Category Archives: Enfantillages (gamineries)

A bonne école !

J’ai été à l’école des imbéciles. Je m’étais majestueusement planté au test d’aptitudes pour être reçu à l’école des prodiges. Les experts m’avaient assuré qu’il ne fallait pas me sentir dévalorisé ni frustré : Qu’il y avait un avenir qui se dessinait pour moi aussi et que le monde des adultes comptait un grand nombre d’imbéciles parfaitement heureux. Je n’ai jamais pu devenir un premier de classe ni un élève modèle. Une relative timidité entravait quelque peu l’expression de ma nigauderie et bridait le développement de mon complexe de supériorité. Il m’a donc fallu rester de nombreuses fois en retenue après les cours pour travailler en particulier sur ce point. Pour rattraper un léger retard sur la norme, j’avais engagé un répétiteur à domicile chargé de m’aguerrir dans mes prédispositions à ne pas faire mes devoirs. Je m’étais aussi assuré les services d’un assistant personnel dans l’imitation de la signature de mes parents dans mon carnet hebdomadaire de mauvaises notes .

Jamais un seul de nos professeurs ne s’était fait porter pâle parce que soudainement tombé en dépression nerveuse. C’était parce que l’Instruction Publique avait renoncé à mettre toute la pression sur leurs épaules en leur fixant des objectifs inatteignables. Nos instituteurs étaient généralement assez rustres et déconneurs et nous laissaient libres d’être aussi studieux et attentifs que possible. Nous profitions quand même un peu de notre présence pour nous instruire, lorsque notre quota de zizanie quotidienne avait pu être semé aux quatre vents.

Nous étudiions assidument l’histoire de la connerie humaine. Une matière chargée d’inspirations pouvant faire référence dans l’exercice de nos futures balourdises. Nous apprenions tout de l’art de faire des mauvais calculs. Nous nous initiions à la pratique de la mauvaise foi. Nous imprégnions des mécanismes subtils de l’hypocrisie. Décortiquions avec soin chaque chapitre du guide spirituel à l’usage du ballot cabochard. Étendions notre savoir-faire entendre notre son de cloche à qui ne voudrait pas l’entendre.

Même pendant la récréation, nous ne perdions pas notre temps à ne pas nous comporter comme des imbéciles. Nous nous y mesurions dans des joutes stupides pour acquérir la maîtrise de mauvaises manières brutales et y affûtions nos habiletés à exercer un chantage sur les plus demeurés.

J’ai terminé ma scolarité obligatoire avec bon niveau d’instruction. Et il me restait encore toute une vie devant moi pour me perfectionner si je devais ambitionner de devenir un grand imbécile réputé et chevronné. La meilleure filière pour obtenir un diplôme postgrade était alors d’étendre et de de consolider en autodidacte le panel d’expériences de ma bêtise sur le terrain. L’Instruction Publique ayant fermé l’université des imbéciles faute d’inscriptions et de crédit, en faveur de la fondation d’une toute nouvelle école des crétins.

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A gauche : Le jeune SunOf pendant un cours de sciences. A droite : Son “cool backpack” trop stylé

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L’équerre de posture à 45 degrés du jeune SunOf

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Le train en provenance de Rome

J’ai récemment pu assembler quelques pièces de plus de mon puzzle historique !

Quand je n’étais encore pas plus haut que trois pommes, nous habitions en ville de Zürich chez mon grand-père maternel. Je ne sais pas si dans sa jeunesse il avait aussi fait partie des Waldstätten, mais en tout cas, on m’avait confirmé qu’il avait bel et bien été garde suisse au Vatican. J’aurais aimé assister à l’un de ses combats à la hallebarde, mais tout ça c’était avant ma naissance. J’étais surtout intrigué par leurs uniformes hauts en couleurs, conçus pour ne passer presque inaperçus, qu’à l’intérieur de ma grande caisse de briques Lego.

Je savais aussi que plus tard, il avait changé de voie et était revenu au pays pour devenir cheminot aux chemins de fer. J’ai pensé que c’était parce que tous les chemins de fer mènent à Rome et donc, permettent aussi un jour d’en revenir…

Un soir, pour des motifs que j’ignore, mon grand-père et moi nous sommes rendus à la gare centrale de la ville. C’était à l’heure de pointe et il y avait foule sur les quais. C’est peut-être parce que j’étais le seul petit nain coincé au milieu de tous ces géants, que j’ai été pris de claustrophobie ou suite à un autre paramètre déclencheur que j’ai oublié : mais j’ai soudain décidé de lui lâcher la main et de lui fausser compagnie ! C’est là qu’il a réalisé qu’il valait mieux être au service de la sécurité du Pape que d’officier dans la garde rapprochée de son fugitif en herbe de petit-fils. Je me rappelle qu’il avait pu me récupérer au service d’accueil des jeunes filles de la gare : Je l’attendais, sagement installé sur les genoux d’une admiratrice prête à signer les papiers d’adoption au cas où mon patriarche ne devait jamais venir se présenter aux objets trouvés. Je présume qu’ils avaient diffusé une annonce dans tous les haut-parleurs de la station pour lui indiquer l’endroit où j’avais trouvé refuge et que ma fugue l’avait rendu furibard !

Quelques années plus tard, c’est lui qui m’avait invité à mon tout premier enterrement. C’était le sien. C’était à une époque où se rendre à des obsèques vêtu de bleu marine pouvait déjà être considéré comme un brin trop provocateur. Mais moi, pour coller un minimum avec le style rock n’roll de la tenue qu’il portait au cours de ses années de garde, j’ai enfilé de longues chaussettes rouge vif sous un pantalon un poil trop court. Il faut dire que pour moi, les chaussettes noires, c’était réservé à la joyeuse bande de troubadours à bananes d’Eddy Mitchell !

