Un remake du crapaud vilain (v2.2)

Une première tentative de “remake” d’un vieux truc que j’avais bricolé en 2013, ou même avant (publication en lien en bas). il s’agit d’un essai de curiosité d’une mise au goût du jour. J’ai d’ailleurs failli abandonner assez vite en cours de route : Parce-qu’en temps normal, mes priorités seraient naturellement plutôt orientées vers la spontanéité des inspirations du jour et vers la création de nouveautés ! Donc, repêchage, in extremis !

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Il s’agit ici d’une mise à jour qui intègre le progrès que j’ai pu faire depuis cette époque là et le résultat de ma familiarisation progressive avec l’utilisation d’un outil informatique de dessin vectoriel (Inkscape). Le premier crapaud vilain séducteur, avait été dessiné à la main et scanné, puis tracé en matriciel avec GIMP. Il avait ensuite été vectorisé avec Inkscape / Potrace. Pour info : Un dessin vectoriel peut être incliné / mis à l’échelle à volonté sans perte de qualité (donc sans pixellisation ) parce qu’il ne s’agit pas d’un fichier contenant une grille de pixels fixes, mais d’un “programme de traçage” qui contient les coordonnées et les courbes de Bézier qui relient des points. Ces points peuvent donc être recalculés avant d’être affichés/imprimés proprement au format souhaité. Plus d’infos ici > SVG.

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Une petite crique presque trop discrète

Désir de retour au calme dans une petite crique discrète et difficile d’accès. Aussi loin que possible de la civilisation en ébullition. A part moi, il n’y avait pas âme qui vive aux alentours, pas même dans cette eau d’une limpidité pourtant si cristalline. Derrière moi dévalait d’une colline, un torrent d’eau douce mais bouillonnante d’impatience de se précipiter dans la mer. Lorsque j’ai posé un pied au fond de l’eau, c’est avec une élégance spectaculaire qu’elle s’est subitement floutée de sédiments déposés là en abondance. Pourtant, pas le moindre petit poisson à portée de vue. Et aucun oiseau. Pas trace d’un seul insecte. Aucune pollution humaine visible non plus. J’ai supposé qu’à cet endroit la salinité anarchique de l’eau pouvait en partie être responsable de cette absence apparente de biodiversité et que l’intrigue de la chaine alimentaire s’était chargée du reste. J’avais longuement exploré ce splendide espace, inondé d’une grande sérénité. Ce lieu m’avait pourtant également frappé de l’une de ces étranges impressions d’être le dernier survivant…

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Consultation de crise

Alors, comme ça tu nous refais encore une de tes petites crises ?

-Hé bien oui, je le crains. Et le pire, ce n’est plus qu’une seule à la fois ! C’est d’autant plus inquiétant !!!

Tu veux dire qu’en ce moment, tu souffres simultanément de plusieurs crises en parallèle ? Ça c’est intéressant ! Mais alors laisse-moi deviner : 1) N’endurerais-tu pas une forme sévère de torture psychologique, basée sur un amalgame explosif composé de crise existentielle et de crise identitaire ?

-Pas du tout ! Les crises de ce genre, j’ai appris à les gérer sur le tas et avec le temps !

2) Bon, alors ne me dis pas que tu nous fais une crise de la quarantaine sur le tard. Un chaos psychique en partie du à une crise d’adolescence mal surmontée, causée entre-autres, par de trop fréquentes crises de jalousie très mal vécues durant ton enfance ?

-Non, non ! Là aussi, j’ai fini par assez bien maîtriser le sujet. Et j’ai pu classer sans suites tout ce qui relevait de ce type de troubles-là !

