Mon cauchemar préféré

Il était une fois une nuit, au cours de laquelle, j’ai fait deux mauvais rêves au lieu d’un seul. Et moi, imprudent notoire, ce n’est certainement pas dans le domaine de mes rêves que j’avais pensé fixer des limites. C’est sans hésitation le premier des deux qui est resté mon préféré.

Je me suis réveillé dans un lit qui n’était pas le mien. Il faisait déjà jour dans une chambre qui m’était inconnue. Chose inhabituelle, j’étais allongé sur le dos, le nez pointé vers le plafond d’un monde qui n’avait pas l’air du mien, car j’y ai immédiatement noté la présence, en suspension et en quantité inquiétante, de taches blanchâtres de différentes tailles. Cette scène d’éveil, dans mon champ visuel était comparable à un banc de petites méduses fantomatiques immobiles, parsemant assez uniformément tout mon espace aérien.

Jusque ici, l’air de mes rêves avait toujours eu l’air de rien. Il avait juste l’air pur, l’air respirable et rien de plus. Jamais de quoi devoir me pincer le nez ni même une autre partie du corps pour vérifier si je rêvais. L’air ? Ce n’était que du vide parsemé de molécules, toutes assez innocentes et discrètes pour que je ne m’en soucie guère. Rien qu’une bonne cachette pour des atomes timides et sobres, tous présumés fréquentables et au-dessus de tous soupçons. Il m’arrivait tout au plus parfois, d’y détecter quelques minuscules particules volantes trahies par un rayon de lumière. Mais jamais rien d’inquiétant : De simples poussières stoppées et refoulées à la frontière de mon appareil respiratoire par ma pilosité nasale ou je ne sais quel autre miracle de la nature savamment maitrisé de longue date par les bons soins du docteur Matusalem.

Je pense pouvoir affirmer que dans tous mes rêves à ce jour, cauchemars compris, il ne m’était jamais arrivé de devoir planer de jour ou de nuit à l’intérieur du nuage de pollution d’un ciel de métropole ! L’air de mes rêves avait toujours été des plus purs !

Mais ce jour là, cet air d’ordinaire anodin m’avait fait la surprise de se manifester en me révélant son existence. En s’exhibant sans discrétion en compagnie d’un attroupement d’énigmatiques invités.

Emporté par ma stupéfaction, j’ai improvisé quelques mouvements pour tenter de réveiller les méduses endormies qui se tenaient à ma portée. La première chose que j’ai constaté, c’est que l’air n’avait pas du tout la densité habituelle. L’air s’était comme … matérialisé ! Je pouvais le toucher, le saisir, le manipuler. L’air s’était transformé en une matière nouvelle. Une substance dont la consistance se situait quelque part entre celle de l’air d’avant et celle de l’eau pure de toujours. Intrigué et sans décoller ma tête de mon oreiller, j’ai enchaîné avec une nouvelle série de gestes aériens. J’ai palpé, taquiné, tripoté cet air nouveau. J’ai tenté avec une prudence vertueuse, d’entrer en communication avec cette troupe de visiteurs d’apparence gélatineuse. Et peu à peu, ce cauchemar à rejeter dans la minute, se métamorphosait en péripétie des plus amusantes et agréables à vivre…

C’est probablement un réflexe de survie qui m’a précipitamment éjecté de cette situation potentiellement dangereuse lors de ce premier contact : Il m’avait réveillé en sursaut de mon réveil imaginaire : Un peu plus que déçu il est vrai, car resté sur ma faim de n’avoir pu poursuivre à ma guise ces échanges intéressants avec cette mystérieuse découverte. Lorsque j’ai une fois de plus agité mes bras, l’air avait perdu cette consistance de rêve et n’y restait plus trace des présences calmes flottant entre deux airs. Elles avaient toutes disparu et peut être à jamais !