La touche excentrique de ma tenue vestimentaire de deuil est restée gravée dans toutes les mémoires présentes ce jour là et elle déclenche aujourd’hui encore quelques hilarités familiales. Mais pour une fois au moins, je n’avais pas pu foutre les boules à mon grand-père ! C’est d’ailleurs peut-être un peu en réaction à cette extravagance que ma mère a décrété qu’il n’y aurait désormais plus jamais d’eau à la cave et m’avait condamné à une longue et lourde peine de pattes d’eph au moment où ça venait de passer de mode à ringard…

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Mon petit musée (10)

Ma réputation d’enfant modèle (du moins en photo) étant construite, j’avoue ensuite avoir été tenté de monter en gamme et d’accéder au rang plus prestigieux d’enfant gâté.

Je venais de prendre possession de mes nouveaux quartiers dans une grande chambre individuelle. J’y disposais dès lors de tout le volume nécessaire pour me livrer sans restriction aucune, à l’approfondissement de mes multiples inspirations juvéniles.

C’est dans le but d’agencer un recoin encore inoccupé de mon nouvel espace de créativité, que J’ai entrepris de solliciter le père Noël pour qu’il me fournisse, dans ses meilleurs délais, un piano demi-queue en bois précieux. Dans ma longue lettre à son intention, je lui avais fait part des profondes convictions qui me tourmentaient : Qu’il se pourrait fort bien qu’il ne soit pas déçu, s’il décidait d’entrer en matière en ma faveur en contribuant matériellement à l’éclosion de mes plus prometteurs talents de prodige du clavier.

J’étais en mesure d’argumenter que je disposais d’une excellente oreille musicale et que j’avais à ma naissance été gratifié d’une tessiture d’enfant de chœur. Mais j’avais au passage soigneusement évité de lui rappeler mes médiocres résultats au cours de solfège de l’école et ne lui avais pas dévoilé mon sentiment que je ne saurai sans doute jamais lire ni écrire : Que je resterais à jamais un analphabète de la partition de musique.

Le généreux barbu s’était montré compréhensif et n’avait pas tardé à me livrer mon instrument (voir photo). Il avait sans doute lui aussi pu déceler que dans mon cas, le plus tôt serait le mieux. Qu’il fallait éviter de pourfendre dans l’œuf, les prédispositions précoces d’un futur Amadeus du Bontempi…

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Lorsque j’ai commencé à faire des gammes et à improviser quelques cacophonies sur mon orgue électrique, le compositeur, l’interprète et l’auditeur réunis en moi ne tarissaient pas beaucoup d’éloges. Mon magnétophone qui restait à portée de mains pour immortaliser la quintessence de mes arrangements n’était pas mis à contribution aussi fréquemment qu’espéré.

Mon oreille musicale affûtée par exemple, se montrait peu enthousiaste à l’écoute de mes récitals. L’interprète clamait son insatisfaction en s’apercevant de son incapacité à pianoter quoi que ce soit d’à peu près audible du bout de ses dix boudins engourdis. Quant au compositeur trop fougueux, il reprochait à l’interprète de ne pas vouloir au plus vite consentir à fournir plus d’efforts rudimentaires avant d’envisager créer une symphonie ou de sortir le tube de l’année.

Bref, avec cette audition de mélomane, cette impatience créatrice et cette dextérité de mollusque, je n’étais pas près de décrocher mon ticket pour le conservatoire ou de partir en tournée mondiale avec Kraftwerk…

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Je crois que c’est là que j’ai commencé à me considérer moi-même comme un nouvel instrument. Celui dont je ne pourrai évidement jamais me débarrasser par contrariété ou par découragement. Celui dont il serait inévitable de persister à chercher à en déjouer les fausses notes. Que j’apprendrais à composer avec les meilleurs accords possibles entre les différentes facettes de ma personnalité et la variété disponible de mes sens. Que je m’efforcerais à harmoniser cette polyphonie intérieure et trouverais de bons rythmes…

Et dans mon cas de toute évidence, cet équilibre ne pourrait aisément être atteint au synthétiseur ! Alors j’ai repris contact avec l’équipementier de la Nativité avec l’espoir qu’il serait enclin à étendre son soutien au charmeur de claviers.

Et il n’a pas tardé à m’accorder un micro-ordinateur Commodore 64 !

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Mon petit musée (9)

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J’ai longtemps cru que c’était par crainte que je ne me transforme un jour en Bossu ou en Ogre, que ma mère me demandait si souvent de corriger l’alignement et la verticalité de ma colonne vertébrale et aussi de manger moins vite, m’assurant que personne n’allait, dans des délais raisonnables, venir me souffler mon repas de l’assiette.

Par contre, elle n’a jamais vraiment du me seriner pour que je marche droit et que je finisse mes légumes !

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No Futur Antérieur !

J’avais fait la rencontre de mon premier Punk dans les pages d’un magazine d’une salle d’attente. Il avait été photographié dans les rues de Londres.

Ma réaction fût d’abord négative. Je m’étais demandé par quel miracle ensuite, un jeune énergumène aussi bizarrement sapé et coiffé au bâton de dynamite et à la gouache aura-t’il un jour encore une chance de se métamorphoser en un citoyen britannique conforme à mon standard de raffinement de référence d’alors qu’était John Steed.

