Un tapis de course pour startup

Un tapis de course pour jogger, brainstormer, brander, reforwarder, disrupter, trader, dispatcher, pitcher, focusser, retroplaner, tracker, marketer, gamechanger, communitimanager, scorer, feedbacker, slider, liker, swiper, matcher, e-reputationner, incuber et je ne sais quoi d’autre encore…

Il m’arrive de tenter de me tenir au courant du jargon en usage dans une startup. On ne sait jamais, des fois qu’une force invisible me propulserait dans le macrocosme de la nouvelle économie ou autre. Mais je ne me fais pas trop d’illusions : Un jour, ça sera la grande faucheuse qui me mettra au tapis. Et je rendrai mon dernier souffle sans n’avoir jamais été le détenteur de la moindre stock option.

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Une Hotline de rêve

-Allo la Hotline ? … Oui bonjour ! … Je vous appelle pour une réclamation !

-Bonjour à vous aussi, cher client ! Je vous écoute !

-J’ai constaté ces dernières nuits que les rêves que vous me fournissez ont beaucoup perdus en piquant et en qualité. J’irais même jusqu’à prétendre que dans leur globalité, ils ne correspondent plus aux conditions définies dans notre contrat !

Mais où sont passés ces splendides décors en extérieur ? Où sont ces spectaculaires délires architecturaux ? Qu’est il advenu de mon catalogue de pouvoirs spéciaux ! Que sont devenues ces incroyables histoires à dormir debout ? Mais qu’a t’il bien pu arriver de fâcheux à vos scénaristes ???

Pouvez-vous me décrire-plus en détail le genre de problèmes que vous avez rencontrés, cher client ?

-Alors prenons la nuit dernière, par exemple : Je me suis retrouvé seul, confiné dans une grande baraque à courants d’air à moitié en ruine. Les couloirs étaient tous sinistres. Quant aux pièces, elles étaient tout sauf accueillantes et l’ensemble manquait désespérément de style. Déjà là comprenez-vous, je m’attendais à au moins un minimum de confort de base et à la présence d’une, ne serait-ce que modeste, sensation de bien-être.  De plus, l’électricité avait été coupée et le chauffage était en rade. Et dehors la tempête de neige redoublait d’intensité…

J’ai entrepris de faire un feu de cheminée pour nous réchauffer, cette ambiance morose et moi. Pour ce faire, j’ai sacrifié l’une des rares pièces de mobilier en bois qui avait été abandonnée sur place. C’est là que j’ai accidentellement un peu maladroitement aussi bouté le feu au parquet. Pris de panique, j’ai cherché à rêver d’un extincteur, mais sans succès ! Par contre j’ai fini par trouver un appareil téléphonique. Un accessoire qui celui-ci, avait été inclus dans mon inventaire. J’avais l’intention d’alerter les pompiers, mais il n’y avait pas de tonalité ! La ligne avait elle-aussi été coupée !

A peine une dizaine de secondes plus tard, c’était déjà un brasier ! C’est certainement du à ces panneaux de décor légers; ils sont réputés vite partir en fumée… A court de solutions pouvant me permettre de circonscrire l’incendie, je me suis mis à l’abri et ai déclenché la procédure d’interruption d’urgence du rêve ! … Vous mesurez certainement l’ampleur du traumatisme subi ! Comment pensez-vous que dans ces conditions, je pourrai encore trouver le sommeil ?

-Je compatis cher client ! Vous avez dû vivre un vrai cauchemar et nous en sommes navrés ! Je peux vous promettre que c’est en priorité que nous allons intervenir sur votre dossier …

-Je vous en remercie d’avance ! J’en profite pour vous livrer mon sentiment que ce n’était encore qu’un rêve à budget limité ! J’ai la nette impression que dernièrement, votre société a commencé à rogner sur ses prestations. Alors que je me rappelle avoir signé pour un abonnement à du contenu de moyen à haut de gamme. Je dois vous avertir que dans le cas où ce genre de désagrément devait se reproduire trop souvent, j’envisagerai sérieusement de changer d’opérateur !

-J’ai compris le message, cher client. Et je m’occupe de transmettre vos reproches aux différents départements y compris à la production. Mais je dois aussi vous informer qu’il n’existe pas d’autre opérateur que nous sur ce marché et que de plus, vous êtes l’unique client de cette Hotline. J’espère ne pas vous avoir réveillé en sursaut avec cette révélation…

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Désordre inhabituel au Phare-ouest

J’habite une paisible petite ville côtière dans l’Ouest du pays. Hoo il ne s’y passe jamais grand chose. Par ici, les rues sont réputées sûres et les mauvaises rencontres se font rares.

Mais on n’est jamais assez prudent : alors, que je me rende au magasin général ou au saloon, je sors toujours armé de mon pass sanitaire !

