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Plus prompt qu’une mouche et plus astucieux qu’un cochon

Cette semaine je suis resté sérieux cinq jours durant et au matin du sixième, j’ai entrepris d’ouvrir la soupape en grand. Oh, rien d’anormal, il s’agit d’une procédure standard qui fait partie intégrante de ma gestion de mauvais stress.

J’ai senti que c’était le moment opportun pour moi d’aller me lâcher sur le réseau social agonisant. J’y ai évacué quelques inspirations frustrantes et y ai allumé quelques pétards de méchanceté.

C’est ensuite, avec un esprit apaisé que j’ai pu refermer la soupape et ai pu entrer en réflexion profonde.

Suite à cette méditation, j’en suis arrivé au constat que je ne suis pas un psychopathe et que je n’en ai jamais été un. Que je n’aurai pas à biffer ce type de chapitres peu reluisants dans ma biographie.

je ne me suis, par exemple, jamais livré à des expérimentations psychotiques sur des petits animaux. L’idée de la surpêche n’est pas de moi : Je n’ai péché qu’un unique poisson et j’étais sous l’influence d’un camarade d’école. Je n’ai jamais été amené à disséquer des grenouilles en cours de sciences. Je m’y serais fermement opposé quitte à me farcir des heures de colle et me serais collé les deux mains sur le tableau noir en signe de protestation. Oui bon, j’ai quand même ridiculisé quelques mouches en me montrant plus prompt qu’elles, avant de leur offrir une seconde chance en les incitant à chercher une occupation plus enrichissante que celle de me tourner autour…

Je n’ai jamais possédé d’aquarium ni été le détenteur d’une cage à oiseaux. Je n’ai jamais posé une seule trappe à souris.

C’est donc en me dévergondant sur le réseau social moribond que je me suis souvenu que je n’étais pas l’innocence juvénile personnifiée non plus et que je m’en étais pris sans pitié, à de nombreuses tirelires ! A cette époque, un gamin de la classe moyenne se voyait offrir une tirelire sponsorisée par la banque à chaque ouverture d’un carnet d’épargne. Et l’économe en herbe et en short pouvait se retrouver à la tête d’une collection de tirelires, avec les encouragements et la bénédiction de la générosité familiale. Cette opportunité m’avait permis de prendre conscience de l’utilité d’une boîte à outils complète, de l’importance d’une dextérité manuelle hors pair associés à un esprit d’analyse affuté en matière de mécanismes à serrures. Et qu’il existait un monde parallèle à celui de l’assemblage créatif de briques colorées. Je l’avoue, j’en ai massacré un grand nombre qui n’ont jamais revisité, gorgées ou pas de pièces de monnaie, les guichets de mes relations bancaires et gardiennes des clés. Le pire c’est que tout ceci n’était pas motivé par la valeur du contenu : Je me sentais investi de la mission d’étudier à fond, cet étrange concept qu’est de mettre du pognon sous clé dans un cube de plastique fendu ou de le glisser dans un cochon de porcelaine tout sourire. Un bibelot charmant qu’on se sentira incapable de sacrifier, même pour combler une urgence.

En conclusion, il n’est pas impossible, que cette série de cadeaux empoisonnés de mes requins de la finance aient tout de même été une riche idée : Puisqu’elles m’ont occupé assez longtemps pour que j’en oublie d’essayer d’étudier ce qui arriverait si je tentais de couper les moustaches du chat.

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