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C’est remis de mes émotions que j’ai tenté d’y retourner, animé du mince espoir de pouvoir reprendre et poursuivre cette passionnante exploration. J’ai pu rapidement repartir, mais la destination du voyage n’a pas été la même :

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Dans le second cauchemar, les créatures paisibles avaient laissé place à deux serpents bleus trop affectueux à mon égard. Je pouvais aisément les identifier, car l’un d’eux était d’une nuance plus turquoise que l’autre. Il s’agissait des animaux de compagnie de deux invités de mes colocataires que je connaissais à peine et qui ne réagissaient pas à mes appels au secours, quand les reptiles de leurs amis s’enroulaient à leur guise autour de mes membres ou venaient se pendre à mon cou. J’ai repris la première navette express pour la vie réelle et n’ai pas boudé une seconde de mon plaisir de rentrer au bercail. Vérification faite, ces serpents bleus existent bel et bien dans la nature ! Mais la seule chose que je souhaite retenir de cette flippante aventure, est que j’étais pour une fois certain d’avoir cauchemardé en couleurs et en haute définition et pas seulement en 16 niveaux de gris.

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Le cavalier indésirable

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” Il faudra peut-être que je décrive un peu ce que représente ce dessin et explique comment il a vu le jour. A moins que je ne décide finalement, de le laisser ouvert à toutes les formes d’interprétations… “

Réflexion faite, il n’y a rien à ajouter.

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Mais c’est le chantier ! Va falloir porter le casque !

Ce n’est pas parce qu’entre temps vous avez pu retourner chez votre coiffeur qu’il faudrait renoncer aux gestes barrière ! Le coronavirus circule toujours et plus vite que prévu ! Alors soyez prudents et portez le casque ! Et il vaudrait mieux cette fois ne pas faire dans la pandemie-mesure…

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Cette blague de potache qui n’est pas très covid-friendly, a été publiée un lundi, jour de confirmation officielle de seconde vague de pandémie et aussi premier jour de reprise du télétravail…

C’est en quelque sorte une suite logique au dessin que j’avais griffonné pour cet autre article :

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Le train en provenance de Rome

J’ai récemment pu assembler quelques pièces de plus de mon puzzle historique !

Quand je n’étais encore pas plus haut que trois pommes, nous habitions en ville de Zürich chez mon grand-père maternel. Je ne sais pas si dans sa jeunesse il avait aussi fait partie des Waldstätten, mais en tout cas, on m’avait confirmé qu’il avait bel et bien été garde suisse au Vatican. J’aurais aimé assister à l’un de ses combats à la hallebarde, mais tout ça c’était avant ma naissance. J’étais surtout intrigué par leurs uniformes hauts en couleurs, conçus pour ne passer presque inaperçus, qu’à l’intérieur de ma grande caisse de briques Lego.

Je savais aussi que plus tard, il avait changé de voie et était revenu au pays pour devenir cheminot aux chemins de fer. J’ai pensé que c’était parce que tous les chemins de fer mènent à Rome et donc, permettent aussi un jour d’en revenir…

Un soir, pour des motifs que j’ignore, mon grand-père et moi nous sommes rendus à la gare centrale de la ville. C’était à l’heure de pointe et il y avait foule sur les quais. C’est peut-être parce que j’étais le seul petit nain coincé au milieu de tous ces géants, que j’ai été pris de claustrophobie ou suite à un autre paramètre déclencheur que j’ai oublié : mais j’ai soudain décidé de lui lâcher la main et de lui fausser compagnie ! C’est là qu’il a réalisé qu’il valait mieux être au service de la sécurité du Pape que d’officier dans la garde rapprochée de son fugitif en herbe de petit-fils. Je me rappelle qu’il avait pu me récupérer au service d’accueil des jeunes filles de la gare : Je l’attendais, sagement installé sur les genoux d’une admiratrice prête à signer les papiers d’adoption au cas où mon patriarche ne devait jamais venir se présenter aux objets trouvés. Je présume qu’ils avaient diffusé une annonce dans tous les haut-parleurs de la station pour lui indiquer l’endroit où j’avais trouvé refuge et que ma fugue l’avait rendu furibard !

Quelques années plus tard, c’est lui qui m’avait invité à mon tout premier enterrement. C’était le sien. C’était à une époque où se rendre à des obsèques vêtu de bleu marine pouvait déjà être considéré comme un brin trop provocateur. Mais moi, pour coller un minimum avec le style rock n’roll de la tenue qu’il portait au cours de ses années de garde, j’ai enfilé de longues chaussettes rouge vif sous un pantalon un poil trop court. Il faut dire que pour moi, les chaussettes noires, c’était réservé à la joyeuse bande de troubadours à bananes d’Eddy Mitchell !