C’est là où récemment, devant une tournée de verres d’eau qui pique, j’avais fait la connaissance de « Big moustache ». Il se vantait d’être un hors-la-loi non-vacciné et se disait prêt, s’il le fallait, à partir en cavale. Il m’avait confié préférer prendre le risque de s’emplafonner dans un cactus avec sa trottinette électrique plutôt que d’aller se laisser piquer par le grand sorcier d’une tribu de charlatans avides de billets verts. Ce jour là, j’avais survécu à un duel idéologique et prophylactique. J’avais réellement senti le potage d’anticorps de mon système immunitaire friser l’effervescence. Je crois même pouvoir affirmer que c’est ce qui m’avait évité d’aller croupir dans un bagne médicalisé.

J’ai été surpris d’apprendre qu’un hold-up avait eu lieu à deux pas de chez moi et pas plus tard qu’hier. Des brigands s’en sont pris à la compagnie des chemins de fer. Les malfrats ne se sont pas attaqués à un train régional au milieu d’une prairie entretenue par un troupeau de vaches allaitantes non, ils sont passés à la gare centrale pour effectuer un retrait au guichet durant les heures d’ouverture. Un peu à l’image de ces réfractaires qui n’ont toujours pas installé l’appli officielle sur leur smartphone ou qui rechignent à se prosterner devant des automates à billets. Je soupçonne une bande de marginaux qui veulent encore palper du vrai cash plutôt que de succomber aux sirènes de la modernité en s’emparant d’un portefeuille de clés de blockchain en cryptomonnaie.

Le comble dans cette affaire, c’est qu’une fois leur forfait commis (ils ont raflé tous les billets disponibles hormis ceux de train) ces bandits se sont enfuis à la seule force du jarret sur des bicyclettes dépourvues d’assistance ! Un choix fort risqué au niveau sécurité routière, quand on sait que les pistes cyclables ne courent pas encore les rues par ici. Je suppose que tout ceci n’est que la signature d’un gang d’activistes écologistes. Un braquage à attribuer aux propagandistes de la décroissance. Une filouterie perpétrée par des adeptes illuminés d’une secte d’agitateurs idéalistes qui se soucient d’équilibrer à la fois leur bilan carbone et leur bilan comptable !

Le chef de gare a subi un sérieux choc psychologique, mais aux dernières nouvelles, ses jours ne seraient plus en danger. L’employé du guichet restera traumatisé à vie et ne vendra probablement plus jamais de billets de train sans trembler. Mais ce qui inquiète le plus les autorités locales, c’est que par ici, un hold-up old school, c’est des choses à nous mettre notre shérif aux arrêts pour burn-out ! Parce que son truc à lui c’était plutôt de coller moult contraventions pour abus de droit de parcage ! Il n’avait jamais envisagé un jour se trouver également dans l’obligation de pédaler à la poursuite des truands du rail.

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La chasse aux coïncidences

Il y a quelques jours, je suis parti à la chasse aux surprises et aux coïncidences et je n’ai pas été déçu !

Je définirais ces excursions-là comme étant partiellement aventurières(-euses). Elles s’accompagnent d’une série de plaisirs certifiés en terrain connu. C’est pour m’assurer que dans le cas où je rentrerais bredouille sur le plan des surprises et des coïncidences, j’aurai au moins reconfirmé la part d’allégresse anticipée.

Ça m’évoque ces fictions qui racontent l’histoire d’une même journée qui se répète indéfiniment et au déroulement du jour, jamais tout à fait identique à celui de “la veille“.

Et Il y a eu foison de surprises et de coïncidences pendant cette ixième journée de safari : Par exemple, j’ai trouvé près de la plage, un vieux chapeau déboussolé et une tortue égarée. Le premier en cuir usagé marron et le second, en plastique jaune canari. Deux coïncidences : 1) Une tortue venait d’obtenir un premier rôle dans un article précédent sur ce blog et 2) n’étant que trop peu satisfait des chapeaux que je griffonne, je venais de m’imposer une longue série d’exercices de dessin de personnages à tête à chapeaux…

La saison n’étant plus à la baignade ni à la chasse aux crocodiles, j’ai emporté le butin du jour chez moi, l’ai nettoyé à grande eau et mis à sécher.

Ce matin durant ma phase de réveil, j’ai réalisé que je n’avais même pas encore pensé à l’essayer, ce nouveau couvre-chef ! Je me suis précipité hors des plumes motivé par cette simple curiosité : C’était pour moi une toute première fois, car je n’avais encore jamais commencé une journée de cette manière-là !

Mais le vieux galurin orphelin de son baroudeur d’origine était bien trop petit à moins que ce ne soit mon tour de tête qui ait été surdimensionné.