Alors … 3) C’est une crise de nerfs au bureau ! Parce qu’ils t’ont sucré toutes tes heures supplémentaires et ont liquidé ton solde de vacances ? Soi-disant, par solidarité dans cette lutte contre les effets de la crise économique subséquente à la crise sanitaire et blablabli et blablabla…

-Bien vu ! Mais c’est encore perdu ! Ce n’est toujours pas ça ! Dans ce domaine, je suis aguerri au combat. D’ailleurs, c’est aussi pour cette raison qu’à mon âge je ne trouve plus de poste stable. J’ai de la bouteille, mais suis un profil plus assez malléable. Je sais enfin dire “Non !”. Et les petites crises d’autorité des uns et des autres, elles me passent cent kilomètres au-dessus…

-Ah, alors ça ne sera pas facile de deviner ! Allez : 4) il s’agit d’une crise d’angoisse, parce que la question de la crise écologique qui te tenait très à cœur est passée au second plan. Elle s’est escamotée derrière la crise économique. Et parce que la morosité ambiante qui découle d’une crise de confiance mondiale, plombée par l’émergence de nouvelles tensions entre États et sérieusement aggravée par la crise sanitaire, s’est muée en crise politique internationale ?

-Hé ! Pas mal ! Mais toujours pas trouvé. Aujourd’hui je suis capable de contrôler, dès leur apparition, le déclenchement de crises d’angoisses qui auparavant pouvaient me conduire à des crises de panique ! C’est bien simple, je ne me rappelle même plus de ma dernière crise de colère ! Et je n’arrive plus à me remémorer une quelconque crise de folie, même passagère ! Avec les années, j’ai vraiment gagné en robustesse mentale et en capacité d’indifférence. Mais dit comme cela, je réalise que devrais probablement m’en inquiéter !

Mais alors, tu fais preuve d’une sacrément bonne gestion de crise. Alors en 5) Je suppose que tu n’es pas passé me consulter dans cette cellule de crise, pour que je te soulage d’une inquiétude quant à une éventuelle crise d’arythmie ou pour que je te rassure au sujet d’une crainte de l’imminence d’une crise cardiaque… En réalité, tu traverses une crise de placidité agrémentée ici et là de bouffées de bien-être. Ceci en éprouvant le réel danger de te voir un de ces jours submergé par une crise d’hystérie euphorique ?

-Ça y est ! Tu as tout deviné ! Bravo docteur, je te félicite !

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J'aime beaucoup imaginer et développer des dialogues
thérapeute-fada vs. patient-frappadingue.
Apparemment, il s'agit d'une fantaisie récurrente 
chez moi.
C'est en écrivant ce commentaire que j'ai pu en 
retracer l'origine profonde et le cheminement qui 
m'y a conduit. Je ne devrais donc même pas aller 
consulter pour décoder la source de cette petite  
manie :-)

Et voilà, fin de la (des) crise(s)

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Du rififi à l’heure du roupillon

C’est dans un endroit fort agréable et bien au frais,

Et que je pensais être à l’abri des regards indiscrets,

Que je m’apprêtais à camper ma sieste de la mi-journée,

Les paupières lourdes et les batteries déchargées.

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Alors que je n’étais point à l’affût ni même affamé

Voilà qu’un imprudent vint se glisser sous mon nez !

Mais quel sans-gêne ose-t’il se permettre telle insolence ?

D’aguicher ainsi ma gourmandise en demie somnolence !

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Mais mon instinct ne m’a accordé le loisir de gamberger

Me rappelant que je suis plutôt de nature à me régaler !

Que doit primer l’intention de n’en faire qu’une bouchée

Sur celle d’encourir le péril de me faire croquer !

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Alors je me suis jeté par surprise sur cette pâture distraite

Ne lui laissant la moindre chance de retrouver toute sa tête

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Admin Blues

Je peux décider en une fraction de seconde de me casser la tête avec des trucs de dingo, me montrer ultra-motivé et passer en vitesse lumière pour les accomplir ou les résoudre, mais dès qu’il s’agit de m’attaquer à ce qui touche à l’administration de mon moi citoyen-contribuable, c’est en un éclair que je me métamorphose en mollusque apathique sous somnifères devant une grosse feuille de laitue peu appétissante.

