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Mon rideau d’acier (super-pouvoir)

Hier, je me suis couché juste après avoir survolé un article sur la disparition imminente du Gulf Stream. C’est un courant océanique qui contribue de manière très importante à la régulation du climat. Ce qui a réactivé une séquence incrustée dans ma mémoire : Celle de l’un de mes profs à l’école, qui nous avait brillamment expliqué ce phénomène assisté de sa carte du monde géante. Il insistait déjà sur son extrême importance pour l’équilibre climatique planétaire. Cet instituteur avait à ce moment particulier également trouvé une faille dans le système : Comment me faire passer de maître-chahuteur à élève-modèle parfaitement calme et studieux. Ce cours et ce courant sont naturellement tous deux restés gravés à vie dans un recoin de ma tête.

Le Gulf Stream, c’est aussi la voie rapide maritime dans laquelle circulent à toute berzingue sans bouder leur plaisir, les tortues baba cool du film d’animation le monde de Nemo. L’histoire de ce poisson-clown qui va aller jusqu’à s’aventurer au milieu des algues en plastique d’un aquarium de salle d’attente de dentiste ! Bien loin de son anémone protectrice natale.

Comme ce n’était de loin pas la seule news plombante de cette fournée tardive, il y a mon rideau d’acier qui s’est brusquement abaissé : Comme pour dire : ça y est, on ferme la boutique ! Le capital-cata de ce jour est maintenant épuisé : Va plutôt te planquer sous les plumes ! Et si ça se trouve demain ce sera dimanche et au réveil, “on” te révélera enfin que ce monde en panade n’était en réalité rien d’autre qu’une grosse farce expérimentale.

J’avais découvert que je pouvais disposer d’un rideau d’acier à l’occasion d’une visite chez mon psychiatre. Il pratiquait sa science suivant un principe d’échange thérapeutique. J’étais installé dans le fauteuil du (plus) patient dans le but de recalibrer un peu ma boussole pour ne plus perdre le nord. A un moment, il m’a confié ce qui le rongeait et qui était en train d’arriver à l’un de ses proches. C’était un récit totalement inédit pour moi, absolument glaçant, et une situation qui, je pouvais le confirmer, ne pouvait que ronger ! S’est alors déclenchée en moi une puissante réaction chimique. Un fluide bien frais me remplissant lentement de haut en bas. C’était comme mon machin-trucstream interne à moi. Une espèce de phénomène de régulation, d‘isolation émotionnelle, à la suite duquel, j’étais soudain comme paré pour entendre et supporter n’importe quelle torture psychologique. Et tout ça sans même avoir à enfiler un costume flashy ni prononcer de mot magique !

C’était chez un autre docteur mais en biologie cette fois, que j’avais remarqué, affichée au mur une carte très impressionnante au format poster qui ressemblait (pour moi) un peu à celle des transports publics d’une mégapole. Mais avec nettement plus de lignes de bus. C’était en gros le schéma ou la carte de tous les flux chimiques et autres biomolécules qui naviguent dans le corps humain. Ça c’était le nom que j’avais donné à ce document que je ne saurai jamais lire, ni interpréter et ce n’est pas grave. Mon système de rideau d’acier apparaît sûrement quelque part sur ce plan. Et pour le moment, le souvenir même très vague de cette vue d’ensemble me convient toujours et au pire si ça coince et que je devais avoir besoin d’une précision d’expert, je n’aurai qu’à aller demander au docteur bio.

Bon voilà. Et maintenant alors on est bien d’accord ? On est dimanche et tout ceci n’était bel et bien qu’une grosse farce expérimentale ? N’est-ce-pas ? Allez ?

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