Et maintenant, si j’en crois la légende, Je vais devoir continuer à m’exercer à dessiner des chapeaux et à m’en retourner sur place pour revivre cette journée de chasse aux surprises, jusqu’à ce que je déniche un chapeau abandonné qui soit parfaitement à ma taille …

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Ma contribution traditionnelle d’octobre

C’est le meilleur moment de l’année pour réveiller des momies, narguer des fantômes, agacer des sorcières, exhiber des monstres, exciter des zombies, se foutre la trouille et sculpter des citrouilles.

C’est aussi la période idéale pour apprécier à sa juste valeur la prouesse que représente le tissage méticuleux d’une toile d’araignée et pour succomber à la beauté sous-jacente du chant des corbeaux.

Cette année ma contribution sera rebondissante mais minimaliste.

C’est dans le but de mettre un terme à l’escalade de l’effroi et de favoriser un retour à des angoisses simples. Et aussi parce que j’ai découvert depuis peu que j’aimais dessiner des créatures monstrueuses toute l’année, ce qui réduit la pression sur le niveau de performance à atteindre en octobre.

Voilà ! J’espère que cette effrayante balle de ping-pong vous filera la chair de poule !

Ma bonne vieille machine à voyager dans le temps

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Ma bonne vieille machine à voyager dans le temps

aurait peut-être besoin d’une grande révision et d’une mise à jour ?

Mais alors quelque chose de fiable, qui aura déjà fait ses preuves !

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Hâte-toi lentement !

Il aurait certainement été intéressant de dessiner cette partie de Hâte-toi lentement en perspective. Et en invitant deux joueurs de plus à la table. Par exemple Speedy Gonzales, la souris la plus rapide de tout le Mexique et l’insaisissable Bip Bip comparse de Vil coyote.

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Première mise à l’eau

Mes premières vacances à la mer ont failli être les dernières !

Alors que je barbotais sagement dans l’eau en jouant avec mon petit voilier gonflable, le fond marin, jusque-là en pente douce régulière s’est soudain dérobé sous mes pieds : Aujourd’hui encore, je ne sais pas par quel étrange phénomène. Comme je n’avais pas encore jugé utile de suivre le moindre cours de natation ni participé à aucun stage de gestion de la panique, j’ai coulé à pic en gesticulant. C’est une main miraculeuse venue de la surface qui m’a repêché avant que je boive la tasse de trop. C’était un nageur qui passait par là au bon moment : Un grand merci à ce sauveteur inconnu d’avoir pris la peine de considérablement prolonger nos vacances familiales ainsi que mon espérance de vie !

Je crois que c’est la même année, au même endroit, que j’avais développé une sévère phobie des crabes. Ceci même si je ne les ai pas une seule seconde suspectés de s’être entendus pour creuser ce piège au fond de la mer dans le but de faire de moi leur prochain repas de chair fraîche.

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Profondément optimiste

C’est mon optimiste qui est le plus fort ! Mon pessimiste ne fait pas vraiment le poids !

Mon optimiste l’est peut-être même un peu trop ! Il est du genre très confiant. C’est un curieux et un passionné. Parfois excessif, un peu trop insouciant et téméraire peut-être aussi. Mais avec un petit côté piquant et philosophe.

Et je ne peux pas dire que mon pessimiste ne le soit pas assez ! Il est tellement sceptique et méfiant. Il m’arrive de penser qu’il ne croit même pas en lui-même. Au point d’être défaitiste d’entrée de jeu lorsqu’il s’agirait pour lui de devoir faire face à mon optimiste.

Mais il arrive que mon optimiste soit un peu anesthésié lorsqu’il a été malmené sur ses points faibles. Que mon pessimiste en profite pour occuper tout l’espace, pour se lâcher et faire son catastrophiste. C’est là que mon optimiste reste en retrait et laisse mon pessimiste exprimer toutes ses inquiétudes jusqu’à ce que ce dernier retrouve son calme et se fasse à nouveau un peu oublier…

Mon optimiste l’est tellement, qu’il pense vraiment être en mesure de rendre mon pessimiste plus optimiste !

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Mon optimiste vs. mon pessimiste

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Papouille ardente d’une grande affectueuse

Il m’arrive de parvenir à remonter jusqu’à la source précise d’un j’aime ou d’un je n’aime pas. Et ce, même si les événements ayant conduit à ce genre de point de bascule étaient bien cachés dans l’ombre d’un passé lointain. Le degré d’appréciation d’origine est souvent simplement resté bloqué dans l’état depuis la période en question. Parce que rien de nouveau ni de contradictoire n’est jamais venu renverser ma position depuis. Mais aussi que je n’ai pas fourni le moindre effort pour y changer quoi que ce soit.

Ça reste souvent pour moi un cheminement amusant que de retrouver les raisons profondes et enfouies, qui ont un jour pu conduire à un j’aime ou à un je n’aime pas, surtout à tendance marquée et à caractère définitif.

