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S’il te plaît… Dessine moi un mouton !

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Il peut arriver, quand on voyage en bagnole, qu’une avarie au niveau du moulin à pistons, nous contraigne à un arrêt imprévu, au beau milieu d’une banlieue lugubre et désertique.

Forcément, pas trace d’un mécanicien qualifié parmi les passagers qui de toute manière sont déjà bourrés et stones au fond de la banquette arrière. Par-dessus le jour du marché, il ne nous reste que trop peu de bière : A peine de quoi éponger un tout début de soirée.

La nuit tombe, et il est de notoriété du public que les nuits sont chaudes dans ces faubourgs. Comme on est tous bien trop naze pour méditer, on décide de remettre la résolution de nos tracas techniques à des lendemains moins brumeux et après avoir épuisé nos provisions de cervoise, on s’assoupit sur les lieux de la petite teuf improvisée,  un terrain vague qu’on pourrait presque qualifier de bucolique, avec quelques verres dans le nez.

Au lever du jour, une drôle de voix me tire des tentacules de Morphée :

– S’il te plaît … Dessine-moi un mouton !

J’ai sauté sur mes pompes comme l’homme qui avait vu l’ours, je me suis tamponné les mirettes et j’ai pu voir devant moi, un mec qui brandissait une Kalachnikov et qui me fixait gravement. Il n’avait pas l’air d’être perdu, si ça se trouve on s’était échoué sur son territoire…

J’ai sorti ma tablette tactile de la boîte à gants de notre chignole et malgré une légère tremblote résiduelle, en deux ou trois habiles glissements de doigts,  j’ai affiché à l’écran un magnifique mouton que j’avais dessiné en maison de redressement dans le but retrouver mon calme après une altercation avec un codétenu.

Mon mouton lui a semblé correct, même si ce n’était pas le chef d’œuvre espéré  et tout naturellement un respect mutuel s’est installé entre nous. Il m’a montré les tatouages qu’il s’était fait faire lors de ses nombreux séjours en tôle en attendant l’arrivée de l’un de ses potes mécano qui a remis notre guimbarde en état de marche. Il nous a d’ailleurs conseillé à l’avenir de ne plus tirer autre chose que des allemandes.

Pour le remercier de nous avoir tiré des emmerdes et à titre de dédommagement pour la nuitée, on lui a refilé nos portefeuilles ainsi que le butin de nos deux dernières campagnes nocturnes et je lui ai offert la tablette tactile avec le dessin du mouton pour enrichir sa collection.

Dans le secteur, il se faisait appeler « le petit prince des quartiers  ». J’avoue qu’il méritait bien son blaze : Ce mec s’était montré bon prince avec nous !

 

Une relique un peu vache !

 

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Ce matin, avant de commencer ma journée d’artiste auto-proclamé ou de programmeur acharné ( selon les paramètres du jour ) je me suis décidé de passer en mode “Ordnung“. Faire de l’ordre, du rangement ! Et ça fera plaisir à la femme de ma vie, dont la tolérance au binz de conjoint mérite bien plus de “thumbs up” que je n’ai de pouces à disposition ! ( voir un article précédant )

Imaginez un décor apocalyptique : Des blocs à dessin de toutes tailles et épaisseurs, des croquis ratés et autocensurés à la pelle, des ToDo List, un fatras de notes et de pense-bête, des impressions de publicités, des papiers calques chiffonnés, des data sheet de composants électroniques, des résidus de gomme,  des feutres et des marquers rongés jusqu’à l’os, des devis et des factures, des pinceaux, des crayons, tout ça formant ce qu’on appelle parfois un “bordel organisé” mais à tendance envahissante.

Ensuite imaginez l’un des derniers survivants de l’apocalypse [moi] , un aventurier solitaire et courageux, évoluant dans un silence oppressant, faisant du tri sélectif à la lueur d’une lampe frontale, dans ce qu’il reste d’un monde sombre et décadent…

Cette aventure pourrait s’avérer effrayante décrite comme ça et bien pas du tout, je vous rassure avant qu’un frisson d’angoisse ne vous glace les vertèbres ! Tout petit déjà, j’adorais aller me faire peur le coeur battant, à fouiner dans des maisons désaffectées et poussiéreuses ou explorer des usines abandonnées, à la quête de sensations fortes et d’objets désuets et hétéroclites potentiellement intéressants ou utilisables d’une quelconque manière.

Si ça se trouve, j’étais peut-être destiné à devenir une sorte de wall-e de chair et de sang, un vagabond-antiquaire-brocanteur-chineur-fripier.

Donc en perquisitionnant les recoins de mon petit univers apocalyptique et décadent, je suis tombé sur quelques premiers croquis et autres griffonnages de recherche oubliés, des documents historiques qui me semblent pour certains, receler finalement un petit quelque chose d’intéressant.

La première relique retenue, le croquis raté ci-dessus est un boeuf qui devait afficher l’expression des mauvais jours d’un chef de gang en manque de baston. C’était à la demande d’un client pour un logo illustré, client qui à la fin a heureusement retenu une évolution bien plus souriante et amicale de la bête à cornes. Il est vrai que pour que son client à lui décide d’entrer dans sa boutique, il serait évidemment préférable pour lui de ne pas être épouvanté par un logo sur la vitrine, par un faciès qui lui rappellerait le gros bras de videur qui lui a refusé l’entrée à la discothèque, le samedi précédant…

Employé modèle avec bonne présentation

La première impression, ça compte !

Tout un plat (de résistance)

 

Une histoire vraie de la vraie vie réelle véritablement vécue par des gens qui existent !

 

L’autre jour, en terrasse, aux alentours de midi-tapantes

Nous fûmes témoins de la discrétion loin d’être évidente

De nos plus proches voisins de table eux aussi affamés !

Un couple de tourtereaux, bavards et passionnés !

 

Ayant probablement fraîchement fait connaissance

Lui fort entreprenant, une fois rassasiée sa panse

Semblait ne point disposer de la semaine pour conclure

Aussi, à l’instant de régler la raisonnable facture :

 

Il se voyait déjà selon des manifestations qui s’aiguisent

Consommant dans la minute avec fougue et gourmandise

Les charmes de la séduisante dame en guise de dessert

Avec moult délectations et une bien grosse cuillère

 

Mais Madame, qui ne l’entendait pas de pareille esgourde

Lui annonça qu’elle n’était point une si peu farouche gourde

Et qu’il ne croquerait sa vertu ni ne goûterait à l’amour

Avec empressement et largesse d’un simple plat du jour !!!

En somme….

 Myself , croqué par Loulou

Encore victime de l’un de ces énormes coups de barre…

Des paupières trop lourdes, fermer boutique, une pause, là, tout de suite!

Un cœur qui bâille le dernier ballon d’oxygène avant une phase de ralenti

Me laisser emporter dans une de ces merveilleuses petites coupures de paresse

Un roupillon des plus plaisants, à la bonne heure, celle de la sieste !

Cette vie peut bien attendre un peu qu’à pleine quenottes, je la croque encore…

Tiens, c’est étrange, subitement je suis capable de voler

Je n’aperçois nulle part aucun obstacle d’aucune sorte

Le ciel est bleu et la terre un paradis lumineux, fleuri et parfumé

Pourtant, j’ai un peu peur de ne pas me réveiller…