La touche excentrique de ma tenue vestimentaire de deuil est restée gravée dans toutes les mémoires présentes ce jour là et elle déclenche aujourd’hui encore quelques hilarités familiales. Mais pour une fois au moins, je n’avais pas pu foutre les boules à mon grand-père ! C’est d’ailleurs peut-être un peu en réaction à cette extravagance que ma mère a décrété qu’il n’y aurait désormais plus jamais d’eau à la cave et m’avait condamné à une longue et lourde peine de pattes d’eph au moment où ça venait de passer de mode à ringard…

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Deux jours de perdus

Je viens de perdre deux jours !

Le premier, c’était pas plus tard qu’avant-hier.

C’était ce qu’on appelle un jour sans, de l’aube jusqu’à la tombée de la nuit.

Alors que je m’étais levé avec cette impression d’être dans un bon jour,

Ça n’a été qu’une sombre journée qui n’aurait jamais dû voir le jour !

Je me suis couché en tentant de me rassurer que tout irait mieux le lendemain.

Qu’en échange d’une journée de perdue, il y en aurait dix de retrouvées…

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Le deuxième, c’était pas plus tard qu’hier ! 

Ça devait être un jour pas comme les autres et surtout pas comme le dernier

Alors que je m’étais levé avec cette envie de profiter d’un jour faste,

Ça n’a été qu’une journée décevante qui n’a pas fait mine de vouloir me combler !

Je me suis couché en tentant de me convaincre que j’allais vers des jours meilleurs

Qu’en échange de deux journées de perdues, vingt autres en seraient transcendées.

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Ce matin, je ne sais pas encore ce qu’il y aura à l’ordre du jour !

Mais peut-être, vais-je pour un temps, devoir me remettre à vivre au jour le jour…

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Le sablier anti-stress

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Ce temps-là ne pourra plus t’échapper

Entre tes mains tu pourras le prendre

Le voir s’écouler s’égarer et s’arrêter

Le prendre, pour mieux le comprendre

Pour t’en offrir plutôt que de le vendre

Et pour t’éviter de continuer à le perdre …

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Mon petit musée (10)

Ma réputation d’enfant modèle (du moins en photo) étant construite, j’avoue ensuite avoir été tenté de monter en gamme et d’accéder au rang plus prestigieux d’enfant gâté.

Je venais de prendre possession de mes nouveaux quartiers dans une grande chambre individuelle. J’y disposais dès lors de tout le volume nécessaire pour me livrer sans restriction aucune, à l’approfondissement de mes multiples inspirations juvéniles.

C’est dans le but d’agencer un recoin encore inoccupé de mon nouvel espace de créativité, que J’ai entrepris de solliciter le père Noël pour qu’il me fournisse, dans ses meilleurs délais, un piano demi-queue en bois précieux. Dans ma longue lettre à son intention, je lui avais fait part des profondes convictions qui me tourmentaient : Qu’il se pourrait fort bien qu’il ne soit pas déçu, s’il décidait d’entrer en matière en ma faveur en contribuant matériellement à l’éclosion de mes plus prometteurs talents de prodige du clavier.

J’étais en mesure d’argumenter que je disposais d’une excellente oreille musicale et que j’avais à ma naissance été gratifié d’une tessiture d’enfant de chœur. Mais j’avais au passage soigneusement évité de lui rappeler mes médiocres résultats au cours de solfège de l’école et ne lui avais pas dévoilé mon sentiment que je ne saurai sans doute jamais lire ni écrire : Que je resterais à jamais un analphabète de la partition de musique.

Le généreux barbu s’était montré compréhensif et n’avait pas tardé à me livrer mon instrument (voir photo). Il avait sans doute lui aussi pu déceler que dans mon cas, le plus tôt serait le mieux. Qu’il fallait éviter de pourfendre dans l’œuf, les prédispositions précoces d’un futur Amadeus du Bontempi…

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Lorsque j’ai commencé à faire des gammes et à improviser quelques cacophonies sur mon orgue électrique, le compositeur, l’interprète et l’auditeur réunis en moi ne tarissaient pas beaucoup d’éloges. Mon magnétophone qui restait à portée de mains pour immortaliser la quintessence de mes arrangements n’était pas mis à contribution aussi fréquemment qu’espéré.