Je pourrais commencer par citer deux exemples de la catégorie je n’aime pas : Il y a une marque automobile que je n’achèterai jamais ! Pas même d’occasion. Et je ne peux pas blâmer ce constructeur ou son designer pour ça, parce qu’ils n’y sont pour rien ! (voir *1) Un autre exemple est que je n’ai jamais pu me faire à cette soudaine starification des DJ (Disc Jockey). Et ce n’est pas parce que j’ai eu à trop en subir qui enchaînaient des séquences musicales qui n’étaient pas à mon goût, non ! (voir *2) Dans ces deux cas, mon fort sentiment de déplaisance indélébile est à chaque fois du à des interventions malheureuses de tiers impliqués ! Ce n’était donc rien que des accidents avec dommages collatéraux.

Mais bon… passons plutôt à un autre exemple :

A une époque où je n’avais peut-être pas encore tout à fait pris conscience que je présentais des dispositions naturelles pour devenir une bête de cirque, je me suis trouvé dans une situation peu banale à deux bouses d’éléphant d’un grand chapiteau.

En visitant la ménagerie, j’ai subitement été goulument embrassé par une girafe. Je ne sais pas ce qu’elle avait vu en moi qui avait pu déclencher pareille motivation à perdre autant d’altitude pour venir me lécher la moitié du visage de sa grosse lavette saliveuse ! Moi, en nabot impressionné, même si j’étais clairement à ses pieds, je n’avais pas encore osé imaginer une seconde, aller lui sauter au cou, comme ça sans prévenir !

Mais voilà, ensuite entre nous, c’est resté une aventure sans lendemains. Mais depuis ce jour-là, c’est vrai que j’aime beaucoup les girafes et que j’avais bien failli oublier pourquoi à la base…

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Précisions :

*1) Il s’agissait de la marque-passion d’un collègue de travail et voisin d’atelier, qui par ailleurs était très sympathique et avec qui nous entretenions aussi plein d’échanges de qualité. Mais qui faisait aussi qu’il en parlait tout le temps. J’ai enduré les prêchiprêchas quasi quotidiens de sa religion mécanique durant des mois, voire des années. Son but probablement quelque peu paternaliste, devait être de vouloir me transmettre son virus automobile. J’étais encore très jeune mais déjà vacciné et volontiers à l’écoute. Je n’ai jamais vraiment trouvé comment lui signaler clairement que dans les faits, j’étais plutôt favorable à ce qu’il aborde à volonté, des sujets mieux cadrés me concernant. Un jour, il m’avait invité en qualité de passager VIP à bord de sa caisse ripolinée à la peau de couille de daim, pour aller défier les lois de la physique sur une longue ligne droite enduite de bitume frais. J’ai accepté le galop d’essai pour lui faire plaisir, espérant que l’expérience se termine au plus vite et qu’elle ne se reproduise plus jamais ensuite. Aujourd’hui encore, les modèles de cette marque peuvent me rappeler des haut-le-cœur du passé. Même immobilisés dans un parking.

*2) J’avais fait la rencontre, puis fait plus ample connaissance, puis carrément sympathisé avec un joli brin de fille sur laquelle j’avais flashé à mort. Elle travaillait dans un magasin de musique et donc en plus d’être tout à fait à mon goût, elle y connaissait un rayon en disques vinyle. Elle m’avait invité chez elle, m’avait entre autre fait découvrir Bohemian Rhapsody. Évidement je m’étais enflammé comme un cocktail Molotov et m’étais laissé pousser quelques solides espoirs. Elle m’avait prévenu que les soirs de week-end, elle avait pour habitude d’aller danser dans une ville voisine dans la discothèque d’un certain DJ Trucmüche. Alors le samedi suivant, je m’y étais rendu pour découvrir cette fameuse boîte de nuit et lui faire le coup fumant de mon apparition surprise. En arrivant sur place, j’ai retrouvé ma dulcinée mélomane pas vraiment seule au beau milieu de la piste de danse : Ils étaient en train de se bouffer le museau, elle et celui qui s’est vite révélé être le fameux DJ Trucmüche en personne et pas vraiment à sa place de travail. Évidement l’avantage du DJ, c’est qu’il n’a pas vraiment besoin de s’évertuer mille ans à jouer d’un quelconque instrument : une fois que le disque sur la platine et la boule à facettes tournent bien rond, que le maître de cérémonie en chef qu’il est, a ajusté avec précision la vitesse de défilement du chenillard, il reste encore du temps libre à meubler. Et c’est donc sans avoir à du tout à casser l’ambiance, qu’il peut aller apporter un peu d’assistance respiratoire aux clientes qui se sont épuisées sur sa piste de danse…

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