Un arbre, un pont et son reflet

Une photo que j’avais prise en automne à Berne.

Je m’en sers pour mieux me familiariser avec les différents filtres et effets graphiques de GIMP et du plugin G’MIC. Pour faire évoluer l’acuité de mon regard sur le résultat obtenu. C’est pourquoi elle est brumeuse, irréelle, trop ceci et pas assez cela… Presque autant que le cliché original peut me paraître froid et terne.

Aussi je n’en resterai pas là avec ces différents essais. Cette version n’est pas définitive…

>.<

La double escapade

Je crois que ce n’est pas tous les matins, sur une plage de sable fin, que la vie t’offrira un voilier flambant neuf. Une vagabonde impatiente qui à la faveur de la nuit, en a profité au gré des courants pour se carapater aussi loin que possible, de la morosité de son port d’attache.

Et ce n’est pas tous les jours non plus, que tu saisirais cette aubaine et grimperais à bord de cette aventurière et fugueuse embarcation. Que tu te retrouverais maître à bord sur le pont à larguer les amarres pour de bon ! Que tu hisserais à ta guise et en personne toute l’envergure d’une grand-voile. Que tu te risquerais à t’emparer de la barre pour pleinement profiter de tous les plaisirs et les promesses d’un imprévisible voyage.

>.<

Mr. LowBattery

Une photo finish, datant de juillet 2020

J’ai récemment apprécié deux excellentes séries télé dont les titres commencent par « Mister »  (ou Mr.) Et ça m’a rappelé un gars que j’ai connu et que j’avais à l’époque surnommé Mr. LowBattery. (Monsieur Batterie faible)

Pour moi, il est resté la meilleure incarnation connue de l’anté-Flash-Gordon. L’opposé exact de notre Guy L’éclair. Chaque jour, il me faisait penser qu’il avait encore oublié ou égaré son chargeur et qu’il ne lui restait plus d’autre alternative que de “manadger” aussi parcimonieusement que possible, son solde d’autonomie énergétique.

Ça m’amusait de m’imaginer que s’il m’était donné de jeter un coup d’œil sur son tableau de bord, le témoin d’alerte batterie y serait allumé en permanence, mais invisible, car masqué par un morceau d’autocollant noir judicieusement placé sur la lumière gênante. J’y constaterais aussi l’économie d’un compte-tours parce que totalement inutile dans son cas : Cet individu n’étant à ma connaissance pas de sitôt en passe de tutoyer une quelconque zone rouge…

Et puis son compteur de vitesse ne serait pas étalonné en kilomètres/heure mais en kilomètres/siècle ! Parce qu’il me paraissait aussi être le parfait recordman de la lenteur sur cent mètres sans haie et apparemment pas vraiment naturellement prédisposé non plus, pour un jour se métamorphoser en un athlète taillé pour le marathon.

>.<

Gare aux coups de soleil !

Méfiez-vous ! En ce moment le soleil tape dur !

Hier j’avais piscine en plein air pendant à peine une petite heure et il m’avait semblé qu’il ne faisait pas si beau temps que ça.

C’est seulement de retour chez moi, en passant devant mon miroir, que j’ai constaté que ma couleur de peau avait changé pour celle de ses gants de boxe…

>.<

Et pourquoi pas par quatre chemins ?

Aujourd’hui, j’avais l’intention d’aller flâner un peu dans le Jardin des Confusions. En évitant en chemin de passer par le Labyrinthe des Déboussolés. Comme le Raccourci des Déroutés était momentanément fermé à la circulation, j’ai opté pour l’Itinéraire des Dépaysés. Mais c’est en voulant éviter les embouteillages du Carrefour des Embrouilles que je me suis retrouvé bloqué dans l’Impasse des Illusions. Alors, j’ai fait demi-tour pour repartir en direction de la Grand-Place des Incertitudes. Mais la Rue des Complications était en sens unique, parce qu’encore en travaux au niveau du Palais des Équivoques ! Un instant, j’ai regretté de ne pas avoir d’abord pensé faire un léger détour par la Route du Désarroi. Mais dans ce cas, j’aurais dû m’engouffrer dans le Tunnel des Tâtonnements et n’aurais pas par la suite pu éviter d’aller risquer de me perdre à la Rocade des Désorientés. J’ai bien sûr aussi tout simplement été tenté, d’emprunter le Contournement des Ambiguïtés quitte à devoir ensuite m’aventurer sur la Promenade des Désemparés. Pour finir, j’ai changé mes plans et je suis allé juste à côté, faire quelque pas sur le Boulevard des Boniments avant de rentrer…

