Il était une fois un jouvenceau, et c’était moi, votre narrateur.
Je tombas raide-dingue d’une sublime jeune fille qui montait à cheval avec une élégance rare. Elle ne m’avait pas encore remarqué. Mais c’est enivré de fougue, que je ne comptai dès lors plus d’autre intention, que celle de tout mettre en œuvre pour m’en aller, me dépeindre à ses yeux, en valeureux et fringant cavalier.
J’investis de modestes économies dans quelques leçons d’équitation et trouva un arrangement avec un ami de mon paternel, pour lui emprunter faute de mieux, mais à ma guise, une mule docile et fatiguée. Il parvint à mes oreilles que la belle cavalière qui m’avait tapé dans l’œil soit aussi une danseuse passionnée et que son intention d’honorer de sa divine présence, le bal annuel de la cour, était désormais rumeur confirmée.
Alors chaque soir, une fois mon labeur accompli, j’entrepris
de perfectionner l’assurance de mes pas de danse, afin de comparaître le soir des
festivités venu, en cavalier aussi remarquable, avec sa monture que sans elle.
Pour magnifier mon apparat, je fis appel à la magie d’une fée réputée loin à la ronde pour son habileté à ressusciter le lustre de n’importe quel costume de seconde main. Elle fit appel à l’une de ses consœurs qui sût redonner un spectaculaire coup de fraîcheur à mon destrier. Elles m’éclairèrent de précieux conseils destinés à renforcer mes chances de succès.
C’est animé de la conviction d’émaner une aura d’irrésistible prétendant que je me rendis en temps et en heure et fort impatient de la revoir, à la salle des fêtes du palais. C’est en vagabondant au cœur des attroupements que j’aperçus la demoiselle qui m’animait d’une folle passion et que je tombai en arrêt : La belle était plus séduisante que jamais. Mais elle se trouvait accompagnée de ce prince que d’aucuns qualifient de charmant. Ce dernier, à qui je préjugeais un penchant exclusif pour des candidates de sang bleu, avait peu avant la tombée de la nuit, organisé à son unique intention, une visite des écuries royales. En outre, il en avait profité pour lui demander de lui accorder l’intégralité du premier tour de danse.
Bien que paré d’un courage certain, je jugeai préférable de me contenir dans une relative discrétion et d’éviter de provoquer tout tumulte. Une mise en évidence de mes aspirations profondes risquant fort de me conduire dans l’un des cachots du château.
Malgré moult implorations intimes, l’importun monarque ne relâcha pas son emprise sur la belle. C’est peu avant minuit, soudainement, comme saisie d’un ultime élan de liberté, que la troublante créature prit congé et se précipita en direction de la sortie. Mon rival suite à un moment d’hésitation, tenta sans succès de se lancer à sa poursuite. Penaud et désenchanté, mon cœur n’étant plus à la fête, je ne tardai pas à quitter le bal à mon tour.
Le lendemain je retournai voir les fées pour leur raconter ma soirée. Elles me consolèrent avec deux ou trois coups de baguette magique.
Plus tard j’appris que le prince rechercha et retrouva sa dulcinée. Le soir du bal, elle avait perdu l’un de ses escarpins dans le grand escalier en s’enfuyant et il se déplaça en personne dans le but de le lui rendre en mains propres. Il lui fît le coup de la chaussure qui lui allait comme un gant. Conquise, la délicieuse lui tomba dans les bras. Et il se marièrent et eurent beaucoup d’enfants.
Cette princesse n’eut jamais vent de mon existence et de ce fait à aucun moment, ne sut que j’osai nourrir l’espoir qu’elle devienne ma reine.
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A suivre !
Parce qu’il faudrait aussi envisager un happy-end pour le narrateur, à cette histoire…
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