Mon oreille musicale affûtée par exemple, se montrait peu enthousiaste à l’écoute de mes récitals. L’interprète clamait son insatisfaction en s’apercevant de son incapacité à pianoter quoi que ce soit d’à peu près audible du bout de ses dix boudins engourdis. Quant au compositeur trop fougueux, il reprochait à l’interprète de ne pas vouloir au plus vite consentir à fournir plus d’efforts rudimentaires avant d’envisager créer une symphonie ou de sortir le tube de l’année.

Bref, avec cette audition de mélomane, cette impatience créatrice et cette dextérité de mollusque, je n’étais pas près de décrocher mon ticket pour le conservatoire ou de partir en tournée mondiale avec Kraftwerk…

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Je crois que c’est là que j’ai commencé à me considérer moi-même comme un nouvel instrument. Celui dont je ne pourrai évidement jamais me débarrasser par contrariété ou par découragement. Celui dont il serait inévitable de persister à chercher à en déjouer les fausses notes. Que j’apprendrais à composer avec les meilleurs accords possibles entre les différentes facettes de ma personnalité et la variété disponible de mes sens. Que je m’efforcerais à harmoniser cette polyphonie intérieure et trouverais de bons rythmes…

Et dans mon cas de toute évidence, cet équilibre ne pourrait aisément être atteint au synthétiseur ! Alors j’ai repris contact avec l’équipementier de la Nativité avec l’espoir qu’il serait enclin à étendre son soutien au charmeur de claviers.

Et il n’a pas tardé à m’accorder un micro-ordinateur Commodore 64 !

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Un automate à bonbons pour Halloween

Notice d’utilisation de l’automate :

  1. Insère une pièce de monnaie en (1) ( Pour ton information, dès 2020, les sucreries gratuites c’est terminé ! C’est ou tu claques ton argent de poche, ou ça sera toi le produit.) Si tu n’as pas de pièce ou que tu as même pas peur, prends le risque de sacrifier ton index en appuyant sur le bouton de sonnette rouge. Il se trouve tout au fond de la cavité supérieure du monnayeur de l’automate (1).
  2. Sans retirer ta pièce ou ton doigt, tourne la manette rotative (2) dans le sens horaire jusqu’à la butée. Attention ! Ne te trompe pas de sens de rotation dans la manœuvre, auquel cas ton doigt pourrait se voir être croqué par l’automate ou ta pièce avalée d’un seul trait par le trou du dimanche de la machine et il n’y aurait alors plus de distribution de récompense à la clé.
  3. Actionne le bras gauche vers l’avant. On parle ici de celui en (3) de l’automate bien sûr !
  4. Si ton doigt est resté intact, sélectionne les 3 bonbons de ton choix parmi ceux qui défilent, en pressant au bon moment les 3 boutons rouges situés sous les écrans mécaniques en (4). Mais non, pas tous en même temps !!! Cette sélection doit s’opérer sans précipitation, une à une et dans le bon ordre, de gauche à droite. Chaque faux bonbon marqué “perdu” ou “fantôme” qui s’afficherait au-dessus de chaque bouton, sera un bonbon dont tu ne verras pas la couleur. Ouais je sais, c’est cruel, mais on s’en fout, non ? C’est la fête …
  5. Si tu as tout fait juste et que tu as mérité une rétribution, dépêche toi de récolter ton lot de bonbons dans le bac de distribution de l’automate rempli de sucs gastriques situé en (5). Mais attention, si tu devais tarder à les repêcher, c’est l’automate qui se ferait un plaisir de digérer ton butin !

Joyeux Halloween !

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Une campagne dans un Eldorado

Il était une fois, un lointain endroit dont la localisation exacte avait été gardée secrète. Il était situé très à l’écart de toute civilisation humaine et sa principale raison d’être, était de contribuer à la préservation de la biodiversité sur la planète. C’était une grande oasis naturelle, qui avait la particularité… d’être un peu particulière !

Un beau jour, dans ce coin de paradis au décor luxuriant et bucolique, devait se tenir l’élection d’un candidat au poste de conservateur en chef. Un mandat à durée limitée qui était à repourvoir.

