs reprises. Et on ne pouvait pas dire que les résultats obtenus étaient conformes à mes objectifs ! J’ai vite découvert qu’en matière de peinture, on ne peut plus revenir en arrière. Au pire, on en rajoute une couche. On recouvre une débâcle en tentant de faire mieux. Beaucoup plus tard, j’ai improvisé une peinture complète sur ma première voiture. La couleur choisie était celle de la marque au canasson cabré. La bagnole en question était très ancienne et rouillée comme un vielle passoire. Elle n’était pas dommage pour subir une expérience de ce type. Bien sûr, erreur de débutant oblige, j’ai repeint tout l’intérieur de mon garage en rouge vif et en rose en même temps que je recouvrais la tôle de mon vieux carrosse d’occasion d’une robe flamboyante. Je me rappelle qu’il y avait quand même une petite surface totalement exempte de grain ou de coulée. Une superficie de quelques centimètres carré qu’on aurait pu qualifier de travail de pro. Au moins la nuit, ma caisse avait fière allure : Elle virait à un rouge-orangé assez spectaculaire ! C’est probablement cette expérience là qui m’avait conduit à abandonner la perspective de me lancer dans une profession touchant à la carrosserie automobile.

Plus tard, m’est venue l’idée saugrenue de vouloir peindre un visage féminin stylisé sur le capot de cette voiture. J’avais été profondément inspiré par un dessin que j’avais trouvé super cool. Mais par prudence, avant de massacrer encore plus le prestige de ma bagnole, je me suis livré à un essai préliminaire sur une planche en bois aggloméré. Résultat, une véritable catastrophe ! Le visage en question aurait fait battre en retraite une troupe des zombies les plus affamés. Si j’avais reproduit cette horreur sur mon capot, plus aucun moustique n’aurait pris le risque de venir s’écraser sur mon parebrise ! C’est suite à cette énième contre-performance, que j’ai enfin cessé d’insister de vouloir tout repeindre à tout va. C’est bien des années plus tard que j’ai retrouvé ce terrifiant essai pictural que j’avais planqué au fond des archives de la honte dans les combles. Et il me mettait toujours très mal à l’aise. Alors j’ai décidé de détruire ce chef d’œuvre maudit pour qu’il ne glace plus jamais personne d’effroi …

Même si je n’en suis pas très fier, je considère avoir été l’un des précurseurs du graffiti mural à la bombe de spray. Je devais avoir une dizaine d’années lorsque j’ai barbouillé de noir, le rez-de chaussée d’une façade jaunâtre d’un immeuble de ma rue. Il s’agissait d’une réaction désespéramment monochrome à une profonde injustice que m’avait infligé la personne qui travaillait à cet endroit dans un domaine artistique intéressant. Probablement la première personne de ma jeune existence en qui j’avais confiance et qui s’est finalement révélé n’être qu’un sale connard profiteur. Mon geste vengeur était certes disproportionné, mais de la couleur de mes desseins à son encontre. A cette époque, “ça ne se faisait pas” encore de taguer les murs ou les trains. Et j’ai vite été copié, et souvent dépassé… Je suis récemment repassé en curieux devant cette maison. Elle a encore été repeinte et c’est très réussi. Mais pour moi, mes fameux “graffitis” de la révolte sont toujours là, incrustés dans la matière, quelque part cachés en dessous…

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