Et puis je suis tombé sur ce slogan : NO  FUTURE ! Il était facile à décrypter pour un francophone pour l’heure encore chaste de toute leçon d’anglais. Sauf que dans ma jeune insouciance continentale, difficile d’en saisir toute l’étendue ! Comment ça, NO FUTURE ? Mais qu’est ce qui cloche avec le futur ? Rien de plus simple, il me semble, que d’assimiler le futur ! A mon avis en tout cas, bien plus que le plus que parfait !

L’autre slogan que j’avais pu lire plus loin était : Le monde est moche, alors soyons moches ! Là, il m’était venu à l’idée que cet extravagant individu avait peut-être juste des goûts de chiotte et que ça ne pouvait que s’arranger.

S’il ne devait plus exister de futur ? Inutile dès lors et au présent, d’encore me rendre sur les bancs de l’école ! Surtout si ce n’est que dans l’unique but de compléter ma collection de mauvaises annotations en matière de discipline dans mon bulletin scolaire ! Pas de futur ? Alors autant sécher les cours de français et de grammaire et je ne sais pas moi : Par exemple, fonder un mouvement de grève que je baptiserais “Fridays for NO Future !”  

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Depuis que j’avais fait cette découverte, c’est avec régularité que j’ai réévalué mon interprétation de cette devise négative et défaitiste et ai volontiers revisité le style qui y est associé. Ce messager à la crête de coq avait-il tort ou raison en brandissant cet inquiétant slogan ? Et s’il était con comme un râteau à gazon et qu’il lâchait ces mots là juste pour faire chier le monde ? Et si il n’avait simplement pas su inventer de code vestimentaire plus élégant pour être bien certain d’attirer l’attention du plus grand nombre et se trouver en position de délivrer efficacement son message d’alerte prémonitoire ?

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< Seriously >

Au moment de rédiger cet article, l’humanité ne savait pas encore exactement comment elle allait se sortir de la crise sanitaire du COVID-19. Il s’agissait d’une pandémie due à un coronavirus. Et la crise était encore d’actualité …

Il y a quelques jours, j’ai regardé une émission thématique qui présentait une série de documentaires sur une chaine de télévision franco-allemande (Arte). Le sujet du dernier film était la résistance progressive et irréversible de bactéries aux différents antibiotiques. Un énorme problème d’ordre mondial là aussi. C’est parce qu’on est assez cons, depuis des dizaines d’années pour donner des antibiotiques destinés aux humains en pâture préventive aux animaux d’élevage, pour des raisons de rendement productif et de rentabilité ! Et cette pratique suicidaire inclut même les antibiotiques de dernier recours ! Ainsi les bactéries ont tout le loisir de se parer des résistances les plus efficaces et un jour viendra, où il n’y aura plus aucun antibiotique sur le marché qui sera assez efficace pour prévenir ou guérir des infections humaines. Les industriels de la pharma qui restent actifs sur le marché des antibiotiques sont en diminution pour des questions d’objectifs de rentabilité. Pour les mêmes raisons, les recherches pour découvrir de nouvelles molécules efficaces se font plus rares. Alors en gros, on en reviendra un jour au stade d’avant l’invention de la pénicilline ! Je vous laisse imaginer le calvaire que pourront vivre nos enfants et nos petits-enfants !

< Finally >

J’espère avoir assez fidèlement, correctement et sérieusement pu résumer l’essentiel de ce documentaire qui était de très grande qualité. J’ai pensé important d’en relayer le signal d’alarme ici. Parce qu’il me semble qu’on a de plus en plus tendance à attendre la catastrophe avant d’y réagir en catastrophe…

Pour ma part, j’en suis ressorti plus blême que le punk du magazine. Ça ne s’est certainement pas arrangé en y additionnant les angoisses des autres alertes qui sont actuellement en rouge. Et naturellement, je trouve son choix de slogan tout à fait approprié  !

J’espère ne pas vous avoir gâché cette journée ! Allez à plus, bande de punks !

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Fuck the system solaire

Mes tous premiers pas d’extraterrestre, je les ai faits sur la lune en compagnie de Tintin le reporter et de son sidekick, le vieux loup de mer barbu. Pour que l’expérience soit la plus complète possible, nous avions choisi de nous y rendre un jour où elle était bien pleine et lumineuse. Notre séjour là-bas n’a pas duré une semaine, parce que sur place, c’était vite un peu la déprime. Il faut dire qu’il n’y avait pas la plus foisonnante des biodiversités, qu’on ne tombait pas en pâmoison devant l’exubérance des styles et des matières et qu’on ne frissonnait pas longtemps devant la richesse de la palette de couleurs. Ce parc d’attractions était vaste, mais il n’y avait pour ainsi dire qu’un seul thème à choix et il y était particulièrement récurrent.  En gros, une fois que t’avais fait le tour d’un cratère ou deux, que t’avais shooté tes selfies, tu te réjouissais de rentrer pour retrouver l’atmosphère reposante de ton bercail. Et puis Milou a été le premier à se plaindre du mal du pays déjà en arrivant, après y avoir vainement cherché un arbre pour se soulager.