>.<

Le crépuscule de l’aube

J’ai récemment une fois de plus, été contraint de réduire ma dose limite admissible de réalités crues, consternantes et choquantes. Pour en compensation, augmenter ma ration de consommation d’humour et me réapprovisionner en compléments de beautés, de fantaisies, de fictions et de rêves.

Je reconnais une tendance addictive à me suralimenter en informations des plus diverses et variées. Et dès que l’un ou l’autre des ingrédients qui composent cette potion parvient à me faire grimacer ou à me saouler, parce qu’en quantité trop importante, je saute sans attendre sur la batterie de mitigeurs et vise à de meilleurs réglages. Je rééquilibre la recette avant que l’élixir ne puisse se charger d’amertume ou tourner au vinaigre. Et je me dois de réagir vite : Il s’agit de la formule secrète de mon rehausseur de goût à la vie. Et ma foi j’assume, si lors de l’une de ces manœuvres correctives d’urgence, il m’arrive dans la précipitation de fermer arbitrairement de mauvaises vannes.

Aussi cette fois, c’est après avoir longuement hésité que j’ai décidé de faire le saut :

Je suis passé du côté obscur !!!

Je n’évoque pas celui de la force. Et rien de bien gothique non plus. Et puis, ce serait uniquement la nuit ! Parce qu’au cours de mes journées, je resterai toujours fidèlement attaché aux charmes et aux bienfaits de toute luminosité naturelle bénéfique.

En tant que spécimen curieux et touche à tout, c’est bien sûr sans ignorer les principes de précaution que je n’ai jamais d’emblée rejeté d’initiative personnelle visant à améliorer mon sentiment de bien-être quotidien. Même si je devais, pour atteindre ce but, un jour m’intéresser de plus près, à ce qui touche au domaine des sciences occultes !

Je m’explique : J’ai la chance d’habiter dans un quartier que je noterais de calme à très calme. Reste que sur le toit de ma chambre à coucher, il y a deux grandes Velux d’un mètre carré chacune, orientées plein ciel, sans l’être côté levant. S’ajoute encore une troisième fenêtre verticale : Pour que la lumière du jour puisse vraiment s’engouffrer partout et en totale liberté ! En cette saison dans cette pièce, le jour a tendance à se lever plus vite que les premières intentions de mon ombre. Avant même que ne débute pour moi, la tranche horaire où se présentent mes meilleures dispositions pour voyager dans le monde des rêves. Quand rêves il y a, ils se déroulent pour la plupart exactement dans ce cadre là. Et au réveil comme par miracle, ma sensation de repos effectif s’en retrouve considérablement accrue. Alors je me suis décidé à me bricoler des rideaux-stores occultant sur mesure et de jouer un tour à la science : Permettre à ma glande pinéale de continuer les yeux fermés, de produire de mélatonine en suffisance, en la faisant bénéficier d’une plage horaire élargie !

Cette initiative de m’aventurer du côté obscur s’est vue couronnée d’un réel succès : Rien de tel aujourd’hui que de me réveiller reposé avec, banane sur le gâteau, les réminiscences d’un rêve agréable accompagnées de cette divine sensation de sieste aussi courte que réparatrice. Et après cela, hop ! Pour commencer, une ou deux petites cerises d’humour par là-dessus. Et voilà qu’ensuite, ordre de priorités respecté à la lettre et dosages des ingrédients optimisés, se voient amenuisées voire éclipsées, les chances que je sur-dramatise au café noir, en parcourant des nouvelles du monde potentiellement angoissantes et des contenus de réseaux sociaux éventuellement déprimants…

En d’autres termes, depuis peu, une particule de lumière qui serait partie précipitamment du soleil pour parcourir la distance d’une petite dizaine de minutes-lumière jusqu’à la Terre, pourrait à l’atterrissage se voir rebondir sur l’un de mes trampolines à photons et rater complétement sa cible d’origine ! Et même si ça peut paraître un peu cruel, présenté comme cela, je sens que ça ne va pas m’empêcher de dormir ni de rêver !

