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La fessée patrouille

Je le reconnais enfin publiquement, mais j’avoue que ça m’en coûte : – J’ai été élevé au tape-tapis en osier tressé !

Pour ceux qui n’ont jamais entendu parler de cet accessoire, imaginez une sorte de raquette de tenis, faite à la base pour fouetter et donc dépoussiérer les tapis une fois suspendus. Votre brocanteur sera probablement heureux de vous en céder un exemplaire en bon état et à vil tarif si vous insistez…

Grâce à cette spécificité, je peux aujourd’hui me targuer d’un pédigrée rural et m’affirmer détenteur confirmé d’un popotin de robuste facture. Le sentiment d’être l’un des prolongements d’une longue lignée de durs à cuire (et du cuir), prédomine encore, dans les tréfonds de mon esprit.

C’était pour notre bien ! Une éducation à la baguette, la célébration de l’inévitable châtiment physique en cas de pétouillon de traviole, le culte de la pétoche de la poigne qui s’abattra lourdement sur le postérieur dénudé du vilain, le principe de l’obéissance et du respect versus la sanction et la culpabilité.

Parfois, je me demande si mon arrière-train fume encore, car je n’ai pas été extirpé de la série des moutards les plus sages ! Alors, une seule petite pensée pour ceux qui avaient droit à la boucle en fonte du ceinturon de leur paternel, et je suis en mesure de retenir toute manifestation résiduelle de révolte : Comparé à d’autres, je n’ai pas été trop mal loti : Ne plus pouvoir m’asseoir sur mon séant en feu pendant quelques dizaines de dizaines de minutes, ce n’était de loin pas aussi sévère que la collection de bleus de torgnoles sur toute l’anatomie.

Heureusement dans les foyers modernes, cet ustensile d’osier ou son pendant post-archaïque en plastique, a depuis été efficacement substitué par l’aspirateur. Personne ne s’en plaint, mis à part peut-être les tresseurs d’osier contraints de recycler l’entier de leurs efforts dans les paniers de ménagères et de pique-nique.

Et moi, je déclare formellement ne pas posséder de tape-tapis. Et je réfute l’idée même, de m’être à l’occasion servi de ma ceinture dans un autre but que d’éviter au possible l’embarrassante chute de mon pantalon. Et lors de mes fréquentes rondes et patrouilles du côté de leurs chambres, je n’ai jamais eu a distribuer de coup de tuyau d’ aspirateur sur les croupions respectifs de ma marmaille turbulente. La crainte du tape-tapis est maintenant inscrite dans nos gênes.

Pour terminer, je dois encore vous confier une chose : Vous relater LA dernière fois !
En principe on se souviendra volontiers des premières fois, mais ma dernière raclée, elle n’est jamais sortie de ma mémoire : Un jour ou j’avais encore mérité la flagellation de fondement, j’ai habilement subtilisé le tape-tapis des mains de ma génitrice et l’ai plié dans tout les sens en le coinçant dans une porte entrebâillée, ceci jusqu’à le rendre totalement inutilisable, même pour désempoussiérer le petit paillasson de l’entrée.
Ma soudaine révolte a payé. J’étais devenu le plus fort. Il fallait enfin que je prenne garde à ménager mon magnifique cul de babouin…

( Ce billet historique a été importé de mon ancien blog. L’attrait de son seul titre ayant (selon les stats) ameuté nombre de curieux à l’époque, je me suis dit, autant continuer de faire frémir l’internaute, tant qu’à faire…)