Mais comme on dit toujours, ce qui compte avant tout, c’est évidemment la découverte, l’aventure et l’enrichissement…

Un peu plus tard à l’école, lorsque ce fût mon tour de partager mon premier exposé devant la classe, c’est ce voyage lunaire qui m’avait conduit à choisir le thème du système solaire. Ce sujet de thèse pourtant universel, n’avait pas une minute envoyé mes petits camarades sur orbite. Beaucoup semblaient bombardés par des pluies de météorites de somnolence, d’autres cherchaient visiblement un moyen de cintrer la trame de l’espace-temps pour profiter d’un raccourci vers l’heure de la récréation. J’en apercevais certains nourrir l’espoir de voir l’orateur soporifique et son discours barbant, aspirés par le gosier béant d’un trou noir. Même le prof semblait parfois se demander si j’avais vraiment eu les pieds sur terre au moment de choisir de disserter aussi longuement à propos de lointaines géantes gazeuses et de boules de glace exemptes de chocolat et de vanille.

Mais comme on dit toujours, ce qui compte avant tout, c’est évidemment l’échange, le partage, l’enrichissement…

Ça m’a intrigué lorsqu’ils ont envoyé un robot d’exploration à chenillettes sur la planète Mars. « Hé machine, va donc jeter une lentille autofocus sur place. Il se pourrait qu’en fouillant bien, tu y déniches une ou deux gouttes d’eau fossilisées et quelques vestiges de bactéries ». J’observais avec grand intérêt si l’automate visiteur ne souffrirait pas d’un problème de parachute à l’arrivée et comment il allait s’y prendre, une fois égaré dans ce vaste désert rouge et ocre à 99,9%, pour surmonter le choc de l’addition de ses nombreuses déceptions en vivant son rêve de rencontre avec d’accueillants petits hommes verts au détour de chaque caillou poussiéreux. Comment il ne craquerait pas et ne finirait pas par autodétruire ses panneaux solaires à grands coups de bras articulés et de perceuse à substrats rocheux. Comment il ne perdrait pas petit à petit toute sa foi en la fameuse promesse de départ de son chef de mission, celle qu’on enverrait très vite d’autres volontaires kamikazes en renfort pour le décharger et lui tenir compagnie.

Mais comme on dit toujours, ce qui compte avant tout, c’est évidemment la science, la conscience, l’enrichissement…

Mon espace vital actuel se trouve sur la petite planète bleue. C’est la troisième à partir de l’étoile en flammes située au centre du système. Plus précisément dans un petit pays à peu près au milieu du continent européen. Aux infos, ils ont dit que la consommation nationale annuelle de ressources nécessitait 3 planètes. Alors j’ai ressorti de mes tiroirs la documentation de ma thèse pour étudier la question. Pour les deux astres qu’il nous manque, j’ai choisi Jupiter et Saturne. Déjà parce que les anneaux de Saturne, pour moi visuellement, ça en jette, mais à un niveau carrément intergalactique. Mais aussi parce qu’elles sont toutes les deux principalement constituées d’hydrogène et d’hélium. Il parait que l’hydrogène, ça sera le carburant du futur, alors autant porter mon choix sur des planètes qui n’en manqueront pas de sitôt. C’est que les carburants, on y est un peu accros par ici. Et puis l’hélium, c’est toujours utile pour gonfler des ballons festifs et pour faire la voix idiote qui fait rire tout le monde et à tous les coups. Et si un des ces jours on devait passer à une consommation de quatre planètes, on a encore de la marge. Il en restera encore quelques-unes en réserve et ça, déjà rien que dans notre système à nous…

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Quelque part en Nouvelle-Zélande > Source IG/Twitter lola.photo

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Les tartines aux épinards

Dans le catalogue de mes plus lointains souvenirs, mon penchant pour les petits-déjeuners a été scellé lors de mes toutes premières années de scolarité. C’est là que j’ai appris qu’il m’était préférable d’entamer une bonne journée en me rassasiant les sens et l’organisme.

Nous savourions nos tartines dans un silence cérémonial en écoutant attentivement les nouvelles fraîches à la radio. C’était un temps où les gaspillages alimentaires étaient mal vus et où on ne laissait pas moisir une confiture moins appréciée qu’une autre. Alors il n’y avait sur la table qu’un seul pot de confiture à la fois et il fallait qu’il soit terminé avant de trop se réjouir du suivant, ou d’entamer un bocal de mélasse, ou de crever la surface homogène d’une délicieuse gelée de coing. Ou plonger la petite cuiller en imitation-argent dans un pot de miel du terroir et la faire tournoyer jusqu’à la rupture du fil de nectar. Et puis un jour de  vacances à l’étranger, ce fût la découverte de la pâte à tartiner. Celle qui était dotée du super-pouvoir de corrompre à vie n’importe quel petit écureuil. Ce n’était pas celle qui est célèbre de nos jours, mais je me rappelle de l’intense addiction qu’elle avait déclenchée en moi en quelques bouchées. C’est certainement grâce à cette règle éducative stricte de rotation des goûts, des couleurs, des onctuosités et des fruits que j’ai été capable de m’en désaccoutumer et de reprendre le cours d’une existence de gamin à peu près normal…

Également au menu du festin matinal, cette radio qui nous racontait entre-autre qu’untel s’était trouvé empêtré dans une sacrée mélasse, que tel autre s’estimait être en droit de réclamer plus de beurre et d’argent de poche du beurre pour mieux le mettre dans ses épinards, qu’un chenapan récidiviste mentait comme un réparateur de caries alors qu’il avait été à maintes reprises surpris les doigts dans la compote. Qu’un vaurien partait en séjour dans une cabane plutôt qu’en lune de miel sous les tropiques, pour faire une cure de pain sec et eau plate…

Je n’aurais peut-être pas conservé de souvenirs indélébiles de ces petits matins gastronomiques, si en même temps nous n’avions pas aussi joué à pile ou farce. Aux environs de sept heures en semaine, nous nous trouvions alors encore qu’au nombre de deux à table. Et c’est mon paternel qui préparait avec soin et au fur et à mesure la série de tartines. Moi je n’étais encore que spectateur en formation. Peut-être, souhaitait-il secrètement que je puisse rester concentré sur la narration des informations radiophoniques pour que je réalise au plus tôt ce qui pouvait m’attendre, une fois que je serais à mon tour lâché seul dans la jungle, loin de mon meilleur fournisseur et préparateur de tartines.

