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Panique à bord

Je me sentais en forme pour un lundi matin d’été. Je m’en allais travailler à la mine, au volant de ma berline. Mon trajet sur la route de campagne comprenait la traversée d’une dizaine de petites agglomérations.

A cette heure là, il n’y avait vraiment pas foule sur les trottoirs et sur la route. Difficile dans ces conditions de ne pas remarquer un gendarme immobile, ses mains accrochées à sa ceinture, jetant un regard circulaire sur mon passage …

Un coup d’œil prioritaire sur le compteur de vitesse et un autre sur le commutateur des phares : Ouf ! Rien de répréhensible à signaler !  

Je m’éloigne, laissant tout de même trainer un œil intrigué dans le rétroviseur…

Et ce fût rebelote en arrivant au centre du village suivant : Un autre planton en uniforme avait l’air d’avoir pris pour mission d’inspecter mon passage avec circonspection…

Alors un c’était très inhabituel, mais alors deux ? Que se passe t’il ?

Et de poursuivre ma route… Mes papiers sont-ils en règle ? Mes contraventions acquittées ? Mon triangle de panne est-il réglementaire ? Mon gilet à bandes réfléchissantes est-il à ma taille ? Un problème d’ampoule de feu arrière, peut-être ?

Dans le village suivant, encore un regard appuyé surmonté d’un képi réglementaire qui me dévisage dans mon habitacle !!!

Et voilà que je commence à stresser derrière mon pare-brise. Mais que se passe-t-il ? Peut-être qu’un dangereux psychopathe en cavale a été signalé dans les parages ? Un quadrillage du territoire en vue d’une chasse à l’homme ? Mais si ça se trouve, c’est moi qu’ils traquent tous ?

Et dans chaque commune que je traversais, il y en avait un autre exemplaire tout aussi vigilant et affichant une expression faciale non moins soupçonneuse !

Passablement perturbé par l’envergure de cette curieuse opération policière, heureusement qu’à mon arrivée à la mine, il n’y avait pas de déploiement surprise d’agents de sécurité à l’entrée ! Sans quoi j’aurai pu disjoncter, pensant réellement m’être rendu coupable d’un quelconque délit…

Quelques jours plus tard, c’est en allant chercher mes enfants chez leur mère, que je lui ai raconté cette mystérieuse expérience qui avait déclenché chez moi un certain stress paranoïaque. A cette période de ma vie, je me faisais régulièrement aspirer dans ce genre de spirale psychotique. C’est elle qui m’a dévoilé le pot aux roses : Ce lundi là était tout simplement le jour de la rentrée scolaire après les grandes vacances d’été. Et la police était présente à cette occasion aux alentours des écoles, pour veiller à ce que les automobilistes redoublent de prudence et modèrent leur vitesse de croisière !

Et voilà une affaire qui celle-ci, n’est pas allé s’éterniser dans les dossiers non-classés.

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Les Lumières Aveuglantes

Les Lumières Aveuglantes 

 

par SunOf.net


– Bienvenue à l’accueil cher Monsieur. Avant de procéder à votre enregistrement proprement dit, c’est moi qui suis chargée de m’occuper de vous. Détendez-vous, je m’occupe des statistiques d’admission et vais vous poser quelques questions très simples. Ce sera relativement rapide, ne craignez rien : Je dois simplement compléter au moyen de croix, certains champs prévus à cet effet dans le formulaire qui apparaît sur le terminal informatique que voici… La collecte de ces données est anonyme et ne vise que le seul but d’améliorer globalement la qualité de nos services. Etes-vous prêt ?

– Ouais. Bon…  allons-y !

– Question : De quelle manière venez-vous de passer de vie à trépas : Quelques exemples acceptés : maladie, accident, excès de substances, meurtre, autre motif ?

– Alors cochez accident ! Il était tard le soir. Il faisait déjà nuit. Après une longue journée de labeur, je conduisais sur la nationale en direction de mon domicile. Je rédigeais un petit texto/SMS à l’intention de ma compagne pour l’avertir de l’imminence de mon arrivée.  Un petit instant d’inattention je  l’avoue. Je me souviens seulement être entré en collision avec je ne sais quoi … Un autre véhicule peut-être. Je me rappelle qu’il s’en est suivi un profond silence, soudain déchiré par une lumière aveuglante …

– Oui, c’est le signal habituel, la célèbre lumière. Je peux sans doute mettre une croix dans décès par imprudence ?

– Non, parce que la lumière aveuglante, c’était les feux de route de l’ambulance qui arrivait sur les lieux. J’étais dans le coltard, mais au milieu des étoiles, j’ai clairement pu identifier des feux colorés clignotants. A ce moment-là J’étais encore en vie ! Mais c’est con, mon smartphone m’avait échappé des mains lors du choc. J’aurais aimé filmer l’arrivée des secours et mon transfert à l’hôpital. Ça semble incroyable comme ça, mais ça peut faire un véritable buzz en bas monde ce genre de vidéos vous savez !

– Alors vous avez survécu à l’accident ! Je pourrais mettre une croix dans décès suite à un malheureux enchaînement de circonstances ?

– Attendez : Dans l’ambulance j’ai demandé au médecin de bord s’il pouvait nous prendre en selfie avec son téléphone portable et de me l’envoyer par email. C’était seulement dans le but hypothétique  de l’utiliser comme photo de profil sur les réseaux sociaux durant mon séjour à l’hosto. Mais il m’a sèchement répondu qu’il fallait immédiatement que je cesse de bavarder dans mon masque à oxygène si je voulais conserver une infime chance de m’en sortir vivant. A ce moment-là, je me suis dit qu’un tel rabat-joie, j’allais éviter de lui transmettre une demande en ami une fois remis sur pieds. Je ne sais pas s’il m’a administré un calmant ou autre, mais je me suis senti partir dans les vapes sans obtenir la moindre photo souvenir.

