
Category Archives: Déballages (poésie modeste)
Motel 304
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Je me rappelle avoir vécu à l’arrière d’une camionnette
Squatté dans une communauté formée d’une belle bande d’amis
J’ai dormi bourré comme un coin pas d’équerre sur la banquette
N’avoir qu’à rêver de nid douillet dans le plus inhospitalier des abris
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Un jour j’ai connu la joie de reprendre la maison de mon enfance
De remplir l’endroit de joie, de vie, de douce musique et de cris
Et je m’y suis retrouvé souvent seul comme un locataire en errance
Vidée de son essence, en manque de bien-être et de réelles envies
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Alors j’ai vendu murs, dépendances et jardin, taillé une ou deux racines
Installé dans un trois pièces sans véranda, sans pelouse ni piscine
Une vie de couple pourquoi faire, sauf dans un deux ailes plus cuisine ?!!
Puis de toute manière mon truc à moi ça a toujours été le camping !!!
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Aujourd’hui par chance c’est dans le nid rêvé que je peux revenir, que je vis
Cet été sans doute partirons-nous au bout du monde en camionnette ??
Nous irons squatter pelouses et plans d’eau au gré de nos seules envies ?
Avec une pensée en passant pour familles et amis là-bas sur cette planète !
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Entre autre, il s’agit de rendre hommage à ma première voiture, une Peugeot 304 “S” qui malheureusement n’est plus de ce monde aujourd’hui ? (Dieu aie son carburateur)
Cette bagnole de rêve sentait bon le joint de culasse proche de la rupture et lorsque je me trouvais en difficulté pour la conduire à bon port (en cas de fortes précipitations ou à partir de 1,2 pour mille) , elle m’offrait parfois le gite.
De mon côté, je lui assurais le couvert lorsqu’il faisait froid. ( C’était clairement une relation basée sur l’échange )
Une complicité qui valait bien un tout petit billet d’amour !
Refaire le monde, sans le défaire aussitôt
Au milieu de la nuit, tous deux assis sur la deuxième marche de l’escalier du sommeil
On a longuement refait ce monde qui nous semble parfois si sombre et obscur
Si bien refait, qu’on a emprunté la courte-échelle menant vers la mansarde des assoupis
…
Jusqu’à ce que le coq exprime sa grande joie d’assister à la genèse d’un jour nouveau !
A peine reposé d’avoir contribué à reconstruire un bel univers gorgé de merveilles
D’habitude, curieusement hâtif de m’informer de ses premières nouvelles, en lecture
Ce matin-ci, j’ai préféré suspendre mon éveil aux réalités, de m’octroyer un autre répit
…
Notre monde renouvelé, pourrait ne pas avoir été épargné depuis, par quelques fléaux !
Ô mon beau miroir insolite
A l’aurore, alors que je me glissais au-devant de la politesse d’un miroir en toute discrétion
J’entrevois que le voisin qui à l’accoutumée se prêtait plutôt mal à la moindre contemplation
Semblait malgré mon matinal détachement m’adresser un bonjour encadré d’un visage engageant !
Il s’est montré accueillant, intéressant, pour peu même en ce jour, potentiellement séduisant !!
Et là, je vous parle de l’omniprésent du vis-à-vis si souvent perçu comme vilain et fort encombrant !
Qui s’est permis de modifier des réglages profitant de l’une de mes absences ??
Qui donc a osé sans même m’avertir venir soigner maquiller et coiffer mon estime de soi ??
Qui s’est introduit jusque dans mon cœur et en a augmenté force et cadence ??
Pour que soudain, je ne sois plus en mesure de reconnaître ce bon vieux voisin aux abois !