Il faisait des belles tranches de pain blanc assez épaisses et très régulières : Mais surtout particulièrement équilibrées. Et si on laissait volontiers le quignon aux lève-tard, c’est parce que c’était des tartines volantes ! C’est avec une adresse et une précision impressionnante pour une performance aussi matinale, qu’il me les livrait toutes par vol plané. Atterrissages pile poil au centre du marquage “au sol” qui était virtuellement tracé devant moi. Avec un taux de réussite de tartines qui tombaient sans rebondir du côté non beurré encore jamais égalé par quiconque à ce jour !

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Mon petit musée (8)

Toyota Corona Mark 2 Wagon

Aux alentours de l’an 1980, notre voiture familiale était une Toyota Corona Mk2 wagon. (Année de construction environ 1970)

Dans la famille, il pouvait nous arriver de personnaliser nos véhicules. Mon paternel s’occupait volontiers du tuning peinture et moi, alors trop jeune pour être le détenteur d’un permis de conduire pour automobile légère (mais qui exécutais déjà toutes mes cascades en personne) je me chargeais volontiers des crash-tests

Je vous laisse apprécier le style de cette fière calandre, encadrée par ces deux ailes pointant comme des flèches affutées en soufflerie en direction d’une destination lointaine… Ben… un jour votre narrateur a maladroitement rectifié ce design sophistiqué contre un mur de parking historique. Distance parcourue : un mètre et demi grand max, déformation structurelle du véhicule comprise. Le mur de plus de deux mètres de hauteur qui faisait partie de l’enceinte d’une vieille église et qui en avait vu d’autres, n’a pas bougé d’une brique. Je précise au passage que je n’étais pas et n’avais jamais été au bénéfice d’un accord parental formel pour m’installer à l’avant.

Jusque-là, je m’étais limité à titiller la dangerosité de l’existence en mouvement sur deux roues. Mais j’ai été piqué d’une lubie : Qu’une bagnole, ce n’était finalement rien d’autre qu’une mobylette avec une carrosserie, deux roues et deux vitesses de plus. Que ce serait probablement une expérience grisante de tourner la clé de contact et d’en faire rugir un peu le moteur. Après quelques appuis répétés sur les gaz, j’ai jeté un coup d’œil au levier de vitesse qui m’a paru parfaitement vertical. J’en ai déduit que j’étais au point mort et j’ai retiré mon pied de la pédale d’embrayage…

Le jour du drame, nous étions invités à une réunion familiale. Quand mon tonton, un solide et impressionnant boucher-charcutier au teint hâlé et à la coupe de cheveux en brosse est arrivé sur les lieux de l’accident pour tenter de détordre la tôle froissée avec une barre à mine géante, il m’a lancé un de ces regards noirs à la Lino Ventura en me lâchant sèchement qu’il y avait vraiment de gros pieds au cul qui se perdaient… J’avoue que j’en tremble encore en y repensant…

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Premiers pas

Jusqu’ici je n’avais aucune idée de l’endroit où j’avais bien pu faire mes premiers pas ou alors, peut-être que je n’avais jamais considéré cette information comme suffisamment importante pour continuer d’avancer dans la vie.

Comme cette première fois n’a pas eu lieu sur la lune, cette péripétie n’avait pas été retenue comme un grand bond pour l’humanité. Mais on remarque que j’étais déjà plutôt rapide, car en principe j’aurais du me trouver cadré au centre d’une photo plus nette. Il m’avait également échappé qu’au moment de l’une de mes premières foulées, je sois simultanément en mesure de faire mon premier V de la Victoire sans faire de mauvais pas.

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Un mauvais calcul ?

Comme je l’ai déjà mentionné ici à plusieurs reprises, je me considère en dessin comme un nul en cheveux. Mais ça ne me provoque pas le moindre cheveu blanc ! Ça contribue juste un peu à me faire oublier que depuis toujours, je suis également nul en maths !

Pour les cheveux, je pense qu’au profit de quelques efforts, je pourrai corriger le tir. Par contre, pour les maths, je considère que c’est mort et enterré ! Je resterai nul en maths jusque dans ma tombe. Ils ne doivent pas s’attendre de l’autre côté, à pouvoir compter sur moi pour les aider à faire leur comptabilité !