Sachez dès lors qu’AdminMan le super-administrateur-fiscaliste masqué, il est scientifiquement impossible que ce soit moi ! Même sous cryptonite ! Parce que lui, il saurait instantanément comment optimiser ma fiscalité pour en fin de compte, ne pas même avoir à en payer des impôts. Lui, il connait les combines pour ne pas avoir à s’appliquer à écrire en caractères lisibles au stylo à bille (mais surtout pas au crayon de papier) à l’intérieur de toutes les petites cases d’une flopée de formulaires officiels. Et au pire, il a des sbires qui sont prêts à se farcir le “sale boulot” à sa place.

Et ce n’est pas parce que je n’y comprends rien que je relègue volontiers la discipline fiduciaire au dix-huitième plan. Je pense que c’est simplement à cause de cette pesante notion de rigidité qui prédomine dans ce domaine. Je crains fort que ce ne soit que la simple idée de devoir me plier en mille face à ce rigorisme bureaucratique qui me pétrifie d’entrée de jeu.

Et j’ai beau mettre en place toutes les incitations nécessaires afin de me contraindre à choper le taureau de Wall Street par les cornes, de soigneusement ignorer toutes les attractions distractives, de verrouiller toutes les sorties de secours et de condamner les échappatoires et même de ranger ma créativité au vestiaire : Rien n’y fait : Je suis très vite foudroyé par une léthargie inhibitrice et ce, souvent même avant le terme de la mission.

Heureusement que je n’avais pas opté pour une profession à plein temps dans une quelconque filière administrative ! Sans quoi je crains fort que j’aurais rapidement fait un bore-out conforme à l’article 518 bis du 6ème volume de l’encyclopédie des pathologies modernes. Ou alors, j’aurais tout aussi bien pu perdre pied et me noyer au milieu d’un océan de chiffres noirs.

C’est donc par pur réflexe défensif, qu’en général je repousse le traitement de ma paperasserie à des jours meilleurs. Des jours comme il n’en arrive le plus souvent que sous la forme d’un rappel avec dernier délai en caractères gras soulignés ou d’une sommation d’usage.

Évidemment, je pourrais implorer mon percepteur pour qu’il m’accorde un léger report d’échéance destiné à me permettre de souffler encore un peu. Là-dessus je crois, qu’il y aurait quand même encore une petite marge de flexibilité de négociable.

Mais comme je n’ai pas vraiment d’autre option que de toujours rester au moins un tout petit peu créatif dans chacune de mes actions, je préfère encore l’imaginer me répondre comme suit :

-Une prolongation ?? Alors là, mon cher Monsieur, je ne vais pas y aller par 4 chemins : Vous pouvez aller vous faire cuire un 9 ! J’attends l’envoi de vos documents dûment remplis et signés dans les 3 jours et sans fautes ! C’est ça, ou je vous colle un 0 pointé et des frais administratifs sur les 2 prochains exercices !

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Bon allez, ce n’est pas l’tout des choux, l’heure tourne et il faudrait vraiment que je m’en retourne au plus vite à mes petits calculs de boutiquier !

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Une rare photographie du “Chief Executive Officer” de la société AdminMan Limited se tournant, il faut bien le dire, un peu les pouces pendant un conseil d’administration …

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Un petit détour au service comptabilité

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Entre deux prises de tête “comptables“, je n’ai évidement pas pu résister à aller faire un petit galop d’essai avec la toute dernière évolution du logiciel libre et open source de dessin vectoriel Inkscape v1.0 ( inkscape.org )

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Le bureau des affaires classées

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C’est un réglage de base et de naissance qui a fait de moi un citoyen affichant une nette préférence pour les lettres par rapport aux chiffres.