Cette illustration ne démontre évidement pas un concept révolutionnaire, mais c’était sympa à réaliser

>.<

No Futur Antérieur !

J’avais fait la rencontre de mon premier Punk dans les pages d’un magazine d’une salle d’attente. Il avait été photographié dans les rues de Londres.

Ma réaction fût d’abord négative. Je m’étais demandé par quel miracle ensuite, un jeune énergumène aussi bizarrement sapé et coiffé au bâton de dynamite et à la gouache aura-t’il un jour encore une chance de se métamorphoser en un citoyen britannique conforme à mon standard de raffinement de référence d’alors qu’était John Steed.

Et puis je suis tombé sur ce slogan : NO  FUTURE ! Il était facile à décrypter pour un francophone pour l’heure encore chaste de toute leçon d’anglais. Sauf que dans ma jeune insouciance continentale, difficile d’en saisir toute l’étendue ! Comment ça, NO FUTURE ? Mais qu’est ce qui cloche avec le futur ? Rien de plus simple, il me semble, que d’assimiler le futur ! A mon avis en tout cas, bien plus que le plus que parfait !

L’autre slogan que j’avais pu lire plus loin était : Le monde est moche, alors soyons moches ! Là, il m’était venu à l’idée que cet extravagant individu avait peut-être juste des goûts de chiotte et que ça ne pouvait que s’arranger.

S’il ne devait plus exister de futur ? Inutile dès lors et au présent, d’encore me rendre sur les bancs de l’école ! Surtout si ce n’est que dans l’unique but de compléter ma collection de mauvaises annotations en matière de discipline dans mon bulletin scolaire ! Pas de futur ? Alors autant sécher les cours de français et de grammaire et je ne sais pas moi : Par exemple, fonder un mouvement de grève que je baptiserais “Fridays for NO Future !”  

>.<

Depuis que j’avais fait cette découverte, c’est avec régularité que j’ai réévalué mon interprétation de cette devise négative et défaitiste et ai volontiers revisité le style qui y est associé. Ce messager à la crête de coq avait-il tort ou raison en brandissant cet inquiétant slogan ? Et s’il était con comme un râteau à gazon et qu’il lâchait ces mots là juste pour faire chier le monde ? Et si il n’avait simplement pas su inventer de code vestimentaire plus élégant pour être bien certain d’attirer l’attention du plus grand nombre et se trouver en position de délivrer efficacement son message d’alerte prémonitoire ?

>.<

< Seriously >

Au moment de rédiger cet article, l’humanité ne savait pas encore exactement comment elle allait se sortir de la crise sanitaire du COVID-19. Il s’agissait d’une pandémie due à un coronavirus. Et la crise était encore d’actualité …

Il y a quelques jours, j’ai regardé une émission thématique qui présentait une série de documentaires sur une chaine de télévision franco-allemande (Arte). Le sujet du dernier film était la résistance progressive et irréversible de bactéries aux différents antibiotiques. Un énorme problème d’ordre mondial là aussi. C’est parce qu’on est assez cons, depuis des dizaines d’années pour donner des antibiotiques destinés aux humains en pâture préventive aux animaux d’élevage, pour des raisons de rendement productif et de rentabilité ! Et cette pratique suicidaire inclut même les antibiotiques de dernier recours ! Ainsi les bactéries ont tout le loisir de se parer des résistances les plus efficaces et un jour viendra, où il n’y aura plus aucun antibiotique sur le marché qui sera assez efficace pour prévenir ou guérir des infections humaines. Les industriels de la pharma qui restent actifs sur le marché des antibiotiques sont en diminution pour des questions d’objectifs de rentabilité. Pour les mêmes raisons, les recherches pour découvrir de nouvelles molécules efficaces se font plus rares. Alors en gros, on en reviendra un jour au stade d’avant l’invention de la pénicilline ! Je vous laisse imaginer le calvaire que pourront vivre nos enfants et nos petits-enfants !