Plusieurs souvenirs forts douloureux peuvent témoigner de cette défaveur :

  • Le poids des regards croisés et désespérés de mes parents qui tentaient de me donner des cours de rattrapage le soir après l’école. Nourrissant l’espoir de m’aider à trouver la lumière qui relèverait une moyenne désastreuse en arithmétique. J’ai eu beau faire preuve d’engagement pour gonfler ma bosse des chiffres, de jouer des numéros de charme pour séduire mon public de neurones endormis. Résultat ? Une addition de vains efforts. Pourtant j’aurais aimé faire plaisir à mes répétiteurs appliqués, ne serait-ce que pour les récompenser pour leur sacrifice : Se dévouer à ce point pour résoudre des “problèmes” à un âge ou en principe on ne serait plus obligé, pour moi ce n’était pas rien !
  • Un tableau noir recouvert de formules écrites à la craie par notre professeur d’électronique au cours de ma formation. Je n’en comprenais absolument aucune ! Je trouvais qu’il s’agissait simplement d’un ensemble de jolis dessins avec un rendu agréablement esthétique. Et pour m’enfoncer un peu plus dans mon abîme de consternation, le collègue et génie voisin aux verres de lunettes épais qui interpelle le prof pour lui signaler qu’il avait commis quelques erreurs ici et là au tableau …

Mes résultats scolaires à l’écrit et en rédaction étaient nettement plus réjouissants. C’est pourquoi j’ai naturellement opté pour développer des théories si possible bien formulées, en me servant de mots plutôt que de chiffres, de lettres grecques, de barres de fraction et de racines cubiques…

Par la suite, le destin a trouvé une astuce imparable pour me rassurer quant à ce “choix” lorsqu’il a inventé les machines à calculer et les ordinateurs sur lesquels on peut toujours compter: A quoi bon dès lors chercher encore à me triturer des méninges handicapées en tentant de résoudre des équations ?

Je pense encore que mon meilleur souvenir en maths était la preuve par 9. Il s’agissait d’une technique “ultra-mystérieuse” pour valider le résultat erroné de mes mauvais calculs. Même si le 9 n’est pas pour autant devenu mon chiffre préféré, la découverte de cette méthode a déclenché une sorte d’éclair révélateur à l’intérieur de ma boîte crânienne. Mes géniteurs avaient parfaitement raison : Il y avait donc bel et bien une lumière au bout du tunnel !

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Voilà ça c’est fait ! Et si un jour vous me rencontrez, ne me demandez simplement jamais “combien ça fait ?” …

J’ai pensé à une suite logique à cet article… A suivre …

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Make Halloween Great Again !

Gniiiii hihihi … ghiiiii….

Voici donc ma traditionnelle création de halloween pour l’édition 2019. Vous n’êtes évidement pas du tout contraint de la liker juste pour me faire plaisir.

C’est une fête qui me paraît intéressante parce que tout un chacun peut se déguiser en sculpteur ! Et cet art trooop-méga-mooortel peut être exercé à peu de frais dans une simple cuisine. Et exceptionnellement, durant cette période là, il ne sera formulé de reproches à quiconque pour avoir joué avec de la nourriture ..

Vous le saviez peut-être déjà, mais je me considère encore et toujours comme nul en cheveux en dessin. C’est pourquoi je ne saurais résister à la moindre occasion de m’offrir une autre tentative de perfectionnement.

Et voyez vous-même : On peut inspirer de grosses frayeurs aux gens, même si on est blond et bien coiffé !

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Les liens vers les années précédentes ici :

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Dis, tu me prêtes ta cachette ?

Lorsque je me m’étais trouvé pour la toute première fois dans ta rue, s’y trouvaient quelques enfants qui jouaient à cache-cache. L’un d’entre eux, s’était planqué juste à côté de ton automobile garée devant ta maison. Me voyant m’approcher de lui, le gamin accroupi s’était soudain redressé. En réagissant ainsi, il avait failli trahir sa position à la vigilance du chercheur de la partie. Celui-ci ne se trouvait pas très loin de nous.

Et le p’tit gars de chuchoter à mon intention :

– « Nous ne faisons que jouer à cache-cache !?! »

Probablement qu’il avait du me prendre pour un habitant de ta résidence susceptible de le chasser de sa planque. Pour le rassurer, un index barrant mes lèvres, je lui ai répondu :

-« Mais oui, aucun problème, cache toi bien ! Tu sais, la propriétaire de ta cachette apprécie beaucoup elle-aussi de jouer à ces jeux-là ! Elle ne t’en voudrait certainement pas si elle devait en personne te surprendre, dissimulé à cet endroit. D’ailleurs j’apprécie moi aussi parfois encore de pouvoir me mettre à l’abri des regards. Et justement, je participe en ce moment à une partie de cache-cache avec elle ! C’est la raison de ma présence aujourd’hui. Notre partie a débuté depuis quelques temps déjà…

Le garçon désormais plus intéressé par notre échange que par son invisibilité, se renseigne alors pour savoir si j’avais été désigné chercheur de la partie à laquelle j’avais pris part.

-« Dans notre version très particulière de ce jeu, on se cache et on se cherche tous les deux, un peu à tour de rôle. Nul besoin en tant que chercheur de se tourner le nez vers un mur ou un tronc d’arbre, de se masquer les yeux en comptant à voix haute jusqu’à cent ! Et il n’y a pas de limitation territoriale. On peut se cacher partout et à tout moment et parfois en même temps. Hier par exemple, j’ai cherché et trouvé son adresse. Alors aujourd’hui je suis venu à l’improviste ici sur place . Mais il n’est pas certain qu’elle se cache à son domicile : Il se pourrait, me sachant sur sa piste, qu’elle se soit déjà éclipsée pour aller se cacher à l’autre bout du monde…

C’est à ce moment-là que mon jeune interlocuteur s’est fait surprendre et que je m’en suis senti quelque peu responsable. Le chercheur s’était approché sans se faire remarquer.