Mais je crois savoir que les autorités fiscales ne se contenteront toujours pas d’une déclaration sous forme de rédaction de quelques phrases proprement orthographiées de la part d’un contribuable plus lettré que trésorier. Mais d’autre part je dois reconnaître que je n’irais pas pour autant les supplier de pouvoir faire toute ma comptabilité en chiffres romains !

Il est grand temps pour moi, mais pour un temps seulement, de passer des lettres aux chiffres. De me laisser envahir par une grande ferveur administrative. De faire parler les chiffres. De jongler avec des nombres. De passer à l’addition.

C’est afin d’entrer en douceur dans cette parenthèse gestionnaire que pour commencer, j’ai créé en toutes lettres, mon premier « classeur des affaires non-classées » ! Il s’agit d’un concept novateur et hautement révolutionnaire en tout cas en ce qui me concerne : C’est un classeur symbolique, sensé rester éternellement vide de toutes traces de classement !

Je dois à l’avenir, pouvoir à tout moment, enfoncer profondément mon index dans le trou noir situé au-dessous de l’étiquette blanche (voir photo), sans rencontrer la moindre résistance opposée par quelque dossier d’une affaire réglée que ce soit que j’aurais pu y laisser traîner.

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Le prisonnier de l’essentiel

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Personne ne m’a jamais conseillé de rédiger mes mémoires

Et je n’ai pas moi-même prévu de les parcourir un jour en entier

Personne ne m’a incité à noter mes formules dans un grimoire

Et je ne détiens pas de recette magique pour épicer plus d’une réalité

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J’ai choisi d’écrire pour ne pas rester à vie, ce triste prisonnier de l’essentiel

Captif d’une unique substance, qui entraverait ma liberté de m’évader

Je me suis permis de consigner, ce qui ne me paraissait pas confidentiel

Dans une autobiographie de tous les souvenirs qu’il me restait à inventer

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Personne n’est jamais passé me demander de vider mon sac au parloir

Et n’ai pas été en personne jusqu’à me condamner à une liberté de parole

Personne n’a proclamé de sentence pour rendre mon discours obligatoire

Et n’ai vu l’interdiction de quiconque d’exprimer mes idées les plus folles

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Alors, bienvenue dans le chapitre suivant de mon journal de bord !

Il ne devrait plus y manquer la moindre page blanche à barbouiller

Il y aura des ratures ineffaçables et des stigmates de bagnard encore

Mais j’y jetterai l’encre avec la plume qui me permet de m’envoler

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aLexLibris • Just listed new wooden/leather Grimoire in ...
Source Image : Internet > leather grimoir

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Désolé, mais ce bien n’est pas à vendre !

A ce jour encore, aucun trader envoyé des enfers ne s’est jamais présenté à ma porte pour négocier l’acquisition de mon âme ! Quant à moi, je n’ai même jamais pensé fixer de tarif de base en prévision d’une occasion où je me sentirais vaciller dans la perspective d’envisager la vendre.

Vu d’ici et sauf imprévus, je crois que lorsqu’il s’agira pour moi de rendre l’âme, ce sera sans avoir d’abord à rembourser une hypothèque la mort dans l’âme. Et s’il devait subsister un reste de supplément d’âme alors ça sera cadeau, pour la maison !

Un commercial malin aurait habilement pu placer son offre à des moments où j’avais du vague à l’âme, quand j’errais comme une âme en peine dans une impasse sans âme qui vive ou quand je manquais désespérément de force de l’âme. Il aurait pu me faire miroiter un contrat préférentiel aux conditions des plus alléchantes, comme la promesse d’une âme sœur, un élargissement de grandeur d’âme, un adoucissement de servitudes.

Je devais certainement être absent de mon domicile à chaque fois qu’ils sont passés prospecter dans mon quartier. Ou alors il se pourrait que je sois répertorié sur leur liste noire de débiteurs déconseillés pour tout projet d’investissement. Si elle existe, je remercie la bonne âme qui m’aurait dénoncé et qui m’a évité de devoir me montrer désagréable en leur claquant la porte au nez.

