C’est un beau jour pour les adieux d’un poète !
Il en a assez d’aligner des vers et des rimes
Grand temps pour lui de prendre retraite
Il n’alignera plus les moindres mots qui friment.
Ce n’est plus l’heure de se prendre la tête
Sa prose sera désormais réservée, plus intime
Et ses complaintes désordonnées à perpète
Il ne décrira plus jamais de paysage sublime
Dissout dans la foule son vieux talent d’esthète
Un peu comme s’il avait soudain été victime
Du tir en pleine âme d’une arme secrète
Dévalorisant son lyrisme, qui ne vaut plus un centime
Que désormais sa verve se doit de devenir plus discrète
Même si jouer avec les mots n’était jamais un crime
Mais jouer sur les mots que personne ne répète ?
Il les chérissait et les laissait chanter en son estime
Les lançait en ligne hors de son cœur en fête
Sens de la terminaison et consonance richissime
Musique des mots sur rythme endiablé que rien n’arrête
C’est un beau jour pour les adieux d’un jongleur ultime
Une belle journée pour la toute dernière pirouette…