Griffonner des vers sur de la soie blanche ?
Mais oui ! Aujourd’hui je ne me refuse rien !
Griffonner des vers sur de la soie blanche ?
Mais oui ! Aujourd’hui je ne me refuse rien !
C’est un beau jour pour les adieux d’un poète !
Il en a assez d’aligner des vers et des rimes
Grand temps pour lui de prendre retraite
Il n’alignera plus les moindres mots qui friment.
Ce n’est plus l’heure de se prendre la tête
Sa prose sera désormais réservée, plus intime
Et ses complaintes désordonnées à perpète
Il ne décrira plus jamais de paysage sublime
Dissout dans la foule son vieux talent d’esthète
Un peu comme s’il avait soudain été victime
Du tir en pleine âme d’une arme secrète
Dévalorisant son lyrisme, qui ne vaut plus un centime
Que désormais sa verve se doit de devenir plus discrète
Même si jouer avec les mots n’était jamais un crime
Mais jouer sur les mots que personne ne répète ?
Il les chérissait et les laissait chanter en son estime
Les lançait en ligne hors de son cœur en fête
Sens de la terminaison et consonance richissime
Musique des mots sur rythme endiablé que rien n’arrête
C’est un beau jour pour les adieux d’un jongleur ultime
Une belle journée pour la toute dernière pirouette…
On me dit parfois un peu flâneur et fleur bleue,
Et si je ne m’ouvre plus que pour attraper la lumière…
J’atteindrai encore le plus fin de ton odorat et captiverai tes yeux !
Puis je me fanerai quand s’allongera l’ombre sur la terre,
A quoi bon vouloir tant briller, se flatter, puis finir par passer aux aveux ?
Et confesser ces circonstances où l’on a confondu l’art et la manière !
On me dit parfois un peu flâneur et fleur bleue,
Et si je ne m’ouvre plus que pour boire dans ta rivière…
J’envahirai encore ta salive et bouterai à tes oreilles le feu !
Puis je me défraichirai quand se rependra la pénombre lunaire,
A quoi bon vouloir tant échanger, s’encenser, et finir par quitter les lieux ?
Verser des larmes de rosée pour avoir égaré de nombreux repères !
On me dit parfois un peu flâneur et fleur bleue,
Et si je ne m’ouvre plus que pour déposer un baiser sur ta chair…
J’inonderai encore de ma sueur ton corps généreux !
Puis je me ternirai quand sonnera une trêve dans ce plaisir de plaire,
A quoi bon vouloir tant s’aimer, se glorifier, craindre de finir malheureux ?
Crier dans la nuit pour calmer la morsure d’une douleur partenaire !