Je n’en ai pas la preuve concrète, mais je suspecte leurs services de renseignements de s’être permis de m’accabler d’idées noires en des temps difficiles. Probablement dans le but d’évaluer d’éventuelles disponibilités de ma part. Et je m’amuse aujourd’hui à croire que j’ai certainement fini par obtenir la classification définitive de client indésirable. Une mise à l’index dans la catégorie des collaborateurs potentiels peu maniables et insuffisamment disciplinés pour envisager une quelconque exploitation productive sur le terrain.

Pour terminer, je vous refile un tuyau utile pour le cas où l’un de ces agents des abîmes devait passer vous rendre une visite surprise avec sa mallette remplie de biffetons lorsque vous n’êtes pas vendeur : Prouvez-lui simplement que vous n’avez pas perdu votre âme d’enfant et c’est probablement sans même enchérir, qu’il s’en ira très vite poursuivre sa sinistre récolte ailleurs.

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Mes petites bêtes à grosses pattes

Aujourd’hui j’avais prévu de parler d’autre-chose et puis, il y a eu ce tout petit imprévu

Chemin faisant en direction de mon coin-cuisine, muni de la ferme intention de me concocter l’un de ces petit-déjeuners d’anthologie capable de me catapulter dans les meilleures dispositions pour parler de cet autre-chose, je me suis trouvé dans l’obligation de stopper nette ma course, à deux orteils près d’écrabouiller une toute petite araignée avec de très grosses pattes ! Visuellement, elle semblait être équipée de moufles à quatre ou cinq doigts à l’extrémité de chacun de ses membres.

Et c’est cette fois grâce à une totale absence de mimétisme, qu’une fragile créature a survécu ! Sans une évolution d’ordre chromatique sérieuse, passer inaperçue au sol chez moi, en foulant de ses papattes mahousses la surface de mon parquet laminé chêne clair, n’était visiblement pas une option prévue au programme pour elle par mère nature. Je me suis aussi demandé si avec de si grosses pattes, elle serait un jour en mesure de tisser avec la dextérité et la précision requises, un filet de pêche aux mailles assez serrées pour capturer des proies à sa taille.

Pour moi, il était évident qu’il s’agissait là d’un spécimen rare d’arachnides sinon un représentant initial d’une espèce mutante. Je l’ai baptisée de la marque déposée de « araignée-gecko ». Ce premier contact inédit m’a rappelé une rencontre récente : J’avais surpris, à mon goût trop près de mon lit, une toute petite mouche noire collée à la paroi blanche. Elle aussi présentant cette particularité surprenante de se chausser en gants du rayon très grosses pointures !

Pour cette toute petite mouche à mon sens installée à un endroit des plus mal choisi, j’avais dû trancher en faveur d’une élimination à la « Ghost Buster ». C’est la peine en général appliquée à une grosse araignée à petites pattes, squattant un territoire sensible. J’ai donc libéré Luigi la turbine de sa remise et lui ai offert en pâture cette toute petite mouche à grosses pattes. Mais loin de moi alors l’idée de dorénavant souhaiter me profiler en serial-exterminateur de petits insectes à grosses pattes !

En soirée, peu après m’être immergé jusqu’au menton dans un bain relaxant, c’est en retournant vidanger l’eau refroidie que je l’ai retrouvée noyée dans ma baignoire ! Alors que je l’imaginais prisonnière à perpétuité des entrailles de Luigi la turbine. Elle flottait à la surface du plan d’eau, immobile, ses grosses pattes en éventail. J’étais arrivé trop tard sur les lieux du drame pour lui porter secours. Je l’ai observée attentivement pour voir si elle allait soudain se décider à palmer à contre courant, et ce jusqu’à ce qu’elle se mette à tournoyer de plus en plus vite, puis à se laisser aspirer dans le siphon d’écoulement. J’étais déjà intrigué par son étonnante capacité d’évasion, alors j’étais curieux de savoir si en qualité de mutante, elle disposerait également déjà d’une troisième vie en réserve.