Et c’est à cette occasion, que s’étaient réunis les délégués de toutes les espèces vivant dans cet espace de nature protégée. Pour que chacun d’entre eux, puisse approcher les différents candidats qui s’étaient déclarés volontaires et motivés à remplir cette honorable fonction ! Ainsi était aussi offerte aux électeurs, la possibilité de voir ce qu’ils avaient dans le ventre, de se forger une idée précise quant à leurs véritables compétences et d’influencer leur choix en faveur du postulant au profil le plus prometteur et aussi le plus apte à œuvrer pour le bien de tous.

Lors de ce grand rassemblement, on avait notamment pu noter la présence de :

  • l’ours (dont personne n’avait encore osé vendre la peau, sans d’abord imaginer devoir lui passer sur le corps pour cela)
  • du gros poisson (qui, végétarien de naissance, n’en avait encore jamais mangé de plus petit que lui)
  • du bœuf (qui affichait une certaine fierté que personne n’avait encore essayé de le planquer derrière une charrue à la con)
  • de l’hirondelle (qui déclarait ouvertement, au risque de déplaire, qu’en réalité elle avait déjà plusieurs printemps à son actif)
  • de l’âne (qui n’avait encore jamais chié la moindre pièce d’or, mais qui évitait aussi de nous en chier une pendule)  
  • du rat (qui n’avait pas le pied marin et qui de ce fait n’avait encore jamais dû quitter de navire dans la précipitation et qui n’en avait aucunement honte)
  • du chien (qui disait volontiers ne pas être le genre de casse-couille à devoir se manifester au passage de chaque caravane)
  • du chat (qui ne cachait pas de n’avoir jamais été gris, pas même les nuits sans lune)
  • du serpent (qui à l’entendre n’aurait jamais été assez con même bourré comme un sac à main, pour vouloir de se mordre la queue)
  • du corbeau (qui prétendait savoir garder des secrets et se targuait de n’avoir encore jamais envoyé de lettre anonyme)
  • du crocodile (qui n’avait encore jamais laissé couler la moindre larmichette en public)
  • du canard (à qui personne n’avait eu l’idée saugrenue de vouloir ne serait-ce qu’en théorie lui casser une patte)
  • du cochon (qui clamait n’avoir toujours eu qu’une parole et qu’il ne s’en était jamais dédit)
  • du lion (qui se déclarait claustrophobe et qui n’aurait jamais supporté de devoir tourner en rond dans une cage)
  • de la baleine (qui tenait avant tout à être prise au sérieux et voulait faire savoir à tous qu’elle ne riait pas plus que qui que ce soit d’autre)
  • du crapaud (à qui il ne viendrait jamais à l’idée de baver sur une colombe car plutôt branché grenouilles que volatiles)
  • du vieux singe (qui affirmait toujours avoir autre chose à foutre que d’apprendre à faire des grimaces ou à devoir se forcer à maîtriser des bonnes manières)
  • du requin marteau (qui ne s’était jamais intéressé plus que ça à la finance vu que son truc à lui c’était plutôt le bricolage)

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Sur la liste des candidats officiels, il y avait :

  • le bon cheval (sur qui personne n’avait encore misé mais qui se refusait d’abandonner tout espoir)
  • la tortue (qui depuis son improbable victoire contre un lièvre s’obstinait à participer à toutes les compétitions)

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J'avais l'intention plus tard, de compléter cet article, 
en énumérant plus de candidats et par exemple aussi, de 
l'enrichir d'une présence représentative du monde des 
insectes... J'ai attendu pour ce faire, de me sentir excité 
comme un puce ! Mais au lieu de cela, voilà que je me suis 
surpris à bâiller comme une huitre et à rester muet comme 
une carpe...

A deux doigts de la pierre tombale !

Je venais très récemment de voir et de revoir quelques épisodes de Creepshow et des Contes de la Crypte. (Il s’agit de séries de courts-métrages inspirés ou dérivés de grimoires de l’effroi et de bandes dessinées d’épouvante)

Mais à eux seuls, les tourments provoqués alors en moi par cette procession de visions d’horreur agrémentés de voix sépulcrales, n’expliquent pas toute la noirceur de l’encre qui s’est répandue sur cet article basé sur de sinistres mémoires …

C’est dans la foulée, encore transi de frissons glaçants comme une nuit d’automne sans petite laine, que j’en avais profité pour reconsidérer le cadre de ma condition de mortel en sursis. Que je m’étais rappelé l’imprévisibilité d’une faucheuse réputée coutumière des coups de tête et qui serait bien mal inspirée d’anticiper l’heure de notre rendez-vous ! A qui d’ailleurs je refuserais mordicus sans négociation préalable, d’apposer ma signature sur son reçu. En particulier, si l’intention première serait de me retirer de la circulation en un seul et unique épisode !