La goinfrerie et la sobriété
Certains souhaiteront plutôt mourir sur scène
D’autres préfèreront tirer leur révérence en ermite
Certains éclosent dans un nid ordinaire sans grande peine
D’autres exigent de naître dans le faste de la princière suite
Certains devront invariablement se saigner aux quatre veines
D’autres négocieront des passe-droits et des priorités gratuites
Certains célébreront l’épanouissement de chaque petite graine
D’autres n’auront le coeur en fête qu’à hausser leur niveau de mérite
Ceux-ci se soucieront de leur impact sur la destinée humaine
Ceux-là se préoccuperont de l’ombre qu’ils laisseront dans une élite
Ca faisait un sacré bout de temps que je n’avais plus ouvert et joué avec ma boîte de jeu pleine de mots et de rimes < le petit poète > Comme d’habitude, lors de presque toutes mes petites explorations créatives, ce texte a trouvé son point de départ dans un moment choisi par le hasard… Dans ce cas les deux premiers vers ont surgi comme ça, lors d’une courte phase d’insomnie. Une inspiration nocturne, aux heures ou le goinfre et le sobre dorment tranquille…
La grosse tête et le chapeau de paille

Il était une fois en plein été, ma bien-aimée m’avait offert un joli chapeau de paille,
Souhaitant ombrager ma boîte crânienne et quelques idées prisonnières dedans !
Mais voilà que ce grand toit de chaume ne s’avérait pas être tout à fait à ma taille,
Laissant le moindre courant d’air en embuscade l’envoyer valser au gré des vents !
Pas moyen d’en resserrer le pourtour à la va vite avec une simple tenaille !
Illusoire par-dessus le marché d’aller le faire remplacer chez le marchand !
L’alternative la plus logique serait-elle alors de prendre la grosse tête ?
Renoncer dès lors à tout débordement d’humilité pour choper le melon ?
Mais j’avais beau penser que de tous sur terre je n’étais probablement pas le moins bête
Pas le plus détestable non plus, ni le tout premier venu, ni le tout dernier des laiderons !
J’ai bien tenté quelque arrogance, vanité, prétention, négligé quelque attitude modeste
Sans pour autant constater ensuite d’un gain en centimètres à la périphérie de mon front !
Un cadeau de la providence
On entend dire parfois que la vie ne nous fera pas de cadeau !
Qu’il faut s’attendre à devoir patauger la tête hors de l’eau,
Qu’elle peut tantôt se révéler n’être qu’un cadeau empoisonné,
Puis nous apparaître comme une prodigieuse faveur en exclusivité !
Par chance j’ai le privilège de recevoir un cadeau original,
Une largesse quotidienne, je ne vais pas crier au scandale !
Un coffret-cadeau aux senteurs d’épices et de bois précieux
A la hâte je dénoue le ruban, je suis ému et curieux !
C’est un bon cadeau valable à jamais et à partir de ce jour
Pour cette flamme magique qui illumine mon parcours
Carte sur la table
Jo, un Joker dans la fleur de l’âge se rend chez son psychanalyste.
Depuis quelques temps déjà, il n’avait plus de chance, ne comprenait plus rien aux règles du jeu, alors il avait sombré dans une profonde dépression et souffrait de violentes angoisses.
C’est sur le conseil de son grand ami le valet de pique, qu’il s’en alla consulter une fois par semaine. Cela lui fît grand bien de pouvoir se lâcher, se mettre à table, simplement allongé sur le dos, loin de toute fièvre du jeu…
C’est suite à une peine de cœur qu’il était resté sur le carreau. Il s’était alors résigné à perdre toute bataille et à tourner le dos à la partie…
Un collègue, le roi de pique lui avait confié au cours d’une partie de plaisir avoir eu une aventure sans lendemain avec la dame de trèfle, cette belle dame que lui Jo, convoitait en secret depuis le tout début de la partie.
Bien sûr, il fît mine de rien, mais cette nouvelle lui brisât le cœur, ça le mit au tapis…
A aucun moment, il n’avait eu l’occasion de se trouver seul avec à elle, pour lui dévoiler ses atouts. Et même s’il avait conscience de ne pas être un as, en matière de séduction, il pensait que lorsque son tour viendrait… Le moment opportun, l’instant où il sortirait le grand jeu face à la dame ! Marquer des points, la séduire comme une carte de fidélité ! Caressant le fol espoir d’en faire sa carte maîtresse !
Il protesta, clama haut et fort qu’il devait y avoir fausse donne, mais la partie continua sans lui. Il se sentit coupé du monde ! Et préféra dès lors rester caché sous la pile.