< Finally >

J’espère avoir assez fidèlement, correctement et sérieusement pu résumer l’essentiel de ce documentaire qui était de très grande qualité. J’ai pensé important d’en relayer le signal d’alarme ici. Parce qu’il me semble qu’on a de plus en plus tendance à attendre la catastrophe avant d’y réagir en catastrophe…

Pour ma part, j’en suis ressorti plus blême que le punk du magazine. Ça ne s’est certainement pas arrangé en y additionnant les angoisses des autres alertes qui sont actuellement en rouge. Et naturellement, je trouve son choix de slogan tout à fait approprié  !

J’espère ne pas vous avoir gâché cette journée ! Allez à plus, bande de punks !

>.<

Trompe l’œil et cancans

Je ne suis pas du genre à écouter aux portes !

Par contre en qualité de curieux garnement, il m’était arrivé de lorgner par le trou de serrure d’une porte fermée. J’ai oublié le où, le quand, le qui et le pourquoi. Il faut croire que n’avais alors pas été l’œil spectateur d’une scène inoubliable !

Aussitôt mon forfait accompli, ma paupière indiscrète s’était mise à enfler généreusement !

Cette mirette de voyeur en herbe déformée n’était pas passée sous les radars perspicaces de ma mère. Sans enquête préliminaire, elle avait décrypté le pot aux roses et m’avait révélé l’origine de cette mystérieuse réaction.

C’était la première fois au cours de ma courte existence que j’entendais parler de courants d’air. On va dire que c’était aussi l’occasion rêvée pour me sentir d’un coup deux fois moins bête.

Après la leçon éducative du trou de serrure, je n’ai plus tenté de focaliser un seul œil sur la clé d’éventuelles bouffissures terriblement coupables !

>.<

Comme je le déclarais déjà, je ne suis pas du genre à écouter aux portes ! Et le même garnement a su apprendre par ses propres moyens et sans se faire prendre, qu’il sera même préférable, dans certaines situations, de maîtriser l’art de la sourde oreille.

En cours de route, j’ai connu des situations où j’aurais préféré ne rien avoir entendu pour ne pas avoir à faire mine de rien. Parce que j’ai l’oreille plus fine qu’il n’y paraît. Et que mon acuité auditive couvre aussi et encore, le spectre de fréquences des messes basses.

Il peut arriver, sans avoir à fournir l’effort particulier de tendre l’oreille, que des bavards médisants et imprudents oublient tout simplement de la/les fermer au bon moment !

Selon mon expérience personnelle, c’est particulièrement le cas lorsqu’ils se livrent à des papotages téléphoniques. C’est parce qu’ils ont une esgourde collée à leur interlocuteur de commérage et qu’ils ont placé son double en mode semi-sourdingue. Ce qui fait qu’involontairement, ils haussent le ton à un niveau plus sonore que souhaité.

Et c’est là, en cours de route, que j’aurais parfois vraiment aimé pouvoir jubiler qu’une série de courants d’air se soient chargés de boursoufler la langue de certaines pipelettes dénigrantes et impertinentes …

>.<

Récemment, quelqu’un a de manière totalement fortuite réveillé un vieux souvenir de ce type. Un épisode qui avait à l’époque été gourmand en self-contrôle et été long et difficile à digérer. Dans la foulée, ça m’en a rafraîchi quelques autres qui peuvent encore semer des pointes d’agacement en cas de réapparition. Et puis j’ai retrouvé tous ceux, plus légers et sympathiques que j’ai pu y associer dans le but d’équilibrer quelque peu la tournure de ce récit.

Voilà, je donne à cet article les pleins pouvoirs ainsi qu’une carte blanche pour enfermer cette collection complète d’inconfortables souvenirs à double tour au fond d’une caisse et d’aller l’enterrer au plus profond de ma mémoire sans jamais revenir m’en indiquer l’adresse exacte.