Je m’étais alors résolu à m’occuper en priorité de certains préparatifs allant dans ce sens. Histoire que le jour venu, il ne puisse pas y avoir un os quelque part. J’étais déterminé à m’offrir une visite préventive à la boutique de mode et d’accessoires macabres. Pour me livrer à un essayage de costumes de fantôme et pour secouer un large choix de modèles de chaines en acier. Sans oublier de faire ensuite un crochet par l’agence de voyages post mortem, pour me laisser conseiller une activité fantomale motivante et pour jeter un coup d’œil à leurs catalogues de destinations funestes et de sites glauques à hanter.

Mais en route pour les quartiers lugubres, voilà qu’un binôme de smombies s’en vient contrecarrer mes plans ! Ceci sans même sacrifier une miette de leurs attentions respectives sur leurs petits écrans tactiles rêveurs ! Oubliant d’orienter une seule orbite de bon sens sur les dangers potentiels de la circulation urbaine ! Voilà qu’à mon approche, ce duo de piétonniers suicidaires surgit d’un pas rapide de derrière l’angle mort d’un autobus à l’arrêt, pour venir se jeter sur la chaussée et dans son trafic, leurs doigts et leurs nez soudés à leurs microcosmes rétroéclairés !

N’ayant jamais encore à ce jour été embauché en qualité de sous-traitant fatal par la moissonneuse à capuche, c’est en grande partie grâce à des disques de freins chauffés au rouge comme des braises de l’enfer que ces deux ectoplasmes kamikazes n’ont pas été ratatinés sous mes roues comme de la compote de pruneaux …

Les mobile-addicts imprudents ont viré au vert pâle en réalisant qu’ils venaient de passer à deux doigts d’une déconnexion brutale et d’une rupture mortifère d’avec tous leurs contacts. Et ils sont devenus transparents, au moment de leur pleine conscience quant à une annulation à la toute dernière seconde d’un rendez-vous prématuré avec la Dame en noir dans leur indifférence au monde réel. Quant à moi, je suis passé à deux doigts de mourir de peur avant qu’un réflexe de survie nous préserve de tout trépas. Si à ce moment-là, j’avais fait partie de leur espèce et que j’avais moi aussi eu mon attention détournée, c’était le carnage !

Alors, c’est blême comme une aspirine que j’ai jugé préférable de retourner me réfugier au fond de ma caverne. Et que j’ai une fois de plus remis à un autre jour, les réservations et l’acquisition des fournitures destinées à optimiser mon futur d’esprit frappeur.

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Commentaires :

Suite à plusieurs échecs consécutifs à de nombreuses tentatives au fil du temps de dessiner un smombie, me voici enfin satisfait ! Dire qu’il a fallu que je passe à deux doigts d’en écraser deux spécimens encore à moitié vivants pour que j’en arrive à mes fins ! Comme quoi dans la vie il ne faut jamais rien lâcher; hormis peut-être son smartphone !

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Je recommande l’excellent film documentaire The Social Dilemma (Derrière nos écrans de fumée) sorti en 2020, qui se base sur des témoignages de personnes ayant participé à la naissance, au financement et à l’élaboration des divers réseaux sociaux avec au départ plein de petits “j’aime” et de “like” dans les yeux et de pognon dans les poches. Avant de devoir en constater les côtés sombres, d’en mesurer les effets pervers et de cracher dans la bonne soupe qui s’est refroidie…

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Le smombie commun

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Vous aviez du courrier !

Ça fait plusieurs années déjà que j’assume pleinement mes prédispositions naturelles à l’exagération en matière d’associations d’idées. Et je pense que pourrait bien être imminente et entière, mon acceptation de l’extravagance de mes associations d’idées ET de lieux.