– ” Mais quand est-ce que la chance tournera-en ma faveur ! ” se lamentait-il, abattu comme une dernière carte…
– ” Il ne faut jamais s’attendre à gagner à tous les coups, mais peut-être que la partie n’est pas encore perdue en ce qui concerne la dame de trèfle ! ” L’avait alors rassuré son thérapeute en prenant des notes sur son ardoise…
Intentions séductrices et créatives
Sous tes fenêtres, je te chanterais volontiers une sérénade
Mais le timbre de ma voix pourrait bien lézarder la façade
Derrière ta porte, je ferais larmoyer un violon de fin bois
Mais je ne suis point virtuose ni de l’archet ni de l’air délicat
Sur ton toit, je miaulerais à en déchirer le silence sous le ciel étoilé
Mais je crains la précision du lancer de mocassins des voisins irrités
Lors de ta promenade, passer par là par hasard, tel l’innocent le torse bombé ?
Je doute qu’une audacieuse apparition suffise à soudain te voir me succomber !
Sortir le grand jeu, te dévoiler une main pleine d’atouts de séduction ?
Te promettre que je ne te convoite pas que pour une éphémère distraction !
Je voudrais, folie suprême, grimper là-haut et faire carillonner les cloches de l’église
Le prêtre en personne jamais ne me pardonnerait une pareille entreprise !
Alors avant le prochain bal je me procurerai, sur mesure le plus seyant costume
J’ornerai le ruban de mon couvre-chef d’une magnifique plume
Je tenterai de retenir ton attention à l’aide d’une préparation adéquate
Une recette pimentée de ce qu’il faut d’humour pour te captiver, beauté lauréate !
Je me ferai volontiers le partenaire de nos valses romantiques et endiablées
Et je m’accrocherai à tes hanches paraissant ne jamais vaciller…
Le pot de déconfiture

Tu t’en es payé une bonne tranche là, était-ce tentant ?
Était-ce délectable d’étaler le beurre ainsi que son argent?
Devant le pot de déconfiture, d’être le chapardeur salivant ?
Je te félicite d’ailleurs de n’en faire une tartine pour autant!
Craignais-tu, toi pourtant fine gueule
Qu’on t’enlève tout le pain de la bouche ?
Tu n’en laissais ne serait-ce qu’une miette seule
Roulé dans la farine, moulé à la louche !
J’ai obtenu belle part de fruit et de croustillant
Même lorsqu’à la baguette j’ai dû marcher
Parfois je l’avoue, j’avais le couteau entre les dents
Ma tartine ne tombait alors que du mauvais côté
Est-ce que je craignais, moi pourtant grande gueule
Qu’on ne me confisque jusqu’à la peur au ventre ?
Comblé de saveurs, boulimique d’amuse-gueules !
Offerts par le boulanger, chipés dans le grand centre !
Eloge de ma mauvaise humeur (temporaire)
On m’a confié qu’il parait qu’on aurait entendu dire
Qu’après le meilleur il ne restait plus qu’à s’attendre au pire
Un ami dont je tairai le nom m’a confié de source peu sûre
Que l’humanité foncerait la tête haute la première dans le mur !
Alors vous comprendrez que quelquefois je sombre dans la panique
Que je vois poindre la fin de l’épisode puis tomber le brutal générique
Mais avant que tout ne s’écroule je me dois de transmettre la nouvelle
Sans oublier au passage d’y ajouter mon tout petit grain de sel
Comment vous n’avez pas encore connaissance de la dernière ?
Un astéroïde se dirige droit dans l’axe vers notre bonne vieille terre
Vous n’êtres pas informé à propos de l’ultime bobard qui fait tapage ?
On pourrait aisément y croire s’il ne s’agissait pas que d’un simple mirage.
Ce serait médiocre de chercher à propager un simple tout va très bien
J’aurais l’air d’un individu autosuffisant et barbant qui n’est au courant de rien
Alors qu’en tant que fournisseur des derniers des plus savoureux potins
C’est un vigilant complice du faussaire menaçant que je deviens.
Si on devait vous demander vos sources surtout ne faites point mention
De l’identité du vilain menteur qui a semé à tout vent cette confusion
Son intention n’était que d’attirer un peu d’attention sur sa petite personne
Profitant de n’être le premier maillon de la chaine à croquer dans la pomme
Apocalypses, adultères et voisinages prenez garde à ma médisance
Je saurai faire monter la mayonnaise et sublimer vos probables nuisances
D’ailleurs j’imagine que vous n’avez pas encore eu vent de la dernière ?
Monsieur et Madame tout le monde auraient de bien mauvaises manières…
Un orage sous un ciel bleu
A un moment donné, l’orage a faibli enfin, mais une seule goutte d’eau a suffit !