>.<

Une journée bien-être

Hier, je me suis accordé une « journée wellness ». Après trois mois de semi-confinement, c’était plus que nécessaire. Et aujourd’hui, en toute franchise , je me sens nettement mieux qu’avant-hier !

Ce qui fonctionne le mieux pour moi, c’est d’aller jouer aux sardines dans les thermes d’une ville voisine. A chaque fois, je ressors du court-bouillon parfaitement régénéré et durant la nuit qui suit, je pionce comme un koala.

En méditant dans le bain à bulles, je me disais que décidément, l’être humain avait pour particularité de se créer lui-même la plupart de ses problèmes. Et je suis bien placé pour le savoir vu que je fais pareil ! D’ailleurs, si on doit en arriver à devoir s’accorder une « journée wellness », c’est que toutes les autres ne le sont pas vraiment ! Sinon on les appellerait toutes juste « journée ». La grande mode maintenant, c’est de fêter la journée annuelle de ceci ou de cela. Moi cette année par exemple, j’ai déjà prévu de célébrer la journée du roulement à billes qui tombe pile en septembre ! (Ne cherchez pas… je me comprends)

Après avoir été barboter dans la rivière à remous, j’ai décidé prématurément de quitter le bassin de plein air. Il y avait une machine de chantier juste à côté, qui s’entêtait à faire un boucan d’enfer et qui empestait le Diesel qualité paquebot. Mais après trois mois de semi-confinement, pas question de faire le difficile. Il faut savoir se montrer un poil compréhensif : Pour certains camarades bipèdes, s’il a pu à un moment être interrompu, le travail a dû être repris pendant que d’autres se paient encore le luxe de se prélasser dans leur piscine. Et puis allez, tiens : une « journée moyennement wellness » lors d’un retour progressif à la normale, on ne va pas cracher dessus !

Pour ajouter une petite pointe de wellness à cette journée, je suis allé me régaler les papilles dans un petit restaurant asiatique qu’il m’avait été recommandé de boycotter durant les trois mois d’hibernation. Avec un peu de sauce piquante, je me suis dit qu’en fin de compte, l’être humain ne se créait pas que des problèmes !

Je n’ai été de retour dans ma ville qu’en soirée à l’heure de pointe. A mon humble avis, s’il y avait une statue qu’il faudrait déboulonner sur le champ, ce serait bien bien celle érigée à l’intention du crétin qui a inventé les heures de pointe ! Ça diminuerait peut-être le nombre de processions de ses fidèles. J’ai pu constater avec effroi qu’en effet, les gens n’était plus du tout confinés à leur domicile ! Ils l’étaient maintenant dans l’habitacle de leurs bagnoles respectives dans un bouchon interminable. C’était en quelque sorte l’imbrication d’un confinement dans un autre confinement, après le semi-confinement. Un cauchemar emboité dans un autre cauchemar, après un mauvais rêve. Mais par un temps estival; comme ça en définitive, tout ne paraît pas si sombre…

Moi ? Ah mais non ! L’embouteillage ne m’a pas du tout niqué ma « journée moyennement wellness » ! Parce que je circulais dans la direction opposée et que c’était le boulevard. Pour moi, c’était aussi l’heure de pointe, mais de celles qui pointent vers l’arrière. Je me rendais en ville à l’heure précise où tous les autres semblaient préférer la fuir. Et là, je me suis répété que décidément l’être humain avait pour particularité de se créer lui-même la plupart de ses problèmes.

Je crois que s’il m’est un jour proposé de sélectionner ma prochaine vie, expérience faite, je ne cocherais peut-être plus la case “être humain”. Et j’éviterais également l’option fourmi. Trop de stress, de trafic et de files d’attentes, là-aussi. On verra bien d’ici là. Pour l’heure, j’en suis resté au choix qui me parait le mieux me convenir de vilain petit canard.

>.<

L'intelligence artificielle et les fourmis, par Hervé Lehning
Source Illustration : Merci le web !

Ménage, surmenages et ménagerie

Dès que j’avais quitté le nid familial pour m’installer, je m’étais porté volontaire pour être le colocataire d’un chat de gouttière. Je précise que jusqu’ici, ça n’a jamais été de plus d’un seul spécimen à la fois !