1er exemple : Je me suis récemment arrêté en passant, dans un très bel endroit où j’avais par le passé eu la chance de vivre quelque chose d’extraordinaire et d’inoubliable. Alors que j’avais jusque-ici exclu d’y remettre les pieds ! Ce bannissement avait pour seul but, de ne pas estomper voire de briser le lien qui pouvait exister entre cet endroit et l’évocation du moment fort que j’y avais vécu.

Une manière aussi pour moi, une nouvelle fois sur place dans des circonstances moins réjouissantes, d’éliminer tout risque de coup de blues nostalgique. D’exclure d’emblée la perspective d’un pèlerinage à grimaces dans un sanctuaire de la boule au ventre. Voilà pour l’endroit.

L’idée ultime alors encore seule associée à ce lieu, était que j’avais fait une rencontre nous ayant conduit à cet endroit splendide pimenté de conditions idéales. Une rencontre que j’avais un peu plus tard finalement perdue sur un modeste score de 1:0 sur autogoal, à quelques minutes du temps additionnel des prolongations accordé en cas d’égalité. Et comme j’avais conscience, qu’on n’obtient pas une victoire à tous les coups de sifflet et n’étant pas mauvais perdant, j’avais préféré ranger ce maillot, que je ne m’étais pas retenu de mouiller avant de m’incliner, dans la vitrine des souvenirs précieux. Parce qu’il ne devait en aucun cas se couvrir de la même poussière que moi, j’avais été mordre…

Si j’ai fini par retourner hanter cette zone interdite, c’est que mes associations d’idées ET de lieux, peuvent au-delà d’un délai raisonnable, se trouver prescrites et entraîner une annulation des pressentiments du 3ème paragraphe…

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2ème exemple, et deuxième lieu de référence de cet article, qui a la particularité de ne pas être un point fixe et définitif sur une carte, mais de déménager aussi souvent que moi. Il s’agit d’un emplacement mobile, qui se débrouille toujours pour ne pas aller s’égarer assez loin de chez moi, puisqu’il s’agit de ma boîte à lettres. Dans le passé, mes rapports au quotidien avec ce réceptacle de tôle s’étaient subitement envenimés. Et depuis, à chacun de mes passages devant sa petite porte, je rechigne à m’en approcher lorsque je ne fais pas carrément mine d’ignorer son existence. Et aujourd’hui encore, je ne lui accorde plus guère d’autre qualité, que celle de savoir retenir en captivité pour une durée indéterminée, mon contingent de contaminations de papier !

L’idée excessive que j’y ai associée, c’est que nos interactions passées n’ont le plus souvent eu pour incidence sur mes journées, que celle de me les gâcher !

Malheureusement, l’association d’idée ET de lieu dont il est question ici, semble avoir été garnie d’un délai de prescription de très longue durée…

On pourra aisément imaginer quelques déconvenues pouvant découler d’une telle inhibition :

Exemple : Supposons qu’une admiratrice romantique se saisisse de sa plus belle plume et m’envoie une déclaration manuscrite enflammée ? Il serait alors fâcheux, qu’au fond de la caissette, n’en reste qu’un petit tas de cendres, le jour de l’imprédictible relève.

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Le réveil de ma boîte à lettres

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Dans l’ombre d’un dernier chapitre

J’ai entre les mains les premiers chapitres d’une histoire, mais je n’en vois pas la fin !

C’est pourtant avec une curiosité sans limites que je me plonge dans ce roman sans fin…

Et à chaque fois que j’arrive à la fin de la dernière page, je la tourne et puis… plus rien !

Alors j’en suis venu à me demander qui de cette histoire aurait pu n’en voler que la fin !

Se peut-il qu’au monde il existe tel aigrefin enclin à commettre ce genre d’odieux larcin ?

Celui qui s’accaparerait un dénouement pour n’en réserver l’usage qu’à ses propres fins ?

Celui qui se moquerait d’infliger à tout autre lecteur que lui de rester sans fin sur sa faim ?

Et si c’était le vilain de l’histoire qui en aurait dérobé la fin pour échapper à son destin ?

Martelant qu’une fiction devrait dépasser toute réalité jusqu’à en convaincre l’écrivain…

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L’escalier sans fin – Montréal
Une histoire inspirée par des faits réels qui n'aboutissaient nulle part...