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Psychiatroc

La semaine dernière, mon comparse est revenu me rendre quelques petites visites surprises. Il ne m’avait plus autant tapé sur le système depuis des mois ! C’est probablement la raison pour laquelle je lui ai ouvert et l’ai accueilli. Dernièrement, nos chemins ne faisaient plus guère que se croiser. Il m’arrivait de l’apercevoir en train de rôder dans le voisinage, sans qu’il ne vienne cogner à ma porte pour s’inviter.

Mais cette fois, il ne s’est pas présenté sous sa forme vaporeuse. Il était étonnement vaillant et animé de l’intention de s’offrir quelques consultations à l’œil. Évidemment, sans jamais accepter de convenir d’un rendez-vous planifié.

Sa spécialité est de débarquer à l’improviste avec préméditation. Il ne se déplace que pour vampiriser mon énergie. Heureusement, ma trousse d’outils de secours ne se trouve jamais très loin. Dans le pire des cas, elle contient ce qu’il faudrait pour l’hypnotiser voire même l’anesthésier. Mais le plus souvent, quelques entretiens de conciliation suffisent à ramener le calme au sein de notre tumultueuse relation.

En général, quand j’ai fort à faire avec lui, je réduis immédiatement ma voilure sur les réseaux sociaux et bascule en mode lecture en diagonale sur les news en ligne. Il s’agit alors par prudence de ne pas dilapider de ressources vitales. De ne pas m’étourdir d’informations qui ne me seraient pas indispensables et dont il pourrait avoir la mauvaise idée de se servir pour m’intimider. Et à la place, je privilégie ma propre créativité et l’exploite en guise de pare-feu et d’armure.

C’est à peine installé dans son fauteuil qu’il m’adresse déjà ses caresses à rebrousse-poil : Que je m’empresse d’esquiver ou de démêler.

A un moment, il s’en est même pris à mon ancestral instinct de chasseur-cueilleur en le retournant contre moi. S’acharnant à vouloir me convaincre que je ne serais en fait qu’une proie traquée et que je devrais trembler à l’idée d’être cueilli pour être dévoré.

Je reconnais que cette série d’attaques d’une violence inhabituelle ont pu mettre à mal mon équilibre. J’avais un peu perdu la mesure de la possible vigueur de son emprise sur moi. Et il était donc heureux que mes bons vieux réflexes de défense ne se soient jamais évaporés.

A chacune de ces consultations, je lui ai servi un grand bol de bonne humeur et de positivité en échange de ses petites névroses. J’ai fait en sorte de le ramener à la lumière et de lui redonner des couleurs. Lui ai rappelé nos progrès accomplis au fil du temps. L’ai encore empêché de vouloir détruire avec insistance une camaraderie presque vingtenaire, par des propos et des actes dont les possibles conséquences ne lui seraient en rien favorable.

Et un jour, il a soudainement de nouveau disparu sans prévenir. J’en ai profité pour refaire le plein d’énergie et pour retrouver ma sérénité. Quant à mon comparse, je sais l’attendre au contour.

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Durant toutes ces années, je n’ai cessé de constituer une palette de techniques assez efficaces pour le tenir à bonne distance lorsque cela s’avérerait nécessaire. Et j’ai fait connaissance avec une série de déclencheurs qui peuvent faire qu’il rapplique pour m’envahir de ses arrière-pensées inamicales avec pour objectif d’altérer ma réalité. Mais ça reste quand même toujours un peu, un défi d’équilibristes.

Et voilà. Tout ceci devait aussi être un jour évoqué dans mon livre de souvenirs.

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