Alors je me suis arrangé avec le galopin pour qu’il me cède un instant sa cachette. Elle était idéalement située pour inspecter les environs et observer les allées et venues dans ce quartier qui m’était encore inconnu. Je m’y suis installé à l’affût, espérant que tu pourrais sortir de ton repaire et prendrais le risque de te laisser surprendre…

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SpongeBoob à la manif

Aujourd’hui j’ai le plaisir de vous présenter SpongeBoob ( Boube l’éponge , en français )

C’est l’une des deux cousines jumelles du célèbre Bob. (Mais à ne pas confondre avec l’une des sœurs Boob les bricoleuses avec qui elle n’a aucun lien de parenté)

Il s’agit d’une fervente militante de la cause boob et on la voit ici, marcher lors d’une manifestation pour réclamer avec fermeté, le droit et la liberté de pouvoir se gorger d’eau et de se baigner “topless” dans les plans d’eau publics, si d’aventure elles le souhaitent. En même temps, elles réclament également le droit et la liberté de pouvoir allaiter un nourrisson au sein dans des endroits publics, même si comme ça, de prime abord, ça a l’air trop demandé.

Si vous ne pouvez pas voir l’image ci-dessus sur votre ordinateur, essayez de désactiver votre filtre parental. Il se pourrait fort bien qu’une AI ( Artificieuse Intelligence ) ait automatiquement détecté une alerte “tét*n” et que selon la règle en vigueur du « cachez moi vite ce tét*n que l’on ne saurait voir » vous aura préventivement mis à l’abri d’un choc visuel dont vous auriez pu avoir eu de la peine à vous remettre !

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Blague à part, il s’agit là à la base d’une réponse ciblée à un private joke et je ne sais pas si cette lamentable parodie pourra être tolérée par les autorités bien pensantes et classée sans trop de véhémentes oppositions dans la catégorie FanArt

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Cinquième et sixième étape

Il semblerait que ce soit cool d’avoir vingt ans ! Moi je n’en sais rien parce que j’en ai encore que quatorze. Papy lui, il les a déjà fêtés quatre fois, ses vingt ans !!! Je crois qu’on peut en conclure qu’il connait très bien le sujet ! Et je confirme que Papy, il est quadruple fois cool !

Papy à chaque fois qu’il fête un multiple supplémentaire de ses vingt ans, il accepte de supprimer une partie des données de sa mémoire : Il fait le ménage ! Il libère de l’espace dans sa tête pour de nouvelles expériences. Du coup forcément, il ne peut pas toujours se rappeler de tout. D’ailleurs Papy affirme que ça l’arrange bien d’effacer des souvenirs qui pourraient inutilement l’embarrasser. Il dit que c’est même un privilège qu’il a eu la chance d’acquérir « sur le tard » ! Il appelle ça, la faculté d’oubli

Papy déclare qu’au pire, s’il devait oublier des choses vraiment importantes, il y a Mamy qui prendrait le relais ! Papy m’a confié que Mamy a été dotée d’une mémoire en béton, un peu calquée sur le modèle de celle des éléphants. Elle n’oublie jamais rien et elle ne se trompe pas souvent, ce qui ne serait toutefois pas toujours idéal pour arranger ses bidons.

Un jour Mamy m’avait chuchoté à l’oreille : « Tu sais mon petit, Papy perd un peu la mémoire. Parfois, lorsque je l’envoyais à la cave pour chercher à manger et à boire dans la réserve, Il avait tout oublié de l’objectif de sa mission à son arrivée en bas de l’escalier. Et il remontait les mains vides et la mine renfrognée. Depuis, c’est pour lui éviter des voyages inutiles que je lui écris des « listes de courses ! »

Papy il a quatre-vingts ans et il est toujours partant pour faire des courses ! Récemment, il m’a confié que ce fût déjà une très longue route et que ça a filé de plus en plus vite. Qu’il vaut mieux ne pas trop le répéter à Mamy, mais que parfois il lui arrive de se sentir un peu en bout de course. Moi pour l’encourager, je lui ai proposé qu’à partir de l’année prochaine, pour dépasser les quatre-vingts et s’offrir une pointe à cent-vingt, il devrait envisager d’aller faire ses courses sur l’autoroute…

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Papy au volant au cours de la cinquième étape

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Une petite histoire brodée autour d'une anecdote 
garantie d'authenticité : La "note interne" pour 
descendre à la cave...

Histoires de trotte

Illustration source Wikipedia

Ce matin, j’étais attablé au café à côté de la grande vitrine et je lisais le journal. C’est en jetant un coup d’œil dans la rue que j’ai vu passer un jeune couple tout sourires sur leurs trottinettes électriques. L’homme fonçait à vive allure, perché les deux pieds sur la planche de son engin et la femme le suivait à une dizaine de mètres, se propulsant sans assistance par de grandes poussées de pied au sol.

J’ai d’abord pensé que madame connaissait peut-être une avarie de batterie et que monsieur n’avait pas eu la courtoisie de proposer un échange de véhicules. Puis je les ai imaginés en pleine compétition, monsieur pensant pouvoir gagner la course en profitant d’une échappée, et que madame comptait probablement sur une victoire stratégique basée sur une meilleure gestion de sa réserve d’énergie : Que monsieur se ferait inévitablement doubler la grimace aux lèvres et la batterie à plat, plus loin dans l’étape de l’ascension du grand raidillon …

Ce sont ensuite mes nombreux souvenirs de trottinette qui me sont revenus à l’esprit. Mes parents m’en avaient offert une quand j’étais gamin. Elle était bleue, avait de grandes roues à pneus gonflés à l’hélium. Et comme l’électricité n’avait à ma connaissance pas encore été inventée, le moteur c’était moi.