J’ai baptisé chacun des chats que j’ai hébergé en pension complète du même sobriquet affectueux de «Bizou». J’étais à l’époque persuadé, que c’était le seul et unique serial-prénom-sympa pour toute boule de poils dotée du pouvoir magique de ronronner. Et qui peut se lustrer la fourrure avec une extrême coquetterie, avec sa petite langue râpeuse rose-bonbon. Une adorable peluche vivante, un peu fofolle et très joueuse, indépendante et fainéante. Mais qui en même temps, est aussi tout à fait capable de s’empiffrer sans modération aucune du contenu qui schlingue de certaines boîtes de conserve.

Je logeais généralement plutôt en hauteur dans les immeubles locatifs que j’ai squatté. Le plain-pied, ça n’était pas trop mon truc. La tradition était de laisser le bas-étage aux plus vieux. Et j’ai vite réalisé que le blazetendresse de mon animal de compagnie pouvait se révéler être un peu gênant dans certaines situations. En particulier lorsque je sortais faire le tour du quartier à la nuit tombée et que, dans le but de rapatrier ma féline montée sur coussinets, je l’appelais sous les fenêtres de tout mon voisinage. Il fallait que la bête sauvage puisse reprendre forme apprivoisée et réintégrer gîte et panier à l’heure du couvre-feu.

Une voisine :

-Chéri écoute ça ! Il y a un rôdeur dehors qui lance avec insistance des appels aux bisous !

Un voisin :

Ben oui ! Moi aussi j’ai entendu ça. Mais rassure-moi ma bibiche : Tu n’irais tout de même pas jusqu’à te porter volontaire, n’est-ce pas ?

>.<

En général dès les premiers appels déjà, un miaulement distinctif m’avertissait d’un « deux secondes, j’arrive ! ». Et le félidé ne tardait à accourir dans mes jambes pour s’assurer de ne pas avoir à faire l’impasse sur le confort d’une nouvelle nuitée au palace et de risquer de devoir renoncer à sa généreuse ration de croquettes.

Lorsque j’avais emménagé dans ma toute première mansarde, j’avais d’abord adopté un félin. Ce n’est qu’ensuite que j’ai aussi accueilli une “colocatrice” humaine (qui n’était pas du voisinage). Elle clamait régulièrement sa préférence pour les chiens. Alors elle avait entrepris de me tanner le cuir avec l’intention évidente d’obtenir à l’usure mon approbation pour agrandir la famille et ajouter une gamelle. Suite à d’âpres négociations portant sur le choix du modèle idéal et sur la liste des options indispensables, nous étions parvenus à conclure un accord. Parce que moi, dans un 2 pièces-cuisine exigu du quatrième étage sans ascenseur, un énorme molosse qui cherche à me déboîter l’épaule avec sa laisse dans la cage d’escaliers déjà, ou l’un de ces cerbères nerveux et baveux à l’apparence esthétique secondaire et qui de plus, fouetterait le hérisson qui se néglige en rentrant d’une promenade sous une bruine, ça ne m’enthousiasmait pas franchement. Et il était avant tout fondamental que nous soyons beaucoup plus présents pour bien nous en occuper de ce futur éventuel toutou. J’avoue que j’avais alors un peu surjoué le conjoint psycho-rigide jusqu’à ce que j’obtienne une approbation à quelques-unes de mes modestes revendications ainsi que le luxe absolu de pouvoir décider seul du prénom de cette créature aux oreilles en forme de ramasse-poussière. Et j’étais là-dessus au moins, resté totalement inflexible : Ça sera « Maggie », comme madame Thatcher, la dame de fer ! ( Un choix sensé rappeler ma légendaire fermeté, lors de nos pourparlers d’adoption ) Ensuite, c’est ma dulcinée ravie de la tournure positive des choses qui s’était chargée des formalités et de la transaction.

