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Le migrant du dernier cycle

J’étais de passage quelque part dans le monde des rêves. Mon séjour touchait presque à sa fin. J’étais sur le point d’aller rejoindre ma capsule, relativement insatisfait du manque d’intérêt et d’intensité de ce voyage. Je n’emportais pas même dans un coin de ma tête, une seule anecdote mémorable à déguster au réveil.

C’est un sursaut d’espoir qui m’a proposé un dernier détour : un peu plus loin, il y avait un coin de pays que je n’avais pas encore visité. Et c’est la forte probabilité que ce soit mon unique périple dans les environs qui a fini par me convaincre.

Je n’ai pas regretté cette digression : Une fois sur place, ce sont l’architecte et le décorateur qui se sont réveillés ! La scénographie était splendide ! Puis le scénariste complétement anesthésié jusque-là, est à son tour entré dans la danse en débordant d’inventivité. Mon appréciation globale de cette excursion a bondi, d’ultra-soporifique à spectaculaire et fascinante…

Alors déjà métamorphosé en client conquis, c’est le producteur qui m’en a ajouté une couche en m’allouant un accompagnateur muni des pleins pouvoirs. L’endroit était magique et les interactions avec mon guide des plus stupéfiantes. J’étais le premier touriste venu d’un autre monde qu’il côtoyait, ce qui titillait sa curiosité.

A chaque fois que je manifestais l’intention de rentrer au bercail, mon interlocuteur faisait surgir de nulle part une nouvelle attraction. A un moment d’un seul geste, il a fait apparaître tout un front de mer avec beaucoup d’animation. Me voyant incapable de résister, je repoussais une fois de plus l’éventualité de mon retour. Et nous avons continué de festoyer en compagnie de joyeux autochtones.

Je peinais à comprendre que mon hôte s’intéresse à ce point aux spécificités de l’univers de ma provenance. Et j’avais beau lui expliquer qu’on y disposait généralement que de très peu de compétences fantasmagoriques, il insistait pour que j’accepte de l’emmener lors de mon prochain transfert. Et ce, même s’il ne disposerait pas à destination d’un corps endormi à réanimer et que je n’avais pas la moindre idée de ce qui pourrait lui arriver.

Jamais encore, je n’avais rencontré de personnage qui rêvait de s’évader d’un rêve. Un protagoniste habité du paradoxe de vouloir s’échapper d’une phase de sommeil paradoxal.

Lorsque j’ai ouvert les yeux dans mon lit, je ne parvenais pas à me souvenir s’il avait finalement pu faire le voyage avec moi. Mais si ça devait être le cas, j’espère qu’il ne sera pas trop déçu…

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Paradox Parking

Ce matin j’ai été réveillé en sursaut par une surprise !

Mais non, vous n’y êtes pas du tout : Ce n’est pas le jour de mon anniversaire et il n’y avait pas d’invités rassemblés au fond de ma chambre à coucher à attendre que je soulève un coin de paupière pour crier Surpriiiise sous une banderole à la con !

Ce serait d’ailleurs le type de guet-apens susceptible de me recouvrir d’un poil mauvais pour les douze prochaines phases de lune à suivre.

Ladite surprise en était bien une mauvaise mais elle m’a tout de même adjugé une pleine journée de bonne humeur ! Je reconnais que cet effet contradictoire pourrait paraître paradoxal au commun des immortels.

La surprise de ce rêve consistait en un dénouement très inattendu. On peut appeler ça un twist final. La conclusion de ce rêve qui, il faut le préciser, avait tourné au cauchemar peu avant son interruption causée par le stress !

Je me souviens clairement de la toute dernière séquence, celle de la surprise. Malheureusement, ce qui s’était déroulé auparavant, demeure plus flou dans ma mémoire.

C’est donc assez vaguement que je me rappelle me trouver dans un bar en compagnie d’une créature de rêve, ce qui, à priori n’est pas plus surprenant que ça dans un rêve. Nous étions dans l’un de ces bars qu’on a coutume de voir dans des films. L’un de ceux avec un très grand parking qui en fait presque le tour. Une taverne comme il n’en existe pas de comparable à distance respectable de mon chez-moi. Dans les rêves, autant préférer évoluer dans un décor inhabituel, un peu exotique et si possible spacieux plutôt que dans l’étroit couloir glauque du kebab exigu du coin de la rue.

Je précise que n’étais pas bourré : Je ne bois que de l’eau et uniquement de la bonne, lorsque je rêve. D’ailleurs, nul besoin de substances enivrantes ou hallucinogènes : Mes rêves sobres sont déjà suffisamment barrés comme ça.

Nous conversions cordialement les yeux dans les mirettes et voilà que je vois ma main confier mes clefs de bagnole à la belle. Des clés qui avaient la forme d’un triptyque composé de trois blocs distincts de couleur noire mat. Je ne les avais encore jamais vu avant. Un signe que la nuit je ne roule pas la SunMobile lorsque je m’endors au volant. Puis la dame quitte le bar pour aller prendre un grand bol d’air frais et avec l’intention de m’attendre dans le parking…

Très peu d’espace-temps-rêve plus tard, lorsqu’à mon tour je sors de l’établissement pour la rejoindre : Bam ! Mauvaise surprise ! La créature de rêve s’était volatilisée dans la moiteur de la nuit, me laissant seul au milieu du parking désert. Dans l’habitacle de mon véhicule, les trois mystérieux éléments noirs de mes clés de contact étaient soigneusement alignés selon la disposition adéquate.

En me réveillant en sursaut, je me suis dit : de deux ou trois choses l’une : Ou j’avais simplement rêvé d’une créature de rêve (ce qui est l’une des options ordinaires d’un rêve) ou alors, c’est que je lui avais faire vivre un vrai cauchemar dans le bar ! Au point qu’elle ait préféré s’évaporer dans la nature plutôt que de m’attendre. Ou alors si elle s’était simplement réveillée avant moi, ce qui ne lui aurait pas donné l’occasion de prendre congé ?

Pour la toute première fois dans la pratique de mon loisir de rêveur, j’ai eu un ressenti de réveil positif en m’extirpant d’un cauchemar ! Ok, c’était un songe bizarre, mais l’un de ceux dont j’avais eu la chance de rapporter un petit fragment de souvenir ! Une joie qui à mon goût malheureusement, ne m’est plus accordée assez souvent !

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Quand j’étais très jeune, je parvenais assez souvent à reprendre le cours d’un rêve interrompu au meilleur instant par un réveil indésirable. J’avais mille passionnantes raisons de traîner au lit jusqu’à midi. La richesse de mes rêves d’enfant qui me paraissait inépuisable. Il se sont raréfiés avec les années. Et je les ai remplacés par de fréquents petits voyages imaginaires…

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