On dit souvent que tout est lié. Il est plus qu’envisageable que la petite mouche-gecko aurait dû constituer un plat du jour parfait pour la petite araignée-gecko ! Et non pas celui de Luigi la turbine, ni celui de l’assoiffé et impitoyable siphon de ma baignoire. Alors dans l’espoir de contribuer à rétablir autant qu’encore possible, le fragile équilibre de la chaine alimentaire, j’ai pris la décision de tenter de sauver la petite araignée-gecko. Profitant de cette initiative pour l’expulser de mon habitat où de toute manière, il n’y avait plus trace sur les murs de petite mouche à grosses pattes à espérer se mettre sous la mandibule. Incapable de jouer aux gros bras avec des petites araignées à grosses pattes, je me suis emparé de deux grandes feuilles de papier, l’ai traquée et cueillie au sol, puis me suis précipité vers ma fenêtre ouverte pour procéder à son évacuation pour de nouvelles aventures, vers une nature présumée des plus accueillante.

Et c’est en secouant vigoureusement les feuilles de papier à l’extérieur que j’ai commis l’erreur que je ne devais plus commettre : Ça faisait déjà deux mois que je souffrais du côté droit d’une déchirure musculaire entre l’épaule et le haut du bras. Habituellement je ne sentais plus grand chose, mais il a suffi que je fasse l’un de ces mouvements interdits et c’était comme si la réparation avait encore lâché ou alors que ça venait de se déchirer juste à côté. Et comme forcément tout est toujours lié, c’est principalement dans l’optique de calmer cette douleur-là, qu’il m’arrivait de prendre des bons bains chauds, tel que celui qui avait ôté la vie à ma petite mouche à grosses pattes mystérieusement échappée de l’estomac glouton de Luigi la turbine.

Aujourd’hui, j’avais vraiment prévu de parler d’autre chose. Et je sais que je devrais aller voir un toubib et lui demander de soigner ce bras souffrant. Mais je sais aussi qu’à la fin, tout ça risquerait encore de me coûter un bras en factures. Et ce serait probablement celui qui est encore parfaitement valide ! Alors je préfère encore laisser les bienfaits de la nature agir à leur rythme et à leur guise. En tentant d’apprendre à éviter de reproduire ces fameux mouvements interdits jusqu’à nouvel ordre. En particulier quand je dois réagir dans la précipitation lors d’un cas d’urgence.

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Fuck the system solaire

Mes tous premiers pas d’extraterrestre, je les ai faits sur la lune en compagnie de Tintin le reporter et de son sidekick, le vieux loup de mer barbu. Pour que l’expérience soit la plus complète possible, nous avions choisi de nous y rendre un jour où elle était bien pleine et lumineuse. Notre séjour là-bas n’a pas duré une semaine, parce que sur place, c’était vite un peu la déprime. Il faut dire qu’il n’y avait pas la plus foisonnante des biodiversités, qu’on ne tombait pas en pâmoison devant l’exubérance des styles et des matières et qu’on ne frissonnait pas longtemps devant la richesse de la palette de couleurs. Ce parc d’attractions était vaste, mais il n’y avait pour ainsi dire qu’un seul thème à choix et il y était particulièrement récurrent.  En gros, une fois que t’avais fait le tour d’un cratère ou deux, que t’avais shooté tes selfies, tu te réjouissais de rentrer pour retrouver l’atmosphère reposante de ton bercail. Et puis Milou a été le premier à se plaindre du mal du pays déjà en arrivant, après y avoir vainement cherché un arbre pour se soulager.