Le jour où notre flamboyant bébé-cocker trop chou biquet au pédigrée prestigieux avait fait irruption dans le hall d’entrée, ma coloc-féline que j’avais omis de mettre dans la confidence quant à la livraison imminente d’une petite sœur, avait réagi à l’alerte intrusion par l’une de ses métamorphoses en punk hostile les plus réussies. Elle avait gardé la posture menaçante et le poil hirsute jusqu’à ce qu’elle réalise que tout cela n’était que théâtre inutile : La nouvelle venue ne l’ayant pas même encore calculée jusque-là. En guise de cadeau de bienvenue, la petiote avait alors choisi, sous nos yeux encore attendris, de déposer une galette odoriférante sur le carrelage du couloir. Puis, devant l’absence de signes de menace et allégée de certaines de ses craintes, Bizou s’était aventurée à s’approcher pour examiner de plus près cette forme de vie indésirable. Et aussi pour inspecter sa première œuvre matérielle réalisée sur son sol et sous son toit. C’est en affichant une hilarante et inoubliable grimace de dégoût, qu’elle s’en est ensuite calmement retournée se poster en observation à la cuisine ! Je crois que la tigresse miniature venait de percuter que désormais, elle n’irait plus uniquement que vers des lendemains qui miaulent !

Pourtant à ma grande surprise, il n’a pas fallu bien longtemps à ces deux-là pour briser la glace. Elles étaient d’une taille comparable et n’avaient de cesse de se pourchasser à travers tout l’appartement. De s’attraper, de s’agripper l’une à l’autre pour se rouler sur le sol. Et quand ce n’était pas l’une c’était l’autre, la poursuivante. C’étaient des courses-poursuite incessantes, rythmées d’allers-retour spectaculaires.

Quelques années et pas mal de rebondissements plus tard, il y a eu séparation et je me suis resté seul en compagnie d’El Bizou. Après quelques semaines, elle s’est mise à découcher de plus en plus souvent. Et puis il y a eu ce fameux soir à partir duquel, elle n’est plus jamais réapparue. Mes appels infructueux ne faisaient que résonner dans l’écho nocturne. J’ai mis cette désertion compréhensible sur le compte d’une dépression consécutive à la perte de sa meilleure camarade de jeux. Ou alors, peut-être qu’au cours de l’une de ses promenades, elle était tombée sur un matou qui valait le détour et qui lui avait proposé de déménager pour le rejoindre dans son manoir de rêve…

>.<

Aujourd’hui je crois que pour étoffer encore un peu ma ménagerie, je finirais par envisager d’adopter un poisson rouge. Je suis ouvert à discuter de sa taille et de sa couleur exacte etc.. Mais je tiens absolument à l’appeler « Bathyscaphe » ( comme le poisson de fer )

>.<

Source Photos : Merci le Web !

>.<

Le petit chaperon gris

Source des cliparts : Merci le Web !

Il était une fois, un gentil petit chaperon Gris qui patientait en attendant que soit levé un décret ministériel d’urgence, qui à cause de la propagation d’un virus, lui interdisait d’aller folâtrer dans la nature et d’aller voir Mère-Grand comme elle en avait l’habitude. Elle en était d’ailleurs fort triste et inquiète, la pôvrette !

Chaque jour, elle nourrissait l’espoir que feu vert lui soit accordé ! Et qu’elle puisse, avec son petit panier rempli de bonnes choses, se rendre chez son aïeule en s’aventurant dans les profondeurs de la forêt. Et chemin faisant avec plaisir, y surmonter quelque peur et y affronter moult dangers.

Chaque jour ou presque, dans l’idée de tantôt pouvoir partir en livraison, elle préparait avec amour à l’attention de Mère-Grand, une grande galette aux fruits de saison, ainsi qu’un petit pot de beurre frais du terroir.

En attendant sa liberté retrouvée, le petit chaperon Gris occupa ses journées de son mieux. Elle participa en toute discrétion à toutes les marches et manifestations qui lui étaient proposées en centre-ville et dont les revendications visaient à préserver les ressources, la santé et la vie de la planète, à améliorer son quotidien, celui de Mère-Grand, celui de l’ensemble de ses congénères et celui des générations futures. Il faut dire qu’en ce temps-là, les cortèges d’interpellation et de protestation, ce n’était pas ce qui manquait …

>.<