Je n’ai pas tardé à inventer le « trottocross » puis à me faire sermonner par le commissaire de course paternel parce que j’avais réussi à fracasser le châssis (sous-dimensionné) de ma machine à la réception d’un numéro de voltige. Heureusement, ce commissaire était également au bénéfice de compétences de pro dans le maniement du chalumeau. D’ailleurs la réparation a renforcé la structure de l’engin et a tenu tout le restant de la saison.

C’est peut-être là l’une des raisons pour laquelle un filou jaloux s’est permis de me la voler ! Je crois me souvenir que c’est là, que j’ai eu à subir ma première déprime existentielle. Que j’ai pris conscience qu’il existait, dans ce monde qui me semblait alors encore parfait, des monstres sans vergogne capables de concasser un palpitant de gosse de famille modeste en le privant de son rêve de mobilité !

C’est dans le but que je puisse continuer de croire en l’existence des miracles et éventuellement aussi à celle du père Nöel, que les membres de l’écurie familiale se sont cotisés pour m’offrir un modèle identique, mais de couleur rouge ! Et pour décourager d’éventuels serial-aigrefins, mon ingénieur-mécano-commissaire a gravé en grandes lettres mon patronyme et mon groupe et rhésus sanguin le long de la fourche. Et moi, j’ai retrouvé toute la largeur de mon sourire en allant sauter quelques trottoirs…

Un dessin de mémoire de la SunMobile II

Quelques années plus tard, notre famille a quitté la ville pour la campagne. Nous nous sommes installés dans un village un peu encaissé au fond d’un vallon. De chaque côté s’imposait une montagne boisée culminant à une altitude moyenne de 400 mètres au-dessus du niveau de la rivière. Je ne possédais plus de trottinette. ( Je n’ai gardé aucun souvenir de ce qu’elle a bien pu devenir). Elles étaient un peu passées de mode et je crois que lorgnais plutôt sur l’éventualité de conduire une caisse-à-savon ou de maîtriser une planche à roulettes.

Un ami d’enfance lui, en possédait encore une. Et un après-midi, entre deux averses, nous avons entrepris de gravir la montagne à pied par la route goudronnée.

C’était une route très peu fréquentée. En-haut ne se trouvaient presque que des fermes isolées au milieu de leurs vastes domaines. C’est juste avant d’attaquer la descente, à deux sur la trottinette de mon pote que j’ai réalisé que c’était un modèle « allégé » et qu’elle n’était équipée ni de freins, ni d’airbags ni même de garde-boues. Pour espérer une décélération efficace, Il fallait freiner directement à la semelle sur le pneu de la roue arrière, ce que dans un premier temps j’ai fait, jusqu’à ce qu’une forte odeur de caoutchouc brûlé ne vienne nous alerter d’un problème technique. Je venais de sacrifier mes bottes de pluie sur l’autel de notre sécurité. J’allais encore devoir argumenter de la manière la plus persuasive possible en rentrant au bercail. Et ce n’est pas faute d’avoir au départ tenté d’improviser un système de freinage avec des bouts de bois. La pente était souvent assez raide ! Nous nous sentions comme deux cascadeurs. Nos trajectoires étaient optimales. Nous penchions dans chaque courbe pour aller tutoyer les limites de l’adhérence des pneumatiques du bolide sur l’asphalte. Mais, notre vitesse de croisière nous a vite parue un peu excessive !

Plus loin, nous avons dû changer de stratégie de course. De passager-freineur j’ai été promu navigateur-copilote. Pour dévaler le tronçon suivant, je me suis accroupi à l’avant de la planche devant les tibias du pilote . D’un commun accord, (in)conscients que le risque zéro n’existe pas, nous avions convenu avant le top départ, que si nous ne croisions pas d’automobile surprise, nous pourrions réduire au strict minimum le nombre de freinages nécessaires et qu’en arrivant à l’entrée du village, nous utiliserions une longue rampe d’accès à un garage pour nous assurer d’une rapide décélération conduisant à notre immobilisation. Et notre prévision s’est avérée correcte : Pas le moindre véhicule en contre-sens à déplorer et pas le moindre coup de frein consenti ! C’est notre goût du risque qui nous a rattrapé : Cent mètres avant d’accéder à la fameuse rampe de décélération, dans le dernier virage à visibilité réduite, je me rappelle avoir marmonné une phrase à trouille qui a instantanément disloqué notre esprit d’équipage et sous mon regard médusé, j’ai vu le pilote sauter en marche, pour s’en aller tournoyer dans les airs en ricochant à plusieurs reprises sur le bitume. Quant à moi, agrippé et accroupi sur un véhicule désormais totalement hors de tout contrôle, je m’en suis allé terminer ma course contre la clôture d’un poulailler.

Bilan : Botte fondue mise à part, je m’en suis bien tiré, presque sans bobo. Le pilote et acrobate qui s’était éjecté lui, avait quand même bien morflé, mais il a pu rentrer aux stands par ses propres moyens. Durant des années, nous avons beaucoup ri du souvenir de cette aventure de pure folie. Ce fût une expérience précoce du danger qui nous a peut-être sauvé de manière préventive d’un futur drame . Toutefois je regrette aujourd’hui encore d’avoir manifesté cet instant de panique ! Car nous n’avons pas pu aller au bout du projet tel qu’il avait été conçu et avons du renoncer à un final de toute beauté : aller réduire de manière naturelle et grisante, notre excès de vitesse sur la super rampe idéale de rêve !

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Quelques mois plus tard, lorsque je suis devenu l’heureux propriétaire d’une planche à roulettes, c’est sur la même route maudite que j’en ai perdu la maîtrise et à mon tour, ai du sauter en marche à pleine vitesse !

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