Mais comme on dit toujours, ce qui compte avant tout, c’est évidemment la découverte, l’aventure et l’enrichissement…

Un peu plus tard à l’école, lorsque ce fût mon tour de partager mon premier exposé devant la classe, c’est ce voyage lunaire qui m’avait conduit à choisir le thème du système solaire. Ce sujet de thèse pourtant universel, n’avait pas une minute envoyé mes petits camarades sur orbite. Beaucoup semblaient bombardés par des pluies de météorites de somnolence, d’autres cherchaient visiblement un moyen de cintrer la trame de l’espace-temps pour profiter d’un raccourci vers l’heure de la récréation. J’en apercevais certains nourrir l’espoir de voir l’orateur soporifique et son discours barbant, aspirés par le gosier béant d’un trou noir. Même le prof semblait parfois se demander si j’avais vraiment eu les pieds sur terre au moment de choisir de disserter aussi longuement à propos de lointaines géantes gazeuses et de boules de glace exemptes de chocolat et de vanille.

Mais comme on dit toujours, ce qui compte avant tout, c’est évidemment l’échange, le partage, l’enrichissement…

Ça m’a intrigué lorsqu’ils ont envoyé un robot d’exploration à chenillettes sur la planète Mars. « Hé machine, va donc jeter une lentille autofocus sur place. Il se pourrait qu’en fouillant bien, tu y déniches une ou deux gouttes d’eau fossilisées et quelques vestiges de bactéries ». J’observais avec grand intérêt si l’automate visiteur ne souffrirait pas d’un problème de parachute à l’arrivée et comment il allait s’y prendre, une fois égaré dans ce vaste désert rouge et ocre à 99,9%, pour surmonter le choc de l’addition de ses nombreuses déceptions en vivant son rêve de rencontre avec d’accueillants petits hommes verts au détour de chaque caillou poussiéreux. Comment il ne craquerait pas et ne finirait pas par autodétruire ses panneaux solaires à grands coups de bras articulés et de perceuse à substrats rocheux. Comment il ne perdrait pas petit à petit toute sa foi en la fameuse promesse de départ de son chef de mission, celle qu’on enverrait très vite d’autres volontaires kamikazes en renfort pour le décharger et lui tenir compagnie.

Mais comme on dit toujours, ce qui compte avant tout, c’est évidemment la science, la conscience, l’enrichissement…

Mon espace vital actuel se trouve sur la petite planète bleue. C’est la troisième à partir de l’étoile en flammes située au centre du système. Plus précisément dans un petit pays à peu près au milieu du continent européen. Aux infos, ils ont dit que la consommation nationale annuelle de ressources nécessitait 3 planètes. Alors j’ai ressorti de mes tiroirs la documentation de ma thèse pour étudier la question. Pour les deux astres qu’il nous manque, j’ai choisi Jupiter et Saturne. Déjà parce que les anneaux de Saturne, pour moi visuellement, ça en jette, mais à un niveau carrément intergalactique. Mais aussi parce qu’elles sont toutes les deux principalement constituées d’hydrogène et d’hélium. Il parait que l’hydrogène, ça sera le carburant du futur, alors autant porter mon choix sur des planètes qui n’en manqueront pas de sitôt. C’est que les carburants, on y est un peu accros par ici. Et puis l’hélium, c’est toujours utile pour gonfler des ballons festifs et pour faire la voix idiote qui fait rire tout le monde et à tous les coups. Et si un des ces jours on devait passer à une consommation de quatre planètes, on a encore de la marge. Il en restera encore quelques-unes en réserve et ça, déjà rien que dans notre système à nous…

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Quelque part en Nouvelle-Zélande > Source IG/Twitter lola.photo

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Plaque commémorative du second trimestre 2020

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C’est avant-tout le sens du devoir de mémoire qui m’a poussé à bidouiller cette plaque commémorative en faux bronze coulé. C’est pour ne jamais oublier sur le long terme si en fin de compte, il s’agissait d’une crise de la quarantaine ou de la quarantaine d’une crise.

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