– Et c’est à la suite de cette courte agonie délirante, qu’une seconde lumière aveuglante… ?

– Ben non, manque de bol sur ces routes pas très sûres, il a fallu qu’un type au volant de sa grosse berline, qui se disputait, le téléphone à l’oreille, avec un client mécontent, ne soit en mesure de voir arriver notre véhicule prioritaire. Il nous a percutés à un carrefour. J’avais dû reprendre connaissance juste avant le choc afin de pleinement pouvoir en profiter. Etourdis par ce choc, tout le monde semblait se déplacer au ralenti dans des nappes de fumées apocalyptiques. J’ai bien cru que la fameuse invasion des zombies venait juste de débuter ! C’était bien ma veine : Pour une fois que j’étais installé aux premières loges pour réaliser un super clip,  voilà que je me retrouve dépourvu de toute technologie et prisonnier d’une civière !

– Vous cherchez à  me faire croire alors que votre présence ici est due à un mort vivant qui vous aurait dévoré ?  

– Ah mais que nenni ! Parce qu’à ce moment précis, c’est une équipe de secouristes de choc, encadrée de militaires lourdement armés, qui ont fait irruption en glissant du ciel en rappel au bout de cordes : ils ont atomisé les monstres affamés dans un déluge de feu. L’escouade en question une fois le périmètre sécurisé, a escorté chaque victime du second crash en urgence dans un bloc de campagne médicalisé en territoire contrôlé et pacifié. Ils nous ont sortis d’un sacré merdier, je peux vous l’affirmer !

Ensuite dans le but de mesurer mes signes vitaux en prévision de l’arrivée de mon médecin de famille, ils m’ont isolé dans une pièce et m’ont branché sur une console informatisée. La bonne nouvelle c’est qu’il m’ont enfin détaché. Comme je parvenais encore à remuer quelques uns  de mes membres valides, dès qu’ils ont eu le dos tourné, j’ai pu me saisir de la manette de la console et grâce au fait qu’il y avait du réseau public avec un très bon signal WiFi, j’ai pu télécharger à la sauvette une application qui me donnait accès à toutes mes données. C’est en m’enquérant de l’état de mon score et en allant lire mes statistiques que j’ai découvert que je n’avais plus qu’une seule putain de vie en rab : Que cette vie-là était ma seule et toute dernière… Autant vous dire que c’est là que j’ai senti que pour moi ça commençait à sentir le « Game Over » à plein nez ! Tout cela, à cause d’une toute petite seconde d’inattention ! C’était rageant !

Ressasser mon erreur de débutant dans cette partie a fini par tellement me foutre les boules qu’à un moment,  de toutes les forces qui me restaient encore, j’ai balancé nerveusement la manette de contrôle en direction de la console et du moniteur. Et là, il y a eu comme un énorme éclair accompagné d’une pluie d’étincelles. Probablement ce que les électriciens appellent dans leur jargon : un court-circuit. Dans ma colère, j’avais oublié que mes fonctions vitales étaient encore physiquement câblées à cette foutue machine qui partait en flammes et forcément comme c’était mon jour de malchance, je me suis pris plusieurs gros coups de jus jusque dans les tripes.

– Mais c’est à ce moment-là qu’une fois de plus et comme par miracle, quelque chose a empêché notre signal lumineux de vous aveugler ?

– Ah mais non ! Le signal clairement aveuglant dont vous me parliez là, je l’ai vu et bien vu.

– Alors finalement, dois-je mettre la croix dans décès par électrocution ?

– Bon, allez vendu ! Si c’est juste pour des statistiques à la con, on ne va pas y passer la semaine ! Votre patron de toute manière ne prendra probablement pas la peine d’en lire les résultats. Mais dites-moi, entre-nous, sauriez-vous s’il existe une adresse en ligne, où je pourrais m’inscrire pour jouer une nouvelle partie et éventuellement une page ou je pourrais trouver un bon “tuto” avec des tuyaux sérieux qui pourraient me dévoiler des clés implacables pour ne pas claquer bêtement à la première difficulté ? Comprenez, c’est que je ne peux pas me pardonner de ne pas avoir été une lumière sur ce coup là et de devoir abandonner sur un aussi minable score  !

Le tout premier crash test de l’histoire

CRASH TEST the early days

Au départ, il était prévu par votre serviteur de traiter ce sujet historique avec moult détails. D’en faire une planche de bande-dessinée complète commençant par l’entrée d’un mannequin pas très rassuré à l’intérieur du véhicule d’essai pendant l’échauffement de la paire de mannequins moteurs.

Ensuite le compte à rebours martelé au tambour par le crieur public du roi.

S’ensuivait une séquence image par image en ralenti chronométré du test proprement dit allant de l’accélération de la voiture jusqu’à la fatale collision frontale contre une épave de carrosse et le probable déploiement de l’airbag passager monarchique.

Mais les résultats de ce précurseur essai de choc n’ayant pas atteints les normes minimales exigées par la cour, il m’a été recommandé par celle-ci, si je ne tenais pas à finir mes croquis et mes jours dans quelque oubliette, de limiter mon témoignage pictural au strict minimum dans l’attente des futurs progrès de la science.