Je n’ai pas réagi pour la dévier de justesse dans mon vin, comme toujours jusqu’ici…
Le vase a débordé, n’y avait donc plus infime place pour le doute et les regrets à mes yeux
Alors j’ai voulu me jeter à l’eau, et jeter l’éponge, sans jeter encore, de l’huile sur le feu…
Mais l’éponge est restée introuvable, alors j’ai essuyé les plâtres en coup de vent
Quelque inconnu avait du me l’emprunter pour éponger des dettes de jeu ou des fuites en avant…
Et maintenant à quoi bon enfoncer le clou d’un spectacle, qui de toutes parts prend l’eau ?
Si ce n’est par pur enthousiasme de vous inonder d’interprétations avant que ne tombe le rideau !
Ré-génération ! ( Une bonne vieille histoire )
Sur ma gueule soulignée, plus d’amertume ni de ride manifeste,
C’est qu’il n’est pas question de clamser là, sans exiger les meilleurs restes !
D’ailleurs les douleurs lancinantes ont fini par cesser de s’obstiner
Les somnifères, je m’endors même dessus, après les avoir oubliés…
Vous m’aviez sans doute déjà jugé digne adversaire, mais résigné perdant ?
Dans ma lutte obstinée contre tous les caprices du temps ?
Juste là, je n’ai plus besoin d’aucune béquille ni même de lunettes
Et si une sale gueule me cherche, c’est encore sur le champ que je la lui pète !
C’est que le gâteux que tu as devant toi, il s’est fait régénérer les piles !
Hier à l’aube, il s’est fait radier de l’ordre vénérable des croulants séniles !
Il n’a jamais demandé à être inventorié au rang des monuments ni classé vestige
Pourquoi perdre la raison, et celle d’être, dans une ultime acrobatie sans vertige ???
L’autre jour ils ont tenté de me conduire au lugubre manoir des corps fatigués
Le jardin y est bien vert, un peu comme je pouvais l’être dans mes jeunes années…
Ils m’ont tous en cœur fragile, chevroté la bienvenue au grand ghetto des seniors !
C’est qu’un héros déchu, c’est juste compétent pour préparer son rencart avec la mort !
Et dès la première porte dérobée, dans le long couloir menant à la funeste convocation,
J’ai faussé compagnie aux auxiliaires de la faucheuse, qui n’aura qu’à partout me chercher !!!
La tour de self-contrôle

Quand s’ouvrent les portes de l’ascenseur
Entrez donc, n’ayez pas peur !
Appuyez sur le bouton situé le plus haut
C’est au sommet que vous trouverez le plus confortable bureau.
C’est là que se décide peut être votre avenir
Que vous pourriez voir votre existence enfin rebondir
Vous avez rendez-vous avec le meilleur gardien
Alors ne le faites pas attendre en vain
Il saura atténuer vos grands malheurs
Soigner vos blessures et calmer vos ardeurs
Vous en repartirez serein et soulagé
Descendrez par les marches d’un pas décidé
Allons entrez, c’est bien votre tour
De bas en haut et même tout autour
A un moment vous avez perdu le contrôle
Subi un de ces échecs qui déboussole
Montez, prenez le ce monte-charge qui retape
Au besoin en chemin faites des étapes
De là haut vous aurez une vue imprenable
Sur un passé sans regrets sans coupable.
Phrases de transition
Prends garde à toi il y a de la hauteur
Agrippe-toi au parapet et n’aie pas peur
Encore cette rengaine de vouloir te jeter dans le vide ?
Allons masque ces noirs tourments et reste lucide !
Dessus, on peut y danser avec le sourire
Dessous, on pourrait tantôt aller y dormir
Découvre le solide pilier surplombant ce fossé
Qui, à outrepasser l’obstacle pourrait contribuer
Pour rejoindre l’autre berge, te guider et te porter
Pont aérien, passerelle vers une certaine liberté
Laisse ce qui est derrière dans une belle trace du passé
Entrevois l’équilibre qui t’attend là-bas de ce côté
Suspend toi à mes lèvres le temps de la traversée
Quelques pas à aller de l’avant et tu franchis l’arrivée !
Tout le monde sur le pont, il y a de quoi fêter !!!
La victoire d’une conquête de lendemain pavée de dangers.











